Mon snobisme à moi (mis à la sauce Japon) 1

J'suis snoooob,
complètement snooooooooooooooooob… complètement
snoooooooooooooooobe,
chantait Boris Vian qui snob, ne l'était
pas. Enfin, de cette forme de snobisme qui veut qu'on ne fréquente
que des gens de la haute, qu'on ne porte que des marques chères
(forcément) et ne va que dans certains lieux dûment répertoriés
comme étant des repères de snobs ou plutôt de gens recherchés par
les snobs, ce qui en fait des hauts lieux de snobisme (corollaire: la
personne recherchée par un snob est-elle snob elle-même?).

Mais il existe une autre
forme de snobisme, celui que j'appelle le snobisme à l'envers…

  • En fait, à ta façon, toi aussi tu es snob!

M'ont
fait souvent remarquer mes fausses amies, Virginies Sueuraufront
(partiellement snob) et Cléa Culpa (non snob) sans oublier mon petit
mari A.

Et
ils n'ont pas tort!

Mon
snobisme à moi? C'est le snobisme sans doute des filles de gauches
nées bourgeoises, culpabilisées et un poil déviantes.

  • Ah? De Dieu Mimi, tu es donc tout ça?

Mon
amie la Cadette, non snob, ni franchement bourgeoise ni du tout
prolétaire.

Eh
bien… Je vous la fais vite, c'est pour me détendre.

Quand
je rencontre des expats, des vraies, je me sens plus à l'aise avec
leurs nounous philippines qu'avec elles. Comme ce sentiment est
naturel, on peut dire que ce n'est pas du vrai snosbisme. Sauf que
j'en suis fière.

J'éprouve
toujours une sorte de fièreté irrépressible quand aux dites expats
j'annonce que mon fils fréquente un
yoochien
japonais et non la super école internationale d'à côté à 2
millions de yen par an, ou le l'école française à 1 million de
yens par an aussi.Et j'en rajoute avec le laïus, tant qu'à faire de vivre à l'étranger, vivons avec les étrangers, normaux (entendez, ni princiers ou rois du pétrole).

Je
me réjouis que le policier qui fait la circulation devant la petite
entreprise en face de chez nous me salue midi et soir avec
convivialité, et même au supermarché où je le rencontre ensuite,
buriné, puant le tabac et habillé de vieilles santiags éculées.
Pire, je m'en réjouis et j'espère être vue en sa compagnie par
toute personne de la haute, expat, japonaise ou famille princière.

J'adore
déclarer que l'on habitait avant à Montreuil, une ville prolétaire,
longtemps communiste, mixte et aux banlieues pas toujours faciles.

  • Ah tu me fais rire! Si y a bien un repère de bobos, c'est
    Montreuil!!

Cléa
culpa s'esclaffant vinaigre depuis sa caisse de Lidl jap.

Sauf
que nous, madame, on habitait dans le quartier non bobo, celui où on
trouvait des ZEP et des foyers d'Africains, et je n'étais pas peu
fière de me compter comme voisine une issue d'Arabe, serveuse dans
un café, divorcée d'un jules qui avait tout d'un braqueur de
distributeur de la Banque postale.

Ici,
à Tokyo, j'aime à faire savoir que non, que je n'ai pas assez d'argent pour mettre
ma fille dans une crèche privée, spécialement internationale, et
encore moins pour avoir une nounou philippine à demeure. Hier, alors
que j'admirais une maison habitée par des expats, la nounou des
enfants (blonds, français et anglophones, ca c'est le comble du snobisme chez les expats) m'a dit justement si j'étais
intéressée elle allait être libérée à la fin du mois car ils
rentrent au pays et  j'ai eu bien du plaisir à dire que non, c'était
beaucoup trop cher pour moi.

  • Ma pauvre Mimi, tu es ridicule…

Ma
tante Dolorès, snob à sa façon, car son côté hypocondriaque fait
qu'elle ne fréquente que des épouses du corps médical comme les
salles d'attente des spécialistes que reconnus.

Je
suis fier de voir mon fils sale et habillé à la japonaise (fausses crocs, short et tee-shirt) quand les petits expatriés sont toujours
bien vêtus, chaussures, chaussettes impeccables quand mon fils ET ma fille
courent pieds nus dans les jardins. Fière aussi de me récrier, Pourquoi
mon fils ne parle pas anglais? Ben non chez nous on parle français
et au yoochien il parle japonais…Sans blaques? pourquoi faudrait qu'on lui cause en anglais? Quel snobisme!

Je
suis très fière aussi de dire que nous, enfin mon petit mari, ne
sommes pas des expats, qu'il travaille dans une entreprise japonaise
ce qui fait que l'on a aucune facilité du style école payée,
billets d'avion de même (car à 8000 euros le mois comment se payer un  billet pour le pays n'est-ce pas?), bonus digne d'un sabordeur de
multinationale et que oui on tire même un peu la langue à certains moments (enfin dans le
futur, pour le moment, les impôts n'étant pas passées par là et
ma tirelire baka renée étant encore en état on a une peu de
marge).

Je
dois en corollaire confesser en toute sincérité que je vivrai très mal le fait que
mon mari soit un expat, sur-payé avec multi avantages, car je
trouve ça parfaitement inique et anti-mélenchoniste.

  • Mais moi je suis un expat! Moi aussi j'ai un super bonus!

