J’ai une question à vous poser

C'est ça, d'être en convalescence, on tombe fatalement dans le chaudron télé. Lundi soir, marre de lire, je me suis potichée devant l'écran, en me disant, tiens, je vais regarder cette fameuse émission J'ai une question à vous poser, avec des vrais gens et une fausse gens, l'invitée, Ségolène Royal que je n'avais jamais vraiment vue car je ne regarde habituellement jamais la télévision.
 
J'étais en effet tombée sur un article dans Télérama qui m'avait fait beaucoup rire au sujet du J'ai une question à vous poser de la semaine dernière, article dans lequel le journaliste relevait que l'invité, le faux gens, Nicolas la Menace, tournait fermement le dos au modérateur, PPDA (le mot lui seyait à merveille, je dois dire, car il m'est apparu salement vieilli le PPDA, complètement amorphe, le Poivre, là encore, ceci étant du au fait que je n'avais regardé la lucarne depuis des siècles…) qui a du alors attirer son attention : je crois que Ginette avait une question à vous poser au sujet du remboursement de ses lunettes… tout juste s'il n'avait pas été obligé de lui taper sur l'épaule, au Nicolas, le Patrick, youyou, une vraie gens a une vraie question à vous poser !!!!!

Je me suis donc potichée, durant une heure, après j'ai craqué et j'ai regardé un téléfilm sur la 3 (bof)…

Premier principe. L'invité reste stoïquement debout pendant au moins deux heures pour répondre aux questions des vrais gens invités, dont la véracité identitaire est un peu amoindrie, personnellement je trouve, par le fait que dès qu'ils posent leur question, une fiche anthropométrique, comme aurait dit le fou du roi Jacques Higelin, s'affiche à côté de leur personne. Nom, prénom, âge, métier, situation matrimoniale, nombre d'enfants. Ca nuit quelque peu à la spontanéité, et donc à la véracité identitaire, je dois dire. Ségolène m'est ensuite apparue comme une petite gravure de mode, façon hôtesse de l'air, se dandinant un peu sur ses escarpins, 2 heures debout bigre ! J'insiste sur le fait que c'est quasiment la première fois que je la voyais en vrai et je n'avais jamais réalisé à quel point elle avait un côté petite dame parfaite comme on en voit un peu partout dans la vraie vie.
 
Les questions sont regroupées par genre (Sécu, travail, retraite…) et donc, tout ça sent la méga préparation à plein nez. Ensuite, c'est fait de telle façon qu'à chaque fois, l'invité est forcément obligé de répondre que bien sûr, tout est prévu dans son programme. A moins de dire, écoutez, Ginette, vos lunettes, j'en ai rien à branler, vous pouvez vous les carrer là où je pense… tout est donc forcément dans le programme de l'invité, on peut supposer que ce dernier prépare ses questions avec ses vrais gens invités, et que chaque candidat ayant son dada, un point ou un autre est plus ou moins mis en avant.
 
Le point d'orgue, lundi soir, ça a été le travail et le handicap. Un monsieur en fauteuil roulant, atteint de sclérose en plaques, est venu témoigner au sujet de sa non place dans la société pour cause de maladie dégénérative engendrant un handicap très lourd (avec bien sûr, des précisions sur tous les ubuesqueries que vous valent les services administratifs quand il s'agit d'allocs, genre soyez vraiment malade un an et après, on vous versera la pension). Vient le moment où ce monsieur veut citer un ami américain, décédé depuis peu, et là, pris d'émotion, il doit s'arrêter… Ségolène Royal a laissé alors échapper un gémissement de profonde compassion et s'est dirigé "spontanément" vers lui pour lui tapoter le bras. Le monsieur a réussit à finir sa citation (ouf, je déteste personnellement ce genre de situation), la normalité, c'est le handicap, ou l'inverse, je ne sais même plus avec tout ça… Vraie scène spontanée ou mise en scène parfaitement orchestrée ? Personnellement, je me suis dit, le monsieur a été soigneusement choisi mais son coup de Trafalgar, lui, n'était pas programmé…
 
Le lendemain, pour m'occuper, je vais faire une petite balade au père Lachaise, et je croise deux dames d'âge mûr comme on dit. Je comprends qu'elles parlent de l'émission d'hier et notamment du passage avec le handicapé. L'une d'elle s'exclame :

  • Mais enfin ma pauvre Bernadette! C'est évident que c'était bidon! Que c'était prévu! Tout était prévu! C'est de la pure mise en scène!
  • Oh moi tu sais, je suis si naïve…

Bon ben moi aussi alors. Même si le doute persiste, malgré tout. Je n'arrive pas à croire que l'on puisse à ce point préparer ce genre de choses et ce monsieur, il est peut être handicapé, mais très bon comédien alors. Euh, j'ai une question à vous poser, Ségolène…

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