Social network, mes amies japonaises, partie II*

  • Tu pourrais mettre
    mes amies entre parenthèses… ça serait plus honnête non?

Me fait aussitôt
remarquer Virginie Sueuraufront que l'élection de Hollande n'a pas
rendue plus radieuse, même si elle a voté pour lui en dépit de son
amour des cours financiers qu'elle suit avec la même passion que
d'autres, le feuilleton coeur de Nous deux magazine.

Eh bien, je poursuis mes
portraits avec cette fois-ci, celui de « mes amies »japonaises,
hors Mastumura, le yoochien du Zébu pour ceux et celles qui
ne consulteraient ce blog qu'une fois tous les deux mois et encore,
par erreur.

Eh bien, je poursuis mes
portraits avec cette fois-ci, celui de « mes amies »japonaises,
hors Mastumura, le yoochien du Zébu pour ceux et celles qui
ne consulteraient ce blog qu'une fois tous les deux mois et encore,
par erreur.

  • On n'a pas que ça à
    faire Mimi! J'ai toutes les feuilles d'impôt à entrer dans ma
    machine moi!

Proteste Zohra Zor,
employée du trésor public donc.

Certes. Je précise de
prime abord que mes seules « amies » japonaises actuelles
parlent français et même fort bien.

  • So desu ka sugoi
    jdjkjekizklll mmmm mlm!!!!

Madame Yoko Tanaka san,
uniglote.

Alors il y a tout d'abord
la belle et douce Airi san rencontrée par l'intermédiaire de son
koibito (amoureux) français, Mattéo. Ils se sont rencontrés
en France… par quelle façon? Les avis divergent, dans la rue
(Airi), par internet (Matteo), bref, le hasard (forcé), qui anime la
vie de tout individu célibataire et souvent en quête, a fait se
croiser leurs routes mutuelles pendant un certain nombre d'années
sans que jamais ils ne réussissent à devenir un couple établi avec
factures communes, quotient familial et prêt immobilier sur 23 ans.

Comme pour moi c'est
synonyme forcément de souffrance si ce n'est d'échec (concernant la
partie femelle du couple), je marche toujours un peu sur des oeufs
avec Airi, surtout si le sujet Mattéo est abordé.

  • Ah bonjour le
    conformisme!

Certes, c'est purement
subjectif de ma part, peut-être Airi est-elle heureuse ainsi, non,
cela ne me semble pas, peut-être a-t-elle raison, le temps travaille
pour eux (selon elle) et elle finira bien par décrocher un job en
France, qui lui permettra d'y revenir et de construire à égalité
avec Mattéo un couple euh établi.

Quoiqu'il en soit, Airi,
je la vois peu finalement. Elle travaille à la japonaise, je veux
dire, la Japonaise diplômée, trentenaire et sans enfants,
célibataire c'est même encore mieux (pas de petits plats à
préparer à son mari en temps et en heure). Après, une fois le
travail terminé, parfois à l'étranger où, comme dit Mattéo, elle
anime des salons sur la ménopause ou les AVC (son domaine est
pharmaceutique je crois bien), elle doit encore aller lever le coude
avec ses collègues, hommes et femmes, pour ensuite rentrer chez ses
parents dormir quelques heures.

Depuis des semaines on
essaye de se voir et entre moi qui traîne, et elle qui ne me fait
pas signe, débordée et fatiguée qu'elle est (texto du samedi
après-midi, je suis épuisée, je ne sors pas aujourd'hui…), on ne
s'est pas vues depuis fin mars? Fin février?

  • Ah c'est la grande
    amitié à ce que je vois!

Jubile Virginie
Sueuraufront qui elle, depuis sa promotion professionnelle
exceptionnelle, a les seuls amis qu'elle peut voir, ceux de Face de
bouc où on n'a même pas besoin de se voir pour de vrai pour être
amis.

Si je ne peux
effectivement pas la considérer comme une vraie amie, je me sens
tout de même des points communs avec elle, ne serait-ce que parce
que comme dit son jules, elle fait (presque) plus française que
japonaise, ce qui je pense n'est pas si vrai que ça. On a surtout
une langue en commun, la mienne, qu'elle parle et comprend très
bien, je me dois de préciser et ça aide pour se sentir plus
proches… et puis on a aussi des gouts communs. Elle est capable
aussi et surtout de parler d'elle un peu intimement (sa relation avec
Mattéo), enfin si on l'y pousse un peu avec un verre de bière.

