Un dimanche chez marraine Cécile 4

Dimanche, j'ai été déjeuner chez ma marraine, la bonne fée Cécile. C'est une des sœurs de ma mère, Carla Bosse, elle m'a été attribuée à la naissance et est supposée m'avoir couverte de vœux en se penchant sur ma boîte en plexiglas à la maternité.
 
Je suppose qu'elle a oublié l'amour, et quelque chose qui s'apparenterait à une vocation, à défaut de réussite professionnelle. J'ai beau être cossarde, velléitaire et bordélique, je ne voudrais parfois faire partie de ces gens qui bossent 15 heures par jour enchaînés à leur passion, fut-ce-t-elle la production en série de techniques de management dans la vente par correspondance. Au lieu de ça, je commence un roman le lundi, le mardi je suis déjà repassée aux nouvelles, le mercredi, parce que j'ai lu un article sur une jeune Cubaine qui a écrit un magnifique roman, à la fois léger et profond, sous la forme d'un journal intime, enfance et adolescence, je me mets en demeure d'écrire une histoire sous la forme d'un journal intime inventé, celui d'une Tintamarienne de 37 ans à la recherche de l'amour avec son tamis plongé dans les brèves de net façon chercheur d'or… pour tout arrêter le jeudi, plongée dans les affres de la non inspiration, de la non création et de la terreur de crever sans avoir connu l'amour d'une t… du cerveau (septième jour de migraine).

Bref, c'était pas la frite quand je suis arrivée chez marraine Cécile, qui avait préparé un déjeuner monumental, sans aucune compassion pour l'état de mes cuisses et de mes fesses dopés aux surplus de Noël.
 
–          Dis moi, elle m'a fait alors qu'on entamait le premier des vingt plats, je suis tombée l'autre jour sur ton « blog »…
 
Aïe, vu le ton, ça commençait mal.
 
–          Je t'ai bien retrouvée ralalala, avec tes grands coups de gueule sur les sujets « graves »… auquels tu n'y connais rien… les clochards feignants et les abonnés aux allocations familiales…
–          Mais euh…
–          Que connais-tu à cela ? hein ? Tu fais trois heures de bénévolat et tu as tout compris c'est ça ?
–          Mais euh…
–          Tu permets ?! Laisse moi parler !
 
J'adore ma marraine, moins cette façon qu'elle a de vous terroriser, ce qu'elle appelle, elle, « discuter »…
 
–          Et ton texte sur les caricatures… mais ma pauvre fille ouvre les yeux ! Cesse de donner dans l'angélisme ! Ces gens là sont  DANGEREUX !
–          Mais euh…
–          Tu permets ?! Tu n'y connais RIEN ! On a suffisamment lutté pour la liberté d'expression pour ne pas venir se faire terroriser par des fanatiques qui blablabla…
 
Marraine Cécile, par ailleurs, grande joueuse de harpe et de violoncelle, mais également psychothérapeuthe sophrologue, était lancée. Comme je commence à la connaître après toutes ces années et que son art de l'échange de données ne s'est pas amélioré, je me suis contentée de manger mon excellent repas. Au dessert, elle appelait à la lutte contre le voile et au café, j'étais partie regarder sur son ordinateur si par hasard j'avais reçu des messages virils.
 
Non. Bien sûr.
 
Je suis redescendue peu après, et elle m'a accueillie par un :
 
–          Tu t'es calmée ?
–          Oui, j'ai dit docilement.
 
C'était ça aussi mon problème en ce moment, ma non inspiration générale atteignait tous mes circuits et je me laissais marcher sur tout le long du corps sans moufter. Effectivement, je ne connaissais rien à rien, pour qui je me prenais pour écrire de tels billets d'humeur, je vivais dans la chambre stérile de mon château et je ne faisais que retraiter des informations entraperçues sur le net, comme tout ces gens qui sont persuadés d'être instruits du monde juste parce qu'ils lisent les gros titres des journaux ou avalent passivement le Jt de 20 H 00.
 
Marraine Cécile m'a ensuite donné, avec grande cérémonie, les coordonnées d'un jeune homme de 39 et demi ans, Timoléon, fils d'une de ses meilleures amies et qui, venant d'arriver sur Paris, cherchait à rencontrer des gens (des filles) pour sortir le soir. Marraine Cécile me donne souvent des tuyaux de ce genre, et souvent, ils sont percés. Il n'est pas rare que l'adresse internet ne soit même plus activée, ou que le fils se révèle une fille, marraine ayant confondu avec quelqu'un d'autre.
 
Ensuite, elle m'a tiré les cartes, un autre de ses talents avec celui de Socratienne (art de l'échange philosophique)…
 
–          Ma petite Marie, le bout du tunnel n'est pas loin… j'y vois de profil le visage d'un homme encore jeune, plein d'allant, aux spermatozoïdes en bon état de marche, ne travaillant ni dans la banque, ni dans le pétrole…
–          Est-ce que je vais mourir d'une t… du cerveau ?
–          Tu permets ?! Je parle !
–          Oui mais…
–          Pour rencontrer ce profil qui se découpe au fond du tunnel, il convient juste que tu envoies un message à l'adresse que je viens te donner… Timoléon pourrait bien être ce profil…
–          Mais est-ce que je vais m… d'une t… du cerveau ?
–          Je dis bien « pourrait bien être »… ce n'est pas sûr à 100%… mais tu ne perds rien à essayer !
–          Merci marraine…
 
Je ne sais pas s'il faut y voir un signe mais ma marraine, avec qui j'ai visité les châteaux Cathares, descendu le Nil et cherché des rideaux pour mon logis, est restée célibataire toute sa vie. Elle aurait eu une aventure de 25 ans avec un homme marié (elle en a à ce jour 62) qu'elle était persuadé voir un jour quitter sa femme. Pas très voyante sur ce coup là, la bonne fée.
 
Elle m'a donné une amulette pour que les méchants du travail ne me fassent pas de misère et aussi une sorte de pendule destiné à repérer les filous, c'est à dire les hommes mariés qui font les allées des Monoprix pour donner de faux espoir aux ex-jeunes femmes.
 
J'ai repris le train, elle habite en pleine forêt de Fontainebleau, tout à la fois rassérénée (les amulettes) et un peu déprimée (self défense zéro). J'allais envoyer un message à ce Timoléon, après tout, ça ne mangeait pas de main comme dit madame Irma qui s'embrouille souvent les expressions.

4 thoughts on “Un dimanche chez marraine Cécile

  1. Reply Tantine Fév 1,2007 15:50

    ben dis donc, prémonition ? et moi qui te parlais de migraines psycho-somatiques … on en dit des bêtises, des fois !

  2. Reply Aveline Fév 2,2007 18:16

    Et moi qui te disais de manger des épinards… Allez, tu reviens bientôt, hein la Marie !!! :sigh

  3. Reply Femme blanche Fév 6,2007 13:41

    Ca peut arriver à tout le monde, je sais, mais pas à toi, on ne le supporterait pas. Alors vivement que tout ça devienne un mauvais souvenir. Et que la vie reprenne ses droits !

  4. Reply ln22 Fév 6,2007 20:38

    avec mes conseils sur la spiruline, j\’suis pas mieux !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! reviens nous vite, on attend , ça nous tarde de te lire
    bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz

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