La quarantaine, c’est vieux ou c’est pas vieux ? 2



Déjà ça sonne comme une maladie qui menace. De là à penser
qu’à cet âge, on vous met à part, tels ces vieux que l’on écarte, que l’on
empile, dans les hospices ou les hôpitaux terminaux… 

Mais non, car 40 ans, quand on est ni un top
modèle ni une footballeuse, ce n’est pas (si) vieux que ça. Les 40 ans de notre
époque sont encore jeunes, car oui allez comprendre ce phénomène, en 2009, 40
ans, même pour une femelle humaine, c’est pas vieux, alors que pour nos mères,
si, c’était vieux, quant à nos grand-mères… Je ne vous parle même pas de celles
qui vivaient à l’époque de Balzac pour qui la femme de 30 ans était déjà une
super vioque, tout juste bonne à enfermer à l’asile avec les vieux (les vrais).

40 ans, c’est deux fois 20 ans. Deux fois l’âge d’un jeune
adulte, ça donne un super jeune adulte ou un début de vieux ?

En tout cas, de nos jours, et c’est ce qui compte, 40 ans
c’est pas si vieux que ça. Même pour
cette question douloureuse qui est la reproduction des mammifères, question qui
ne se pose qu’aux quarantenaires femelles ça va de soi, le mâle pouvant bercer
ses nouveau-nés jusqu’à l’hospice.

Je vous livre ainsi la pensée profonde de l’infirmière,
grand-mère plusieurs fois, qui m’a piqué le bras lundi matin en me
demandant si on comptait faire une frangine à Zébulon. Alors que prudemment,
avec la mine de circonstance, je répondais oui mais encore faut-il que ça
marche, je vais avoir 40 ans… elle m’a rétorqué d’un ton enjoué :

         
Oh 40 ans c’est plus si vieux que ça pour avoir
un enfant… quand j’ai débuté il y a 30 ans, j’étais infirmière à côté, au
service néonat, quand on voyait des femmes de 40 ans venir accoucher on se
disait entre nous… ohlala elle pourrait être grand-mère celle là, elle est
folle d’être mère à cet âge là (vis sur la tempe avec la seringue)… alors que
maintenant, pfuit (geste de la main, seringue vers le plafond), c’est jeune… la
vie a changé, on est plus en forme, avoir un enfant à 40 ans c’est devenu
banal… (et vlang, la seringue dans mon bras).

Avoir un enfant à 40 ans c’est devenu banal … sauf à
Granville et de façon générale, quand on s’éloigne de plus de 15 km du centre d'une grosse ville. Rencontre à Granville avec une vieille femme de 41 ans persécutée
par un gynécologue préhistorique qui, à chaque fausse couche qu’elle faisait,
ne savait que lui présenter ses statistiques montant que seules 0,0005%
d’inconscientes se reproduisaient à la mode Sarah de la Bible (sans lui fournir
aucun autre traitement ça va de soi) tout en lui répétant, fataliste, « vous
savez, l’utérus vieillit alors il accroche mal… en plus, chaque mois qui passe
vous voit devenir de moins en moins féconde…  ça vous fera 80€ ». Au point que la
malheureuse ignorant les jurisprudences Dati et consoeurs, se répétait ce même
discours, ne cherchant même pas à suivre un vague traitement qui aurait pu l’aider à faire remonter les statistiques, elle qui n’était d’ailleurs pas si mal partie que ça puisqu’elle
arrivait à tomber enceinte.

Bref, 40 ans, c’est vieux et c’est pas vieux.

C’est une question de regard, de position dans la vie…
Jonathan Coe, interviewé dans Télérama,
et qui va allègrement sur ses 48 printemps, note qu’à 40 ans, ce n’est pas
qu’on est vieux et cuit, c’est juste qu’on devient plus grave, on se sent
fatalement plus concerné par la maladie, la mort, la légèreté est devenue
difficile. Tout un programme…

Au fond, ce n’est pas tant l’âge que je trouve déprimant, c’est
plutôt les considérations du style, 40 ans c’est la moitié de ta vie, et
encore, si t’échappes au cancer de la quarantaine. C’est la gynéco qui vous
fait illico une ordonnance pour une mammographie avant même que vous ayez
soufflé vos 40 flammes olympiques. Ce sont ces petites phrases, comme ce parent
d’élève prenant à témoin une amie quarantenaire en lui parlant de « ces
parents trentenaires -comme nous- de bambins en cp », ou cette jeune femme
croisée à la PMI et me parlant d’amis à eux « plus vieux que nous tu vois…
dans les 40 ans quoi… ».

