Je continue, persiste et signe sur les sujets polémiques. Je sais que cela vous fouette, Joëlle, ne le niez pas, si je vous parlais des réglementations de la pêche hauturière ou du labrador d’Emmanuel, vous cliqueriez direct sur la croix.
Aujourd’hui, en effet, chère Joëlle, je compte m’attaquer au sujet du prêt ou de la location ou de la mise à disposition ou du don, sinon de la vente parfois franchement pas donnée putain de merde, bref, de l’acceptation de voir autrui utiliser votre propre ventre à ses fins personnelles, qui toutes ont cependant pour objectif la reproduction, de même personnelle.
- Clique sur la croix, Germaine, encore un truc sur #Porc!balancetatruie !
Je compte m’intéresser à ce jour à la GPA, à savoir la Gestion Pour Autrui et non de la truie comme j’ai pu entendre il y a peu (ci-dessus) mais c’était dans le cadre de la protection des cochonnes ahahahahah.
En effet, une tribune est encore tombée mais pas sur un terrain de foot puisque c’était dans Le Monde en date du 19 janvier.
- Mimi, tu baisses, prends tes hormones…
En effet, des personnes pour le moins diverses puisqu’on y compte un sociologue (un soixante-huitard dont je connaissais la fille au temps de nos études), un obstétricien, papa de la FIV française (le docteur Frydman, dont une amie d’enfance perdue de vue a épousé le fils aîné), une philosophe (dont je ne connais ni la fille ni le père si ce n’est que le mari est cet homme politique qui doit désormais s’adonner à la pêche aux moules sur l’île de Ré) et d’autres que je ne vais pas vous citer ici. Je vous précise juste que non, il n’y a pas Deneuve, personne y va tirer la couverture des injures à lui ou à elle.
- Celle-là, dès qu’elle peut placer qu’elle ne connait pas quelqu’un hein…
L’idée y était de se prononcer contre l’exploitation de la personne humaine, c’est à dire celle à qui le ventre prêté (ou loué ou…) appartient. Il y est question d’esclavage (« depuis l’abolition de l’esclavage, nul ne peut exercer sur une personne humaine les attributs du droit de propriété. »), bien que la personne soit dans plus de 99% des cas consentante.
- Quel degré de consentement tu as quand tu vis à Bombay avec tes 22 enfants, ton mari unijambiste au chômage, et ta belle-mère lépreuse hein ?!
Le fil rouge de cet article est de dire que l’enfant n’est pas une marchandise comme les autres puisque ce n’est surtout pas une marchandise, justement. De même, la femme n’en est pas une, que l’on transforme pourtant en tant que telle en lui exploitant le ventre.
Pour donner un enfant clé en mains à un couple de clients, la femme loue en effet son ventre, et comme les signataires de la tribune le rappellent (du moins le RPA, Rédacteur Pour Autrui), le couple de gamètes qu’on lui installe à l’intérieur et sur lequel on lui dénie toute propriété, est plus qu’un couple de gamètes et moins qu’un enfant, si une mère ne le porte pas.
C’est donc à elle que devrait revenir ces gamètes puisque c’est elle qui leur a permis de devenir ça, un bébé… en cas où, elle le réclamerait, ce paquet de gamètes.
Sauf que la plupart d’entre elles ne les réclame pas.
Je me souviens avoir entendu une partisante (et mère porteuse ?) de la GPA dire que c’est un peu comme si votre voisine venait sonner chez vous, son gâteau non cuit sur les bras car son four est en panne, et que vous lui prêtiez le vôtre de four pour cuire son gâteau.
- Enfin, Mimi, un enfant n’est pas un gâteau !
- T’imagine si elle lui en propose une part, à la voisine, en fin de cuisson ? Bonjour l’horreur !
A la base, il y a le désir d’enfant. Universel et puissant. Nul ne le niera. Tout désir doit-il être absolument satisfait ?
- Bien sûr que non, enfin, le principe de frustration vous en avez-déjà entendu parler ?
- Moi quand je veux un vison, je me l’achète, quand je veux un enfant, je me l’achète aussi !
En même temps, le désir d’enfant est-il un désir comme un autre, genre un désir irrépressible de vison ou du dernier SUV ? N’est-ce pas quelque chose qui peut frôler l’existentiel ? Quelque chose de vital. Quelque chose dont votre vie ne peut se passer (pour certains bien sûr) ?
