Une énergie d’avenir III

Aujourd'hui,
je voudrais vous présenter un petit bêtisier personnel du
nucléaire…

  • Ah non! Ça suffit! On en a marre! On veut le récit du camping des
    Midori no yama (Vertes collines) où vous avez passé vos
    vacances!

Mes
amis campeurs des Flots bleus, me pistant sur skype.

  • Tu ne serais pas devenue un peu obsessionnelle?

Mon
père, le professeur Colza, qui pense qu'Albert Einstein aurait dû
recevoir le prix Nobel de la paix en lieu et place de Fuck-shima.

Et
bien oui, je suis devenue obsessionnelle. Je ne le nierai pas, je
suis obsédée par cette question de notre survie.

Les
scénarios varient. Quand j'étais employée de bureau, jamais je
n'aurais imaginé pensé un jour à de telles sorties de piste…

Soit
que je nous imagine explosés en millions d'atomes suite à
l'effondrement de la piscine 4 (bien que under control, et aux
soubassements ultra renforcés), soit que je nous visualise sous un
tas de gravats suite à un tremblement de terre, le pire pour moi étant de me trouver à un point A,
mon jules à un point B, le Zébu à C et la Zouflette à D.

Soit
que je nous imagine sous un tas de gravats ET emportés par une vague
géante balayant la baie de Tokyo jusqu'aux Alpes japonaises (Juju la
babysitter, qui prétend avoir une amie qui aurait grossi de trois
tailles de soutien-gorges depuis Fuck-shima, assure aussi avoir lu
que Tokyo, Osaka et Nagoya seraient emportés par un tsunami géant).

Soit
que je nous imagine victimes et de Fuck-shima et d'un tremblement de
terre suivi d'un tsunami, complétés par l'explosion d'une autre
centrale traînant quelque part sur une faille sismique, agrémentés
d'une éruption du Fuji san, et par ailleurs accompagnés par la
chute inopportune d'un missile thermonucléaire balardé par la
Corée du nord et son grand manitou, qui, question irresponsabilité,
ne déparerait pas dans un Conseil d'Administration de Tepco.

  • C'est bien ce que je disais Mimi, tu deviens obsessionnelle… calme
    toi, je t'en conjure, tu cours au moins autant de risques à
    Montreuil avec les gangs du 9-3 et les bâtiments non ravalés! De
    toute façon, dis toi bien que le risque zéro n'existe pas!

A
encore tonné sur skype le grand professeur Colza qui ne vit pas près
d'une centrale, ni dans le 9-3, et qui en conséquence peut se
consacrer l'esprit zen à 100% à ses oeuvres énergétiques (comment
j'ai inventé la trottinette qui fonctionne à l'huile de colza, la
table à angles ronds appelée table ronde, ou le poêle à déchets
recyclés).

Et
c'est justement cette expression, le risque zéro n'existe pas,
brandie par tous les adeptes plus oui moins passionnels du nucléaire
qui m'a donné envie de faire un bêtiser des choses entendues depuis
Fuck-shima.

Alors
je commence par celui là. Le risque zéro n'existe pas. Il faudrait
savoir de quel risque on parle, et de qui prend le risque. Question
nucléaire j'ai comme la furieuse impression que l'on demande à des
quidam anonymes de prendre le risque (vivre près d'une centrale
nucléaire) à la place de ceux qui vont tirer bénéfice de cette
dite centrale sans prendre eux le moindre risque.

  • Ah mais madame, ces quidam anonymes comme vous dites, ils vont
    bénéficier de l'électricité bon marché dans leur pavillon à
    échéances sur 25 ans!

Voilà
encore un autre bêtisier. Il faudra me prouver combien coûterait
exactement l'usage d'une autre forme d'électricité, en me montrant
précisément le montant des marges opérées par les fournisseurs,
et puis, de toute façon, le frêle bénéfice observé sur la
facture d'électricité du quidam anonyme exposé à des risques en
cas d'accident tournant vinaigre sera toujours ridiculement
risiblement extrêmement réduit par rapport aux bénéfices empochés
par le fournisseur de cette énergie là, tout sauf philanthrope, et
qui, par ailleurs, gardera le bénéfice, lui, de sa pleine santé.

Je
ne pense pas ainsi qu'actuellement les habitants de Fuck-shima
pensent beaucoup au montant rendu modéré par l'usage du nucléaire
de leur facture d'électricité et qui plus est, s'en réjouissent
leur dosimètre à la main.

