Pas de rôles pour les femmes de 40 ans

Ce gros titre, vlang, sur Télémagazine, à la caisse du Monoprix.

J’imagine le choc de toutes les ménagères de 40 ans et plus arrivant à la caisse pour régler leurs achats et prenant ce verdict en pleine poire. J’imagine aussi l’effet que ça a put produire sur la célibataire quadragénaire sans enfants (qui, elle, n'est pas une ménagère), et qui ne se trouvait pourtant pas si tapée que ça, pensant peut-être même à une reconversion dans le cinéma pour tromper sa solitude.

Car il s’agissait de cinéma, bien sûr, mais sur le coup, je l’ai pris comme une interdiction existentielle : femmes de 40 ans, vous n’avez plus de rôle.

Après, en réglant mes petits pots à la banane, j’ai imaginé la vague de suicides faisant suite à la lecture de ce titre monstrueux qui certes, s’adressait aux stars d’Hollywood, mais après tout, peut-être dans la queue du Monoprix il y avait-il de toutes jeunes quadragénaires qui nourrissaient le secret espoir de tourner une toile, à Hollywood ou ailleurs. Mais bon, si Hollywood ferme ses portes aux vioques de 40 balais, cela doit concerner à peu près tout le cinéma du monde, je me suis dit avec une lucidité courageuse en remisant mes achats dans la poussette où Zébulon s’amusait à écraser sa craquotte. Bollywood et ses comédies sucrées où les filles de 30 ans font figure d’aïeules, c’est cuit, les globusters avec leurs nanas de 18 ans et demi, j’y pense même pas… peut-être le cinéma d’auteur français me direz-vous, ou un rôle de mère courage chez Ken Loach, il ne faut pas désespérer, après tout, même Agnès Varda, 82 balais, tourne encore.

Bien sûr, on n’imagine même pas le litre : pas de rôles pour les hommes de 40 ans. Robert Redford, Harrison Ford, Dustin Hoffman jugés trop vieux à 40 ans, ça ne s’est pas vu, au contraire, on dira même qu’ils ont bonifiés avec l’âge, quand les femmes, elles, ne bonifient pas, elles flétrissent et elles tombent (ou elles se suicident à la caisse des Monoprix).

Rentrée chez moi, j’ai appris que le PS avait fêté ses 40 ans d’existence le jeudi 9 avril, mais je dois dire que quand je vois son état d’agonie du moment, ça ne m’a pas remonté le moral du tout. J’ai donc sagement décidé de renoncer à la carrière cinématographique que je caressais (vaguement) après avoir renoncé à celle de mannequin pour me consacrer à l’écriture qui elle peut se poursuivre jusqu’à la maison de retraite, sans qu’on ne vienne vous brandir ce gros titre : pas de publication pour les femmes de 40 ans. Concernant cette dernière (la publication), le problème est ailleurs…

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