A ce propos, vaut-il mieux faire son âge et éviter ainsi ce
genre de confusions… mais du coup avoir vraiment
l’air d’avoir 40 ans, donc l’air vieux ? Ou vaut-il mieux avoir l’air plus
jeune, sachant que plus jeune, ça peut vouloir dire éternelle enfant, éternelle
petite chose à l’orée de sa vie qui n’a toujours rien vécu (alors que sa mort
approche tout de même nom de nom…).

Car se pose, enfin et surtout, la question de la maturité
qui dissimule mal celle de la réussite personnelle.

Or, personnellement, puisque je suis ici concernée, si je
dresse une colonne avec les + et les -, dans la colonne des +, je peux me
déclarer satisfaite de cette chose certes banale mais miraculeuse à mes yeux,
un jules + un moutard, échappant ainsi au moins à l’horrible hantise des femmes
seules de 40 ans qui peuvent raisonnablement se demander si elles arriveront un
jour à avoir un enfant.

Sinon…

D’aucuns me diront, sinon ajoute donc à cette colonne de ++, Ta
femme blanche publiée… or, si je veux bien la prendre en compte comme un +, je
ne la considère cependant pas comme une réussite, un signe de maturité (celle d’une
œuvre aïe). Ce n’est jamais que 10 nouvelles publiées, lues au mieux pour un
demi-millier de personnes (si je compte les morts comme les Tibéri), un livre à
peine né que déjà enterré, réunissant un cinquième au plus de tout ce que j’ai
pu écrire, n’escomptant d’ailleurs même plus comme l’Amélie pouvoir un jour ouvrir
mes tiroirs une fois le succès arrivé, pour lancer dans la lumière du jour les
cohortes d’histoires qui n’ont pour l’heure pas eu le droit d’exister. Sans
compter que…

Sans compter que je vis depuis bientôt deux ans avec une non
muse, colloc de hasard venue s’installer dans une des pièces du palais au
moment où j’émergeais des urgences de la cervelle, demeurée ensuite sur place
soit disant pour s’assurer que je m’occupais bien du bébé… et désormais bien
décidée à prolonger le squat étant donné le prix des loyers, tout en veillant à
ce que l’idée saugrenue d’écrire à nouveau ne vienne surtout pas se saisir de
moi durant ce congé dit d’éducation parentale.

Sans compter la Parfaite qui elle rajeunit au fil des ans et
qui s’apprête à publier son énième roman qu’elle présentera au Salon du livre
en compagnie de Jonathan C.

Sans compter le poste d’employée de bureau qui m’attend au
détour du printemps et qui va avec le mot réussite professionnelle ou du moins
épanouissement personnel en milieu travaillé, comme monseigneur williamson avec
le grand rabbinat de Jérusalem.

Sans compter…

Allez, je compte jusqu’à 40 en soufflant bien fort avec la tempête
et ça ira ce que ça ira.

2 thoughts on “La quarantaine, c’est vieux ou c’est pas vieux ?

  1. Reply ln22 Fév 15,2009 19:42

    happy birthday §!!!!!!!!!!!!!!
    et pis 40 ans c\’est 4×10 ans ! 4 moments de la vie et encore plein à vivre
    big bisous et le meilleur est à venir………………….
    la jeune trenteneuf-aire

  2. Reply ln22 Fév 15,2009 19:42

    happy birthday §!!!!!!!!!!!!!!
    et pis 40 ans c\’est 4×10 ans ! 4 moments de la vie et encore plein à vivre
    big bisous et le meilleur est à venir………………….
    la jeune trenteneuf-aire

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