De toute façon, Airi
semble n'être que de passage dans sa vie actuelle, elle chercher
avant tout, concrètement ou intérieurement, à partir d'ici, où
elle s'ennuie (euh je suppose que ses copines, 34 ans comme elle,
sont en train de devenir mères…) alors que son koibito de
Français l'attend en France, enfin je l'espère pour elle.

Ensuite, vient Ryoko, la
cinquantaine entre le 1 et le 9. Elle, je l'ai rencontrée par le
biais d'un franco-palestinien-libanais sur les bords, Rachid, qui ne
nous donne plus aucune nouvelle depuis qu'il nous a réunies.

Ryoko l'a rencontré,
lui, quand en France ils suivaient les mêmes études pour devenir
interprète-traducteur. Depuis, Rachid, qui a la nationalité
française, est devenu traducteur assermenté et croule sous le
travail tout en ayant une petite amie qui semble enfin être la good
one
celle-là, et elle Ryoko est repartie au pays n'ayant pas
réussi à décrocher un travail en France où ses papiers se sont
périmés jusqu'à plus soif, elle vit désormais seule dans la
banlieue de Tokyo dans un petit appartement qu'elle va devoir quitter
dans deux ans, enchaînant des missions d'interprétariat à
l'étranger (développement solidaire) sans contrat fixe, ce qui fait
qu'elle se demande bien comment elle fera sans aucun revenu fixe et
son état non matrimonial pour décider une agence à lui en louer un
autre…

  • Cosette san quoi!

Encore cette Virginie
Sueuraufront.

Pas du tout, Ryoko san
est une quinquagénaire gracieuse, belle même, habillée avec un
naturel raffiné (ou bien l'inverse), qui n'a pas peur de partir
traduire des procédés d'extraction d'eau au fin fond de l'Afrique,
elle n'a pas besoin de Victor Hugo ni de qui que ce soit pour frayer
dans la vie.

Je la vois peu mais à
chaque fois, c'est une bouffée d'oxygène, le genre légère et
revigorante, je progresse doucement dans la connaissance de sa vie
(tôt divorcée d'un Français épousée très jeune, benjamine de 4
enfants elle ne voit plus ses frères et soeur, surtout depuis la
mort de son père, aucune information sur la mère…), mais alors
vraiment doucement… Japonaise dans l'âme et la coutume ou bien
tout simplement pudique et réservée, elle ne tient visiblement pas
à s'étendre sur sa vie privée.

  • Alors celle-là,
    c'est une « vraie » amie ou pas?

Eh bien, j'aimerais dire
que oui mais peut-on se dire amie avec quelqu'un dont on connait si
peu la vie intime, du moins personnelle?

  • Non!

Merci Virginie.

Et puis il y a mes
compliquées, mes complexes… les qui me font douter de ma capacité
à trouver ma place ici, à m'intégrer comme dirait le Guéant avec
son opinel made in France entre les dents.

Mame Michu, d'abord,
comme je l'ai rebaptisée. Mame Michu doit aborder la mi-trentaine,
elle aussi parle très bien le français, elle essaye d'ailleurs de
trouver un emploi dans un domaine utilisant cette langue… Par
ailleurs, elle dessine excellemment, écrit des petites histoires pour
enfants inspirées par Adélou, la fille d'Ana Freud, sur la vie au
Japon, les traditions et les fêtes coutumières, elle a du talent,
grand ou petit, on ne jugera pas, mais elle a aussi surtout beaucoup
de talent pour ne pas l'exploiter, ce talent justement, et demeure à
nos yeux, Ana Freud et moi, un mystère opaque.

Que fait cette fille de
sa vie? Que cherche-t-elle à en faire? Est-elle heureuse?
Malheureuse? Toujours seule, un poil masculine dans sa façon d'être,
rencontre-t-elle des hommes? Pleure-t-elle dans son futon sur l'amour
qui tarde et les enfants qu'elle semble désirer avoir mais qui
seront difficilement engendrables si elle ne rencontre pas leur père,
n'ayant pas franchement le profil à devenir mère célibataire par
erreur ou par volonté?