Et si tel est le cas, tous les coups sont-ils pour autant permis ? Parmi ces coups, la GPA tirée sans un coup justement est-elle recevable ?
- Mimi, tu me désespères…
Je sais mais c’est fou comment de nos jours on en arrive à parler de reproduction sans jamais parler de sexe.
Les personnes opposées à ce mode de reproduction le sont pour des raisons a priori recevables. Ne le nions pas. Il faut en passer par l’utilisation d’une personne humaine qui, souvent, n’est ni PDG, ni rentière. On demande à cette femme de passer 9 mois à travailler jour et nuit pour nous. Et une fois les 9 mois écoulés, on lui prend le mioche et on se tire !
Toutefois, moi qui ai porté deux enfants, il me semble pouvoir déclarer que c’est un travail moins fatigant, à mon sens, que de travailler 12 heures par jour dans une usine textile en Inde ou dans une mine de diamants en Afrique (où je ne crois pas avoir entendu parler d’entreprises de mères porteuses). Mais cela n’engage que moi, peut-être certaines femmes ont trouvé plus laborieux d’avoir 5 kilos au ventre que de ramper sous les ruines de leur usine textile effondrée.
C’est leur droit le plus souverain. Même asservies, même exploitées par Htahaine ou Grappe.
Car c’est bien ce lien d’asservissement économique qui les turlupine, les signataires. A lier à celui de la propriété puisque l’on confie ses gamètes avec interdiction de les garder pour soi, une fois transformées en bébé alors que, ainsi qu’écrit plus haut, sans cette femme, les gamètes peuvent se brosser pour devenir quelque chose. En l’occurrence, quelqu’un.
- Oui mais si couver c’est aider, garder c’est voler !
Par ailleurs, si certains assimilent ça à de l’esclavage, d’autres l’assimilent à de la prostitution.
- Ah du sexe, quand même !
Pour ma part, je ne vois pas ce que vient faire la prostitution là-dedans. Qu’il y ait exploitation économique, peut-être, mais je ne trouve pas que le moi intime de la personne soit pénétré. Si je puis dire.
Comme toute mammifère que la vie a gâtée en lui permettant d’avoir ses enfants normalement et sans souffrance, j’étais plutôt contre, la GPA, ne serait-ce que parce qu’un lien fort existe entre la mère et le bébé intra utéro. Je me rappelle encore du pied du Zébu balancé sur le tendon de mon aine ou des pirouettes de ma Zouflette de préférence à l’aube.
Nous étions, et physiquement, et psychologiquement liés.
Seulement alors, quid des enfants de l’adoption ? Sont-ils foutus parce que ce n’est pas le ventre qui les a portés qui les élève ?
- Regardez Fleur Pellerin, vous trouvez qu’elle a l’air normal ?
Il ne viendrait à l’esprit de personne de dire que l’adoption est une bien mauvaise chose car le bébé n’a pas été élevé par celle avec qui, en son sein, il a noué une relation faite à la fois de survie biologique et de communication orale et sensuelle. Surtout dans le cadre des grossesses adolescentes ou non souhaitées, surtout en cas de viol.
- Chéri, tu peux appuyer sur la croix ? Je sens que ça va encore parler de cul…
J’étais donc contre, enfin plutôt contre, quand j’ai entendu à la radio un obstétricien dire qu’il était au départ contre, vraiment contre, mais qu’au fil des rencontres de couples ayant eu recours à la GPA, son opinion a changé au point qu’il s’est lui-même proposé de porter des enfants, une paire de jumelles en parfaite santé.
Mais non, là je plaisante, c’est juste pour m’assurer que vous suivez Joëlle.
De toute façon, qu’il y a-t-il de commun entre être sifflée dans la rue et un viol dans une impasse ?
- Chéri, appuie VRAIMENT sur la CROIX !
Permettez-moi cette analogie un poil acrobatique avec le thème de la semaine dernière pour aborder la question. Après « d’où tu parles, camarade », voici le « d’où tu portes camarade » ?
