Jusqu’où…



Entendu au 13 H 00 de ce jour sur
France inter, thème du téléphone sonne de ce soir : jusqu’où va l’extrême-gauche
et où commence le terrorisme… Cela semblait complètement ahurissant d’entendre cette
petite phrase, qui venait comme une conclusion logique à un court reportage sur
ce malheureux employé de bureau qui reçoit un sms d’un vague collègue lui
demandant en plaisantant « t’as pas des idées pour faire dérailler un
train ? » et qui se retrouve 24 heures en garde à vue, tancé par un
procureur très menaçant. Une sorte de sinistre plaisanterie à la Kundera en
quelque sorte, sauf que le récit de Kundera se passait dans une dictature…

Cela ne manquait non plus pas de
schizophrénie après le billet d’humeur de Stéphane Guillon ce matin particulièrement
réussi sur les deux années de sarkozysme, où il parlait, notamment, de cette
pauvre Michèle Alliot-Marie qui a perdu complètement ses repères le jour où
Sarkozy a reçu comme le pape le colonel Kadhafi, pourtant estampillé chef d’Etat
terroriste, et qui du coup, éperdue, s’est mise à voir derrière chaque épicier
de Tarnac, un dangereux terroriste qu’il faut à toute force boucler à la Santé.

Personnellement, je me serais
plutôt à attendue à entendre, suite à ce reportage : jusqu’où va la raison d’Etat et où commence la dictature.

Parce qu’entre
la DST (ou je ne sais qui) qui s’amuse à éplucher tous les sms des Français,
gentiment balancés par leur opérateur ou leur collègue de flanc droit (car on
ne sait comment le pauvre employé de bureau s’est fait attraper), entre les
accusations sans preuve de dangereux terroriste portées contre Julien Coupat
qui,à cette heure, pourrit à la Santé accusé sans preuves d’avoir voulu faire
dérailler des TGV et sans nul doute incriminé parce que d’extrême-gauche, et
entre l’état de nos prisons justement où on se demande ce qui est pire, y être
prisonnier ou gardien, avec un entassement humain proprement inimaginable où à
côté de vrais délinquants, on trouve des malades mentaux comme des individus
dont les petits délits devraient relever du traitement extérieur (travaux d’intérêt
général par exemple), je commence à penser qu’on n’est hélas plus en paranoïa,
mais en « régime musclé » comme on dit poliment. Jusqu’à présent, je
considérais certes ce gouvernement et cette époque comme indéniablement peu
portés sur la liberté et la souplesse d’idées, mais que d’aucuns jouaient cependant
un peu trop les paranos de service et heureux de l’être en voyant de la censure et
de l’atteinte à la liberté dans tous les coins.

Je me souviens des new letters
que j’ai reçues un temps d’un éditeur un peu foufou, Jean-Jacques Reboux, Après la lune , objet d’un procès pour
outrage à un agent de police, suite à un contrôle routier injustifié selon lui
et qui a mal tourné (insultes de sa part, garde à vue d’une nuit etc),
évènement qui l’a tellement remué qu’il en a fait un livre, Lettre ouverte au garde des sceaux pour une
dépénalisation du délit d’outrage
(et que sa maison a chu ou du moins s’est
endormie je crois bien). J’étais partagé entre l’empathie, l’indignation mais
aussi le sentiment diffus qu’il en rajoutait, que quelque part, il avait trouvé
un os à ronger en bon nanar qu’il semblait être. Je me dois de considérer
depuis qu’il avait raison, son feu brûlait avec un peu trop de fumée peut-être
mais il ne l’avait certainement pas allumé pour le simple plaisir de se brûler la
barbichette…

Je retourne travailler lundi, je
crois me souvenir avec effroi que quelques uns de mes collègues ont mon numéro
de portable… j’espère juste que pour saluer mon retour, ils n’auront pas l’idée
de me bizuter en m’envoyant un sms du style « eh Marie t’as pas une idée
pour assassiner le président de la République ? » (car les trains c’est
pas le genre de la maison, quoique, un de mes collègues qui a mon numéro justement
est passionné de modélisme ferroviaire, fuck fuck…) . Brrrr, rien que d’écrire
ça, je ne me sens pas tranquille, je me rassure juste avec l’idée que ni le
ministère de l’intérieur ni la DST ne connaissent l’existence de
mariechotek.com, à moins qu’on ne me balance… 

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