Mame Michu a des tas
d'idées arrêtées, c'est à la fois rassérénant (enfin une
Japonaise qui dit ce qu'elle pense sans reculer de trois pas aussitôt
la main sur la bouche) et parfois fatigant car disons le, elle n'est
pas souple, mame Michu, on peut même dire qu'elle est rigide pour ne
pas dire autoritaire, j'en ai fait la désagréable expérience.

Un certain dimanche
d'avril, je devais aller randonner avec mame michu et mes miens, sauf
que le samedi, il pleuvait à verse, j'avais donc prévu quelque part
en moi qu'il pleuvrait le dimanche et que je pourrais rester à la
maison sans culpabiliser pour ranger mes papiers, faire du thème
japonais et fesser mes enfants.

Le dimanche, après une
nuit écourtée grâce à la Zouflette, on s'est levé, fatigués, il
faisait beau mais la météo nous annonçait temps couvert à partir
de midi.

Aussi ai-je décidé
d'annuler la randonnée, supputant qu'ayant psychologiquement prévenu
mame Michu que je ne la ferai pas sauf très beau temps, la
rando étant qui plus est à une bonne heure de train, elle râlerait
bien un peu (il s'agit de mame Michu tout de même) mais qu'elle
m'absoudrait de suite.

Cause toujours Mimi…

  • Mais il fait beau!

  • Qu'estc-e que tu veux
    d'autre?

  • Du soleil? Toute la
    journée?!

  • Ah que vous êtes
    compliqués!

  • Trop compliqués!

  • Je ne marcherai plus
    jamais avec vous!

  • Je t'envoie le lien
    google maps et tu te débrouilles!

  • Sans moi!

  • Etc, etc

Et dix minutes plus tard
quand, bourrelée de remords, je l'ai rappelée pour dire qu'on
venait…

  • Tu te fiches de moi?

  • Tu me fatigues oh tu
    me fatigues…

  • Je ne suis pas à
    ton service!

  • Je ne vais pas vous
    attendre toute la journée!

  • Tu n'avais qu'à pas
    écouter ta chère météo!

  • Et me faire
    confiance!

  • Etc, etc

J'ai raccroché, rouge de
honte et de colère. Mais surtout, sincèrement accablée.

  • Faut dire Mimi, si
    tu tenais un peu parole…

  • Les gens qui se
    dédisent, ça je supporte pas…

  • Tu l'as bien cherché
    va!

Après refroidissement de
mes moteurs, j'ai admis que, certes je l'avais en partie cherché,
mais que mame Michu était tout de même un peu excessive, et rigide,
quand en France, mes copines auraient compris sinon râlé pour la
forme et encore, je ne vois pas une seule qui m'aurait jeté autant
de choses à la figure pour avoir juste renoncé à randonner à une
heure de sa maison après une sale nuit, un temps incertain et deux
petits enfants dont une à porter.

J'ai vu alors le Japon en
noir, peuplé au choix de Japonaises sympathiques mais uniglotes,
sinon de Japonaises francophones mais sans concession, rigides et
intolérantes, ne vous laissant pas de seconde chance, la première
se périmant très très vite… Une vie sociale et amicale comme une
sorte de parcours de combattant où je devrai sans cesse surveiller
mes écarts de désir et de langage, une solitude sans nom serait mon
dû, je pourrais faire un feu de joie de mes manuels de japonais car
à quoi apprendre une langue si on a personne avec qui la parler
hein?!

  • Ana Freud ne semble
    pas, elle, avoir eu les mêmes contrariétés avec mame Michu…
    elle est sans doute plus ouverte et plus droite…

Une amie de la toile qui
me veut du pas bien.

Bon, je vous la fais
courte car depuis, je me suis excusée platement par mail, non sans
avoir fait remarqué à mame Michu que sa réaction était aussi
violente que si j'avais annoncé au dernier moment que je n'assistais
pas à son mariage (euh j'ai dû mettre autre chose que mariage car
je me suis dit vu l'oiseau, elle pourrait bien y voir une allusion
mesquine à son célibat…), et elle m'a magnanimement pardonnée.
C'est même devenu un objet de plaisanterie entre nous, même si je
sens que mon goût obsessionnel pour le soleil l'agace et qu'en bonne
Japonaise qu'elle est, elle a du mal à accepter la moindre critique
sur son pays.

