Une mémoire pour l’oubli*

Concert de soutien pour Gaza à l'Institut du monde arabe, dimanche 1er février…

De la musique certes, arabo-classique-arabe-crooner, arabo-rock et arabo-délirante avec l'Orchestre National de Barbès qui a fait lever la salle entière, même les plus âgées des fatmas, venues accompagner leurs filles. Mais aussi des témoignages très forts de médecins français partis opérer là bas. S'il y avait une chose à retenir à les écouter, au-delà de la souffrance, de la mort et de la peur, c'est l'étonnant courage de ce peuple palestinien toujours debout malgré des décennies de persécution,  entre bombardements, incursions de l'armée israélienne et le blocus qui tente de les briser entièrement à petits feux.

Et aussi et surtout cette hantise, partagée par tous les Gazaouis rencontrés, celle qu'on les oublie, que l'on passe à autre chose et qu'Israël ainsi continue son petit bonhomme de massacreur. Un des médecins est d'origine juive, et il précise qu'il se sent à ce titre particulièrement concerné, et meurtri, par ce qui se fait ici en son nom, et sa voix se brise quand il parle de ce peuple qu'il s'attendait à trouver couché au sol et qui se tient debout, faisant face à l'horreur, organisé et digne.

Emouvante Jane Birkin venue de l'autre bout de Paris pour être là, chanter a capella la Javanaise, frêle et douce devant une salle qui lui fait une ovation, parce que c'est elle et parce que sans doute aussi c'est bien la seule Européenne pur sucre avec Christian Olivier des Têtes raides, à se mouiller pour ceux que tant aiment à considérer comme des terroristes. Jane Birkin qui a tenu à saluer ceux qu'elle avait rencontrés à Gaza il y a quelques années… si d'aventure le concert leur était retransmis. 

On pense aux BHL et consorts, et on se demande quelles salades infâmes ils arriveraient encore à sortir à ceux qui sont venus témoigner de ce qu'ils avaient vu là bas. Au moins l'entarté (que j'ai entendu se pavaner il y a peu sur France inter) ne pourrait pas lui en remonter avec son « j'y étais j'y ai tout vu » (depuis la tourelle d'un tank israélien, faut-il encore le préciser ?).
 
Alors n'oublions pas ce qu'a fait subir Israël  à un peuple qui se comptait des coupables comme tout peuple mais surtout beaucoup d'innocents, à commencer par les petits Simouni massacrés à la tchetnik par une des armées les plus puissantes du monde, et dont cet éternel entarté de BHL a loué la retenue, jugement confondant de bêtise et de cruauté quand on voit le champs de ruines subsistant  suite au passage de cette si délicate armada. N'oublions pas et ce sans confusion : c'est à Israël et plus exactement à ses dirigeants de rendre des comptes pour ce qui s'est passé, demandons leur des comptes en commençant par faire pression sur nos propres dirigeants tel Sarko la (fausse) bécassine qui veut nous faire croire qu'il a œuvré là bas pour la paix alors qu'il a repris deux fois des nouilles avec les commanditaires de ce massacre après avoir rehaussé le niveau de partenariat européen avec Israël.
 
Et méditons le bon mot de ce groupe israélien, rock et courageux, qui a participé aussi à ce concert de soutien, "les histoires de murs finissent mal en général…"  
 
*Titre d'un livre de Mahmoud Darwich, Une mémoire pour l'oubli, Actes Sud, 1993

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