Nos ancêtres les Gaulois 1

 

• Alors, elle est pas belle la France? !

Bof, j’ai envie de répondre quand on me pose cette question. Disons que suite à ces 5 années passées au Japon, chaque jour dans mon souvenir un peu plus embellies, chaque jour, dans mon disque semi dur et sur chargé, s’etompant un peu plus (comme le ferait un beau rêve nocturne), j’ai du mal à répondre spontanément.

• Ouais, super belle !

Japon, tu me manques. Tes gongs dans tes vastes temples, tes brumes d’eau ou d’encens, tes rouge vermillon, tes foules pressées mais paisibles et fluides me manquent. Le vert de tes cryptomères, et l’autre, plus pâle, de tes bambous, le gris de ta mer à Kamakura, le rouge encore de tes toris, et le bleu vert de tes tuiles, et même le gris de tes immeubles, me manquent. Attends, je sors mon hankeshi (de l’anglais, handkerchief) et me tamponne la larmoyante.

Oui, tu me manques, tes trains, ton soleil, ta chaleur, tes moustiques, tes règlements stupides, tes mères mimiphobes (pour certaines), la cloche de 17h00, les danses d’automnes, les mikoshi portés par de joviaux buveurs de bière, les sembés trop salés et les seven eleven ouverts 24h sur 24 pour que je satisfasse le moindre de mes besoins à peine surgi, tout ça me manque.

• Ouais bon mais la France, elle est pas belle quand même ?

Belles, les pelouses du parc Mistral pleines de mégots et de tessons de bouteille ? Beau mon vélo à peine volé si pas attaché ? Beaux les deux types qui se vociféraient dessus dans le tramway pour une sombre histoire d’épaule à peine poussée par un bout de coude tout juste en état de dépassement ? Beau le type qui avait installé son chien dans un parterre de fleurs public pour qu’il se fasse plaisir en le grattant, vas-y mon toutou, éclate-toi, expédiant de la terre alentour, un espace public là encore ??

Comme je disais au médecin, consulté en urgence car je menaçais de sombrer dans la folie : en m’en revenant du Japon, j’ai l’impression d’être devenue une vieille schnoque… la France entière est mal élevée !!

La France est agressive. Y a qu’à écouter la radio.

• On nous signale deux femmes assises sur un terre-plein dans l’attente que leurs maris finissent de se faire tabasser par une bande de jeunes gens a priori un tantinet intolérants, ils n’auraient pas apprécié que les dites femmes arborent qui un short Quecha taille 44, qui un pantacourt moulant fin de série, parce que, disent-elles, pour faire du vélo c’est quand même plus pratique que la robe de nos aïeules bigoudaine…

La France marche sur la tête. La radio toujours.

• On nous signale qu’une femme arborant de façon de toute évidence provocatrice un corps dissimulé par un maillot dénommé là aussi de façon extrêmement provocatrice « burkini » a été l’objet d’une verbalisation pour incitation à l’émeute tandis qu’autour d’elle, les plagistes qui en maillots, qui en seins nus ou en strings ficelle, applaudissaient à tout rompre les forces de l’ordre elles-mêmes fort couvertes nous le noterons juste en passant…

La France marche sur la tête. Radio encore.

• On nous signale que Jacqueline dite la Sauvageonne a vu sa demande de grâce présidentielle balancée aux ortiescar, ainsi que l’ont noté avec sagacité ses juges, ce n’est pas parce qu’elle a été violée et frappée pendant plus de 30 ans par son mari, par ailleurs incestueux et violent avec toute personne de son entourage surtout si féminin, qu’il faut se prendre pour une victime… La victime c’est lui, ce pauvre homme sauvagement abattu dans le dos par la Sauvageonne qu’il n’a, pour sa part, jamais, au grand jamais de sa vie, prise par derrière…

Et puis il y a les revenants. Entendu ce jour à la radio le petit Nicolas nous expliquer sa recette miracle pour que tous les Français ils soient Français depuis la paléontologie, du moins, le temps des Gaulois.

• Toute personne qui devient française doit se dire : ma grand-mère était gauloise, mon grand-père était grivois, euh gaulois !

Un peu comme s’il s’agissait de se dire :

• A partir du moment où tu deviens français, Nicolas, tu mesures 1m80, tu as les cheveux couleur paille et une moustache en forme de guidon de vélo.

Un peu comme ces pubs de chirurgie esthétique aussi.

• A partir du moment où tu passes sur notre billard, petit boudin brun à nénés mous et pendouillants, tu deviens une grande blonde à seins lourds et strictement parallèles à la surface terrestre.

Je vous parlerai bien du voile, ou plutôt des voiles, qui sont bien entendu visés par ces allusions à nos ancêtres les moustachus, mais c’est tellement long et complexe que je vais botter en touche pour cette fois. Surtout qu’on va encore souligner mes incompétences en matière de rigueur et de clarté, 1 sur une échelle de 1 à 5, 1 étant la pire note (à moins que ce ne soit l’inverse)

• Car en effet, en attendant, la France moche, elle vous paye un bilan d’évaluation de vos éventuelles compétences…

Comme vient de me le faire subtilement remarquer Ghislaine, ma conseillère ès en mes compétences (une fille qui, si Nico passe, malgré la francisation de son prénom, va devoir se le répéter tous les jours que sa grand-mère était gauloise et non pas marrackechienne), Ghislaine qui a installé un système rudement malin qui lui permet de me voir depuis Meylan sud.

• Au fait, pourquoi Grenoble ? Pourquoi pas Ris orangis sur glavioses ou Créteil sur bitume ?

Ça aussi, ça sera pour un autre post. Mais Japon, si tu savais, Dieu que tu me manques…