  • Tu diras à Mimi que
    si elle veut manger du bon riz il faut qu'il pleuve…

  • Tu diras à Mimi que
    si elle veut continuer faire partie de la secte des adorateurs du
    soleil, ce sera sans moi…

  • Tu diras à Mimi…

Etc, etc, via Ana Freud,
voilà ce qui me revient.

Et puis, ensuite, dernier
coup de grâce en date, celui de Junko san, ma pseudo Redede
japonaise du secteur Yoyogi.

Junko san est une petite
femme ronde que j'ai rencontrée à la bibliothèque de quartier.
J'étais en train d'essayer de remplir un formulaire en japonais,
tandis que le Zébu escaladait les portants du lieu et que la Zouflette
tournait les pages d'un livre comme si elle cherchait à les arracher
une par une.

Junko san m'a proposé
son aide, en anglais, et découvrant que j'étais de nationalité
camembert, elle a vivement souhaité que nous fassions un échange de
conversation japonais-français car elle souhaitait justement
apprendre cette langue en prévision d'un voyage qu'elle comptait
faire en France afin de visiter « son amie ».

Sur le coup, allez
comprendre, malgré le bleu marine, la coupe stricte et le collier de
perles, je me suis imaginé qu'elle était d'un genre pacsée avec la
dite amie, ce qui bien sûr était culturellement et juridiquement
stupide de ma part. L'amie, de fait, était l'épouse du numéro 2
japonais auprès de l'OCDE (kèkechose de ce genre), et elle-même,
Junko de Tanaka était mariée à un homme brillant, selon les
critères universellement répandus sur la planète, (hautes) études
au pays, puis année d'appprofondisement à Stanford, poste très
important dans une banque où il négocie les prêts demandés par
des entreprises dans le domaine des matières premières.

Junko de Tanaka a par
ailleurs une fille de 13 ans qui se coltine deux heures de train
chaque jour pour suivre des cours dans un établissement de renom
« fréquentée jadis par la princesse ».

  • Laquelle?

Je ne sais pas, la
Princesse, ils disent toujours tous quand ils veulent vanter la
qualité suprême de quelque chose, école, hôpital ou nourriture.
Et numéro deux, rajoute pour sa part Junko de Tanaka quand elle
parle d'une connaissance à elle, et qu'elle veut me la situer sur la
scène socio-réussie de sa vie.

Bon ça n'est pas lui
faire grâce que de la décrire uniquement ainsi. C'est un mélange
de bourgeoise classique mais aussi, humble, comme si elle n'était
pas née dans ce milieu, comme si elle en avait oublié la morgue et
le mépris certes poli des castes inférieures…

  • Que de clichés!
    Comme si les bourgeoises se ressemblaient toutes!

Madame Sybille de la
Tartinière, bibliothécaire bénévole le mardi matin dans le
bibliobus qui sillonne l'ambassade de France, salle de réunion I.

Bon, il faut juste voir
ma Junko, comme une petite femme au foyer, classique et affairée,
sans soucis monétaires ni existentialistes.

On s'est rencontrée
plusieurs fois, pour soit disant échanger dans nos langues
respectives mais en fait en anglais, qu'elle parle mieux que moi…

  • … y a pas de mal!

Crie dans le lointain ma
prof d'anglais du lycée, madame du Caddie à roulettes.

… ayant vécu aux USA
où, à ses époques, elle était bien trop heureuse et occupée pour
se reproduire (réponse à ma question, ta fille est née là bas?).

  • Ah enfin une qui
    travaillait dur!

Eh bien Tante Babe, peut
être que faire du golf tous les jours et suivre des cours d'anglais
de même quotidiennement c'est un peu comme travailler dur… d'un
certain point de vue.

Bon là aussi je vous la
fais courte car le message que je veux vous faire passer c'est encore
moi et mes déroutes socio-culturelles.

