Borat caca

Si vous aimez les blagues bien grasses, à base de caca, de nénés et de branlettes (ouille les mots clé, va y en avoir encore qui vont cliquer par ici et être déçus…), si de surcroit, vous êtes antisémite et misogyne, courrez voir Borat !!!!

C'est lourd, c'est gras, c'est drôle (un petit peu) au début mais passé le premier quart d'heure où l'effet de surprise disparaît, c'est carrément saisissant de stupidité humaine et quelque peu gênant si vous êtes accompagné d'un ressortissant du Kazakhstan, d'un Juif ou d'un Texan… sans compter que passé la première ½ heure, vous vous demandez, so what, où veut-il en venir le monsieur ? Quel est le but de tout cela (de ce ticket à 7 €) ?

Les tribulations d'un décalé de la civilisation de l'Est accompagné de son producteur (enfin quelque chose comme ça, un gros dégueulasse dont vous pourrez rire à gorge déployée un peu plus tard dans la scène où il est poursuivi tout nu par un Borat également nu), ça aurait pu être sacrément drôle, s'il y avait eu un minimum de respect pour les indigènes rencontrés (les Américains comme les Kazakhs qui paraît-il étaient roumains), et un minimum de délicatesse et d'imagination dans les dialogues et les aventures de ce grand dadais moustachu obsédé par les juifs, les gitans et les gros nénés portés par des blondes.
 
Je n'aime pas jouer les mijaurées concernant les blagues juives ou sexistes mais encore faut-il que ce soit drôle et que ça amène à une réflexion quelconque (les blagues les plus drôles étant celles que les femmes ou les juifs font sur eux-mêmes). La chasse au juif du début (une marionnette géante figurant un juif qui s'enfuit, poursuivi par une horde de kazakhs) ou la scène où leurs hôtes juifs, chez qui ils se sont réfugiés par inadvertance pour passer la nuit, se transforment dans la nuit, selon eux, en cafards à qui ils jettent de l'argent pour avoir la vie sauve, laisse une grosse impression de malaise. Difficile d'oublier que le délicat Adolf Hitler, un autre obsédé, avait en son temps comparé les juifs à des cafards rampants…

De qui se moque-t-on et pourquoi ? Les scènes scato de même, vous plongent dans un certain désarroi presque coupable, à l'égard de ceux qui en font les frais. Du style, le Borat innocent sortant de table là où il est invité dans la haute, pour s'en aller aux toilettes (demandées plus qu'explicitement, on peut dire extrêmement lourdement) et qui s'en revient son caca roulé dans sa serviette de table (où est-ce que je le mets mississe ?) est un autre type de scène douteuse où on se demande, les kazakhs ignorent-ils réellement l'usage des toilettes en 2006 ? et quand bien même, faut-il infliger ceci aux dîneurs comme aux spectateurs (qui, soyons juste, riaient follement dans toute la salle) ?

Vous retiendrez du film l'idée que le Kazakh est antisémite, graveleux, ne sait pas utiliser les chiottes, se masturbe devant des affiches de femmes nues, est marié à une mégère, couche avec sa soeur, qui se fait par ailleurs violer par l'idiot de la famille qui s'est échappé de sa cage. Par ailleurs, l'Américain est coincé ou raciste, il est forcément pro-Bush ou pro-Jésus, le plus souvent les deux, ce qui le rend stupide et hystérique. S'il est étudiant, même s'il n'est pas texan, il est également raciste et sexiste, il boit de la bière dans un camping-car en parlant de sauter toutes les nanas des US (toutes des salopes, forcément).

J'avoue avoir vu qui plus est le film sans savoir que l'acteur s'était présenté avec l'équipe comme tournant réellement un documentaire sur l'expérience d'un Kazakh découvrant l'Amérique et sa société… Du coup, le malaise redouble encore car les gens rencontrés se seront donc fait rouler deux fois. Une fois au tournage car beaucoup sont choqués par le sans gêne et la fausse innocence de Borat, deux fois avec nous, les regardant se faire humilier. Certes certains sont antipathiques, forcément, un vieux texan anti-gays et pro-George Bush c'est pas follement sympathique, mais d'autres que l'on voudrait nous faire passer pour coincés et fermés, ne sont que simplement déstabilisés et légitimement agressés par le culot mauvais du Borat. Franchement, si vous receviez un étranger chez vous qui chie dans vos serviettes, incruste en fin de repas son amie prostituée, grosse et vulgaire, après avoir dit que votre femme était un boudin, vous réagireriez comment ? Rassurez moi ?!

En bref, ce film dont Alain Chabat clame sur les affiches "qu'il est le plus drôle de l'année" mérite qu'on s'en passe, quoique veuille nous faire croire l'incroyable campagne de bombardement publicitaire dont il bénéficie…

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