D'ailleurs,
certains au Japon ont proposé que dirigeants politiques et
opérateurs de centrales nucléaires aient leurs fenêtres de cuisine
donnant sur les fameuses centrales où le risque zéro n'existe donc
pas, ce qui permettrait à bobonne de suer comme ses concitoyens au
sujet de sa santé et de celle de ses enfants. Même, si on le
répète, le risque zéro n'existe pas, ce qui signifie que quoi…
qu'il est en fait énorme? Egal à 70 sur 100? 80?!

  • Mimi de grâce, calme toi, c'est juste une expression pour dire
    qu'il est à peine supérieur à zéro…

Le
professeur Colza, zen donc.

En
tout cas, faire vivre les apôtres de l'atome et ceux qui leur permettent de vivre de leur apôtrerie (les politiciens) près d'une
centrale nucléaire me plait bien comme idée. Après tout,
concernant le Japon, ce serait un peu comme de renouer avec l'époque
Kamakura quand le pouvoir central exigeait des shoguns de province
qu'ils fassent habiter leur famille à la Capitale histoire de
modérer toute ambition par trop sécessionniste voire putschiste de
leur part.

  • Ah mais de toute façon, madame, vous êtes bien contente d'écrire
    vos insanités grâce à l'électricité faisant fonctionner votre
    minable portable lui-même fabriqué grâce à cette énergie
    nucléaire!

Ah
bon?

  • Oui oui car le développeur, s'il envoie fabriquer ses modèles en
    Asie profonde, éclaire ses bureaux et ses hangars où les
    ordinateurs de retour d'Asie sont stockés avec la dite électricité
    provenant du nucléaire!

Ah
tiens.

De
toute façon, m'a-t-on, moi, Mimi Chotek laissé le choix? M'a-t-on,
à moi comme à mes concitoyens, demandé un seul instant avec quelle
sorte d'énergie je désirais éclairer ma salle de bain, animer mon
portable ou regarder jouer mes enfants? Quand était-ce? Rappelez le
moi car je n'en garde aucun souvenir.

En
Italie, patrie pourtant du funeste Bébert, ils ont au moins eu la
sagesse démocratique d'organiser un référendum il y a dix ans sur
pour ou contre la sortie du nucléaire (pour!!!!), qu'ils ont
resservi dix ans après, sait-on jamais, mais dommage pour eux, juste
après Fuck-shima (ironie du timing). 90% des gens ayant alors voté
contre la présence de centrales nucléaires sur le sol de leur pays,
du coup, exit encore une fois le nucléaire.

Voilà
au moins des gens qui n'auront plus à craindre pour leur vie, a
déclaré le prix Nobel de littérature japonais Kenzaburo Oé, lors
d'une allocution au cours de la grande manif anti-nucléaire de
septembre 2011.

  • Certes mais concrètement on fait comment? Parce qu'ils sont sympas
    les ritals, mais c'est les autres qui font prendre les risques pas
    zéro à leur place! Moi j'appelle ça de l'hypocrisie madame! Ou de
    la lâcheté! Voire les deux!

Hum,
ça doit être ça effectivement qui retient notre gouvernement de
nous proposer par referendum une sortie ou non du nucléaire. Ne pas
être lâche ou hypocrite. Au diable les intérêts colossaux d'Areva
et consorts, ils ne pèsent qu'un atome face à la probité morale de
nos dirigeants de gauche comme de droite…

  • Ironisez Mademoiselle, ironisez mais en attendant, comment vous
    éclairerez-vous? A la bougie? Au pétrole? Lui qui pollue la Terre
    tellement plus que le nucléaire et qui engendre des guerres
    effroyables? Demandez aux Irakiens si le pétrole les a protégé de
    l'absence de risque zéro!

Mademoiselle?
Plus personne ne m'appelle mademoiselle soit dit en passant. Mais
sinon, ouhla, merci, quelle perle de bêtisier!

D'abord,
la source d'énergie. Je recommence. M'a-ton demandé un seul
instant, à moi Mimi Chotek, mes opinions et idées à ce sujet? Nous
a-t-on seulement présenté une seule fois des alternatives dûment
pensées, pesées, avec chiffrage y compris de la facture au bout,
afin que nous décidions en notre âme et conscience si nous
préférions consommer moins, payer plus cher mais rester en vie et
aussi éloignés que possible du cancer ou si nous préférions
consommer à fenêtres ouvertes, avec une facture basse, une énergie
mettant en péril nos vies et la santé de nos enfants sans parler
des sous-sols rivières et consorts? Qui? Quand? Si on me l'a
demandé, je devais être aux gogues au moment où cette question m'a
été posée, au loin, à voix basse et à toute vitesse, car je n'en
garde aucune trace dans ma mémoire.