La dernière fois qu'on
s'est vues, c'était un jour de pluie à la mode japonaise
(incessante et épaisse). Je suis arrivée chez elle, en retard,
trempée, avec une fille de même trempée, nous avons donc mis notre
eau un peu partout, ma fille a ensuite consciencieusement épluché un
bibelot figurant une grappe de raisins en jade (?), non sans avoir
mis le séjour dans une pagaille digne d'une mise à sac par l'armée
moghole, tandis que moi, sa mère, je m'efforçais de noter l'art et
la manière de rouler des makis sushis dans un temps plus que limité
puisque je devais aller récupérer le Zébu à son foutu yoochien
une heure après mon arrivée…

Je suis donc repartie
comme une voleuse, une pleine boite de maki sushis emballée avec
d'autres ingrédients par Junko de Tanaka qui y a tenu, malgré mes
refus (je ne peux pas emporter TOUT ça quand même!!), lui
embarquant qui plus est deux rouleaux de paille à rouler les dites spécialités, des boites en plastique et que sais-je encore.

Est-ce pour toutes ces
raisons? Depuis, Junko de Tanaka ne répond plus à mes messages, et
chaque jour qui passe (bientôt 18…) me voit échafauder les
hypothèses les plus folles.

Hypothèse 1. Elle a été
blessée meurtrie dégoûtée par l'égrénage de son bibelot, mes
sumimasen n'ayant pas été qui plus assez véhéments (mon
non intérêt pour les bibelots y est sans doute pour quelque chose).

Hypothèse 2. Elle a été
frustrée meurtrie blessée par le manque de temps passé avec elle
pour mitonner ces maki sushis que nous avons ensuite dégustés avec
A goulument derrière son dos.

Hypothèse 3. Elle a
perdu la face en ayant oublié que je lui avais pourtant bien dit que
mon fils sortait à 11h30 en avril et non à 14h00 comme dans tous
les yoochien normaux.

Hypothèses 4. Elle m'a
trouvé rustre et impolie, sale et salissante, mauvaise mère et
mauvaise hôte, envahissante et pas pédagogue, désespérément
uniglotte et nipponophonement parlant, nulle… (ici la liste
s'allonge de jour en jour).

Hypothèse 5. Elle a
soudain réalisé que je ne portais de collier de perles et que je
trouvais ça stupide d'envoyer son enfant à une heure de train de
chez soi pour fréquenter une école certes princière quand il y a
de bons établissements près de chez soi, y compris très chers et
très bien fréquentés.

Hypothèse 6. Son
ordinateur a implosé, ou bien sa connexion internet ne fonctionne
plus, pareil pour son portable, elle n'est plus joignable par
personne, y compris son mari et sa fille. Elle est en plein néant
social et essaye par tous les moyens de me joindre.

Hypothèse 7. Son mari
l'a quittée et elle a dû abandonner ses leçons de français, ses
projets de vacances à Paris et sur la côte d'Azur, pour prendre un
emploi de caissière en grande banlieue.

Hypothèse 8. Elle s'est
pris une balle de golf en pleine face et n'est plus de ce monde.

Hypothèse 9. Il n'y a
pas d'explication rationnelle. Elle a juste voulu cesser une relation
de toute façon encore très superficielle.

Car c'est ça, aussi,
d'être une femme au foyer expatriée, c'est qu'on a plein de temps à
soi pour se mouronner sur des choses parfois pas très importantes
(Junko est une rencontre intéressante mais ça n'est pas une amie au
sens fort du terme), et on a vite fait, très vite fait de se voir
seule au monde, exclue et privée de toute relation socio-amicale
avec autrui, autochtone ou autre, la solitude étant ce qui guette
partout la femme au foyer (ou la chômeuse ou la télé-travailleuse,
ou…) mais plus encore à l'étranger.

Depuis, est-ce pour cela?
je dors mal, Pierre Curie menaçant qui plus est de faire ses
cantines pour la France dès septembre (Y en a marre du Japon du
japonais et des Japonais!!) et je me vois donc errer, seule, sans mon
Ana Freud, avec mon fils lui-même en mal d'amitié digne de ce nom
(Adélou! Adélou!), de gaffes en rebuffades, de malentendus en
erreurs fracassantes**.

Je m'arrête là, car je
mérite bien une petite bière après tout ça…

  • Je vous préviens,
    c'est long à lire!

  • Depuis, Junko de
    Takanaka, après 4 messages, m'a répondu qu'elle était très très
    occupée, sumimasen, et elle m'a proposé de me revoir, 21 ou 28, je
    la laisse un peu mariner… non mais.

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