M'a
dit un jour Pierre Curie. Que j'ai faill rayer illico de mes
fréquentations. Je plaisante, certes, c'est un expat mais dans une
fac, avec une assurance santé nulle ce qui fait qu'ils vont payer
deux yeux, trois peaux de fesse et un rein la naissance de leur
petite Lili chan, et lui comme sa femme ont une telle ouverture
d'esprit (parfois mise à mal) vis à vis des locaux que non, il n'a
rien à voir avec ses snobs du lycée français, de l'ambassade et
des Femmes à Plume.

Je
suis fière, à ce propos, de déclarer que le lycée français avec deux enfants ne
sera tout simplement pas possible.

  • Mon Dieu Mimi, ces pauvres petits, ils vont aller où?

Si
je peux être vue en compagnie d'une Japonaise, si possible un peu
pouffe, ne parlant surtout pas anglais, et ayant qui plus est l'air
amical avec moi, là ma fièreté atteint des sommets inégalés.
Rien ne m'a fait plus plaisir jeudi dernier que d'accueillir Ayumi,
non anglophne (mais pas pouffe) à Aiport, la garderie de la
Zouflette très fréquentée par les expats riches, devant Axelle
(retrouvée) plutôt pas mal expat, du moins dans le look, et de voir
combien elle était surprise, positivement, que ce soit moi, une
néo-expatriée, qui radinne en japonais une japonaise du cru.

J'ai
failli m'évanouir de bonheur. J'aurais bien aimé que l'on filme la
scène pour me la repasser les jours de blues.

En
revanche, quand une expat me parle et que je vois des Japonaises que
je connais alentour, je me sens honteusement incluse dans un groupe
que je mets pourtant tant de bonne volonté à fuir. Je n'ai de cesse
que d'interrompre la conversation pour regagner mon univers à moi de
snob.

  •  
    T’exagèrema vieille, t'es bien contente de rencontrer des
    Françaises!

Certes
mais pas n'importe lesquelles. Mes Françaises je les trie sur le
volet. Ana Freud, point expat dans l'âme et grande amie des locales,
il n'y a qu'à voir toutes les japs qui ont défilé à son chevet de
parturiente, est une grande amie, pas que pour cela, mais cela a
beaucoup aidé.

Et
c'est tout.

  • C'est tout?

Oui,
je viens de rencontrer Sabine, une Allemande parfaitement
francophone, qui me semble non pas snob à la Chotek, mais pouvant
faire partie de mon club… à voir. Keira san ne daigne plus
répondre à mes messages, réjouissons-nous, c'est bien le signe que
je ne suis pas comme elle, une expat dans le sang avec un mari
banquier (même si ma joie est altérée par le fait qu'étant
bronzée, ça n'est pas une vraie expat au sens puriste du terme et
que je trouve vexant qu'Ana Freud ait droit à exister à ses yeux et
moi non, surtout qu'Ana Freud justifie cela par « c'est une
gagnante qui a d'autres piiorités », ce qui est toujours
plaisant à entendre n'est-ce pas).

Axelle?
Elle a eu l'air si contente de me revoir que oui, magnanime comme je
suis, je la fréquenterai de temps à autre, à Aiport. De plus, elle
est vraiment sympa, sans compter qu'elle est revenue après le
séisme sans se plaindre, a accouché difficilement (son ventre
ouvert sur toutela longueur), toujours sans se plaindre, je suis donc
assez impressionnée par ce courage et cette façon de vivre les
choses, chapeau.

Et
puis hier, j'ai discuté avec une jeunesse française, voisine de
chez Ana Freud dont je sortais. Elle bosse dans un cabinet d'archi
juste à côté, elle fumait sa clope dvant le pas de porte et
m'entendant engueuler en français le Zébulon, elle m'a dit bonjour
et nous nous sommes parlées.

Elle
même m'a semblé atteinte de snobisme à la Chotek. Elle travaille
là depuis février, ne fréquente que des Japonais ou des mixtes,
elle a bien insisté, elle ne parle que japonais durant la journée,
enfin s'y essaye et quand je lui ai dit que mon fils allait à
l'école jap et que j'apprenais chaque jour la langue, elle a eu un
sourire d'admiration et m'a dit, c'est super, moi j'ai une amie
française mariée à un trader (l'horreur absolue), et elle et son
groupe d'expats ne font aucun effort pour apprendre la langue…

Celle
là pourrait être mon amie.

  • Ta baby sitter tu veux dire! T'as vu son âge!!

Merci
Virginie.

Bref,
mon snobisme ici a autant de beaux jours qu'il en avait en France, je
devrai peut-être même inviter cette voisine coréenne (cette
Algérfienne du Japon) avec l'homme de ménage qui m'a tout l'air
d'un inou (la peuplade primitive du Japon, devenue sorte d'Indiens
d'Amérique), et ensemble nous échangerions dans nos langues
respectives sans nous comprendre certes mais dans un bain de
fraternité culturelle et sociale.

Sur
ce, je dois aller snober les snobs du parc après avoir tenté de pratiquer mon snobisme à moi en parlant aux mères de Mastumura qui
ke veulent bien (l'alcoolique, la nouvelle non intégrée et Erica, la
mal aimée car okaasan d'un Lucio mal aimé).

Matane!

One comment on “Mon snobisme à moi (mis à la sauce Japon)

  1. Reply Pym Juin 27,2012 17:05

    javascript:ac_smilie(\’:zzz\’)C\’est du vécu et c\’est bien dit. Moi aussi j\’ai toujours trouvé que tous ces avantages distribués aux expats, c\’était trop. Et respect pour les efforts d\’intégration !

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