De fait, qu’il y a-t-il ainsi de commun entre un couple s’en allant en Inde, passer contrat avec une femme qu’ils ne rencontreront jamais ou juste pour s’assurer qu’elle déconne pas avec leurs gamètes en faisant du saut en parachute ou en mangeant trop de curry, femme qu’ils paieront en petites coupures de roupies sans même lui demander si son épisio va mieux, et la laisseront se démerder avec le bébé si ce con s’avère trisomique ou trop gros.
- En même temps, faut se mettre à leur place, tu ne payes pas pour t’emmerder la vie ensuite…
Qu’il y a-t-il donc de commun entre ce type de couple-là, et celui qui, comme cela se fait aux USA, prend contact avec une femme qui fait partie des quelque 5% de femmes sélectionnées sur des critères précis, une grosse dette à effacer, une situation de nullipare ou une autre de deuil infantile étant exclus des critères recevables, femme qu’ils ont choisie et qui les a choisis… et qui ne peut décemment faire cela pour de l’argent vu que la somme proposée ne sert à payer que les avocats et ses menus frais (épilation, crème anti-vergetures, légumes frais…) ?
- C’est les avocats qui ramassent le pactole ?
- Ouais, faut border à mort pour pas que cette conne se tire avec le môme…
Je sais que vous avez perdu le début de la question, Joëlle, retenez juste que, comme dans le cas du harcèlement sexuel, cela dépend aussi, peut-être, sans doute, de l’art et la manière, du niveau et de la nuance.
On ne peut pas mettre sur le même plan une GPA faite de façon franchement ultra-libérale et mercantile, dégueulasse et limite inhumaine, et une autre faite dans les règles passées entre 3 individus tous sains d’esprit et nullement manipulés.
Ainsi, pour pousser le bouchon (de mucus) plus loin, je me demande ce que pensent ces signataires de ces femmes qui portent parfois pour leur sœur, l’enfant de celle-ci, ou plutôt les gamètes de celle-ci et de son conjoint pour cause de malformation utérine congénitale ? Pour le coup, seul l’amour sororale me semble motiver un tel acte… à moins qu’on ne se fasse un délire à la Chabrol ou Desplechin avec une histoire de famille bien tordue, genre Psychose dans les berceaux ou Perversions dans les tubes à essais.
Aussi, en ces cas de figure-là archi précis, archi gratuit et archi affectif, seraient-ils tous aussi contre ?
- Oui, Madame, car jamais ma sœur n’aurait fait ça pour moi !
- D’ailleurs, je n’ai pas de sœur, ahahahahaha !
Je vous l’accorde, Joëlle, ce qui donne le vertige avec la GPA, c’est le nombre de combinaisons possibles avec cet aspect fric qui, il est vrai, ne gêne pas plus les Américains que d’avoir à leur tête un dément issu d’une reproduction sur le mode du missionnaire.
Ton gamète, mon Arthur, et le mien, Lola… son ovule, à Patricia, notre sœur et belle-sœur, et ton gamète, mon Rodrigues d’amour… ou bien encore l’ovule de la clinique tchèque et le tien, de gamète, mon Gérard… et puis sinon, l’inverse, le spermatozoïde de la banque anglaise et mon ovule à moi, Brigitte… le tout bien ménagé qui nous fait un embryon porté par Indira, Jessica ou Marie-Chantal.
- Merde chef, j’ai mis l’ovule avec l’ovule, et le spermatozoïde avec le têtard de rat…
Comme pour les probas en terminale C, Joëlle, je suis perdue. Heureusement, ce n’est ni à moi de statuer pour ou contre la GPA, ni à moi de mélanger les gamètes.
Par ailleurs, les parents qui sont passés par la GPA, se retrouvent avec des enfants sans existence juridique en France puisque conçus à l’étranger avec une méthode de reproduction interdite en France. Ils les appellent les « enfants fantômes », comme on pourrait dire les « étrangers fantômes » pour parler des clandestins sans papiers qui, par ailleurs, arrivent souvent en France nantis d’enfants, nés en bonne et due forme mais tout aussi fantômes qu’eux puisque sans papiers.
Il faudrait donc les légaliser, ces enfants fantômes, comme le cannabis et les réfugiés politiques, autant dire, reconnaître la GPA sans la reconnaître franchement.
- Un petit joint et la GPA s’advient !