Le
pétrole pollue, le nucléaire non. Il faudra qu'on m'explique quel
doux nom les pro-nucléaires donnent aux déchets issus des
agitations de l'atome toute agitation consommée et qu'on enfouit
dans les sous-sols, envoie dans les pays du tiers-monde à moins
qu'on ne leur fasse franchir la nuit dans des trains blindés des
frontières dont on a même éteint la lumière (de source nucléaire)
dans l'espoir que nul fanatique de la santé humaine et de la
propreté des sols ne les verra passer…

Quand
je pense qu'avant on léguait aux générations à venir des
cathédrales et des viaducs, nous, nous allons léguer des déchets
nucléaires hautement radioactifs aux générations futures, sans que
nous n'ayons pris la peine de seulement réfléchir à comment nous
en passer, à défaut de savoir comment les décontaminer (ce qui
doit être impossible).

Le
pétrole provoque des guerres sanglantes. Le nucléaire, non. Il
faudra demander aux gars d'Areva kidnappés au Niger ce qu'ils en
pensent, de la non violence absolue de la quête de l'atome.
Peut-être répondront-ils qu'il étaient là bas juste pour ramasser
du sable gratuit afin de faire fonctionner leurs usines en France et
que plutonium, uranium et -um consorts, minerais à haute valeur
énergétique et financière, ne sont aucunement utilisés dans leurs
centrales et ne suscitent en conséquence ni convoitise ni
surenchère de la part des groupes armés de ces régions agitées,
avec ou sans nucléaire, et où, donc, vous dit-on, les ingénieurs d'Areva ne se rendent que pour y
ramasser du sable et des roses de la même appellation, oh tiens regarde
j'en ai trouvé une rudement belle! on va pouvoir faire tenir
Fessenheim encore un bon bout de temps…

Je
terminerai par deux extraits d'un article lu dans Japon, archipel des
séismes
, ouvrage collectif sorti au printemps 2011 après le séisme
donc et dont les recettes vont aux sinistrés du Tohoku (enfin, on
l'espère).

C'est
un article écrit par un journaliste scientifique japonais
indépendant, Yoshio Shioya.

Sur
le risque zéro :

Lorsque
j'ai commencé à enquêter professionnellement sur le nucléaire,
j'ai été sensible à la passion qui, même si elle n'était pas
aussi forte que celle d'Astro (le petit robot atomique), animait les
personnes travaillant dans ce milieu. Mais à partir du moment où
s'est mis en place le triangle industrie-administration-science avec
sa tendance au laisser-aller sans regard critique des membres les uns
envers les autres, j'ai découvert combien l'impératif de sécurité
était progressivement négligé.

Moralité
(conclusion de son article) :

On
ne peut être qu'ahuri par l'énigmatique gestion de la crise par
Tepco et l'Agence pour la sûreté nucléaire et par leurs
déclarations bouffonnes. Mais leurs actions pour tenter de fuir les
responsabilités en matières de compensations financières, les
responsabilités quant à la surveillance, les responsabilités quant
au respect de la réglementation, concourent, hélas, à nous montrer
qu'au renoncement à la sécurité s'en est ajouté un autre très
préoccupant : le renoncement à tout principe moral.

Et
moi, Mimi C. je préciserai qu'Eva Joly qui vaut ce qu'elle vaut, a
quand même finement noté que quel que soit le régime, démocratique
ou non, dictatorial ou pas, à une ou quatre assemblées, avec une
reine ou un président, libéral ou communiste, au nord ou au sud, à
l'est comme à l'ouest, concernant le nucléaire, c'était toujours
l'opacité et le non dit qui prévalaient.

Enfin,
un philosophe dans une Tribune du Monde, a noté pour sa part qu'au
vu de tous les désordres comportementaux que le nucléaire
engendrait chez l'humain (mais non elle n'est pas irradiée ma
rascasse de Fuck-shima, mangez la!), il en déduisait que le
nucléaire rendait fou.

Conclusion?

  • Euh ben faut rester méfiant quoi… pas croire tout ce qu'on nous
    raconte… pas!

  • Ah mais de toute façon, le risque zéro n'existe pas! En nul lieu
    ni en nul domaine…

  • Le nucléaire, ça rajoute du piment à la vie… pétera, pétera
    pas…

  • Il vaut mieux avoir le nucléaire que de peindre à la chandelle sur
    les murs de Lascaux…

Je
laisse tomber et vous laisse méditer à tout ceci.

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