Les signataires de la tribune estiment que c’est un faux problème, ces enfants ayant des papiers, certes étrangers, ils sont même souvent titulaires d’un certificat de nationalité française si un de leurs parents est français. Alors circulez, exit la question de l’existence juridique! La GPA, elle ne passera pas!
Sauf qu’étant donné qu’on dénie à leurs parents tout lien de filiation, je vois mal l’administration française, certes internationalement connue pour son côté laxiste et ultra coulant, le leur donner.
- Laissez passer les p’tits papiers, laissez passer les…
Parvenue à ce point, je vais biaiser. Je sais Joëlle que vous vous demandez vers quoi mon cœur balance. Eh bien, il balance en effet et pas forcément rationnellement.
J’ai des amies autour de moi qui ont peiné et peinent pour avoir des enfants. Je connais aussi un ramassis de connes qui font des gosses comme on pète et qui apparaissent comme moins criminelles que celles qui auront fait porter leur enfant et qui l’élèvent comme n’importe quelle bonne mère.
Avec amour, exaspération et tout plein d’erreurs et de culpabilité à se tromper.
J’ai une amie qui n’aura peut-être jamais d’enfant. Les FIV tentées ne fonctionnement pas. Elle se refuse et au don d’ovocyte (elle est quasi stérile) et au don de sperme (son conjoint n’est pas non plus très au point de ce côté-là), et à l’adoption (elle ne se sent pas de taille)… et à la GPA.
Elle n’est ni pour ni contre, simplement, elle ne veut pas un enfant à ce prix-là.
C’est son choix, et j’incline à penser que qu’il ne regarde qu’elle et son conjoint, et je ne me sens aucunement le droit de le questionner avec empathie ou paire de claques.
Si cette amie, au bord des larmes, m’avait annoncé :
- Avec Bébert, c’est décidé, nous allons recourir à une GPA !
Je me serais sentie bien mal élevée de lui dire combien c’était vilain d’aller piquer le ventre d’une autre femme. Elle m’aurait d’ailleurs sans doute lancé, au moins in peto :
- Ah c’est facile pour toi qui as eu des enfants sans problème !
J’aurais sans doute rougi et plongé dans mon portefeuille pour lui donner une petite pièce afin de participer à #maGPAcollecte.com.
Et si elle avait ajouté :
- Nous allons en Inde, une ex-travailleuse du textile nous attend ! C’est 16255,22 euros le port de neuf mois TTC !
Là, j’aurais tiqué.
Même si, admettons que cette histoire de blancs et noirs, de riches et pauvres, est bien piégeuse. On interdit aux femmes du tiers monde de porter les enfants des blancs car c’est l’Occident exploitant Economiquement l’Orient. Ce faisant, on dénie le droit à ces mêmes femmes d’être des individus libres qui, à égalité avec nous, pourraient très bien décider de louer leur ventre à un blanc ou à un jaune.
Mais bon, oui, j’aurais tiqué. Copine ok, stérile ok, FIV, super, GPA ah, Inde, merde alors.
Pour bien biaiser, j’aimerais qu’on ait assez de recul, genre 20 ans, pour demander aux enfants issus de la GPA ce qu’ils en pensent. Après tout, ce sont les premiers intéressés non ? Chercheront-ils à retrouver leur ventre primaire comme les enfants nés de don de sperme fouillent le net pour retrouver leur géniteur biologique ou ces enfants de l’adoption, pétant un câble à l’adolescence qui s’envolent pour Haïti, le Vietnam ou l’Inde afin de retrouver leur mère biologique ?
Ma chère Joëlle, je vous ai vue, vous avez plusieurs fois tenté d’appuyer sur la croix.
Vous pouvez disposer, il est l’heure de votre porto, et je vous propose de revenir dans 20 ans pour trancher cette importante question. D’ici là, les enfants fantômes auront certes fleuri mais il n’est pas sage de se prononcer sans avoir bien analysé tous les tenants et aboutissants des faits en présence.
Ma citation du jour :
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? »
Eh bien là, plus de 2000 ans après, je pense que vous connaissez la réponse.
tu es bien inspirante en ce moment. ESt-ce qu’on a le droit de dire qu’on ne sait pas et que la vie ce n’est pas forcément être pour ou contre, c’est beaucoup plus compliqué que ça. Attendons donc dans 20 ans pour demander à ces enfants