Montreuil et ses Roms 2

Montreuil est une ville à la tradition militante ou du moins associative. Les gens aiment à s'y réunir pour discuter de leur quotidien commun et aussi des problèmes de leur quartier.
 
Question problèmes de quartier, on peut dire que la Marie a été servie en allant traîner sa robe de princesse dans la salle de classe de l'école voisine… Le sujet était : le déménagement du squat de roms installé dans une rue à côté. De fait, la question a été le prétexte au déversoir d'une avalanche de frustrations, de rancœurs, d'appels à l'expulsion (une petite vieille pourtant à l'air angélique brandissant une convention de Schengen qui autoriserait selon elle à fiche les Roms à la porte…).

Les deux élus présents ont fait face en temporisant, expliquant que cette première expérience -un campement rom installé à la sauvage dans un terrain délaissé et que la Mairie s'est retrouvé obligée de gérer au pied levé- leur avait beaucoup appris (voui) et qu'ils espéraient bien ne plus refaire les mêmes erreurs  (re-voui)-du style, ne pas tenir compter des nuisances pour les populations sédentaires environnantes- alors qu'ils s'apprêtaient à le déplacer dans le haut Montreuil qui est le Montreuil déshérité -pas très bonne idée ça- pour une durée qu'ils ont juré  ne pas dépasser un an. Après, promis juré, il s'en ira définitivement plonger ses racines dans le Bas Montreuil (le tendance boboïsant) près de la porte du même nom sur un terrain parfaitement adapté (à voir la concentration urbaine du coin on a quelques doutes).
 
Voilà voilà mais les choses ne sont pas si simples…

Au premier rang, une brochette de dames très remontées, la quarantaine, mères de famille ayant pignon sur rue si j'en crois les échanges doux amers entre elles et le plus âgé des élus. Enumération virulente des différentes nuisances rencontrées depuis plusieurs mois : fumées à base de plastique (ou tout autre matériau récupéré par les squatteurs pour se chauffer) s'échappant des boxes de garage dans lesquels les Roms vivent, multitude de cacas et rivières de pipis dans les rues alentour, sans oublier les jardinets, les pelouses voire les halls d'immeubles, pré-ados pour ne pas dire bambins grossiers bousculant les mères de famille ou les mémés dans les bus sans s'être acquitté de leur ticket ça va sans dire…

Voici en vrac le sac pas franchement Chanel déversé par ces dames, dont une petite vieille façon Chacun cherche son chat mais abonnée aux gros cabots qui s'égosille régulièrement (et assez drôlement) sur le mode marchande de poissons. Une des femmes cite la phrase désormais gravée dans le béton armé de Michel Rocard : « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde… », ce à quoi le plus âgé des élus se fait un plaisir de lui rappeler la suite que l'on oublie toujours, à savoir « … mais elle doit aussi en prendre sa part ».
 
La Marie se tasse sur sa chaise, car si elle aussi trouve que de prime abord du moins, les Roms ne sont pas franchement la communauté la plus sympathique du globe, il y a comme un relent braves gens nés quelque part contre lie de la terre qui ternit le bas de sa robe de princesse.
 
Une femme qui fait curieusement un peu bourgeoise 16ème arrondissement avec son mari, bronzé, grand et lodené, explique qu'elle n'en peut plus de ce quartier devenu sale et inquiétant, avec ses bandes d'ados roms agressifs… sans oublier ces fêtes de nuit perpétuelles car la différence culturelle veut que le Rom fasse la fête la nuit quand l'honnête salarié tente de dormir avec ses anxiolytiques à portée de main, son mari ayant même dû descendre une nuit à 3 heures du matin en raison de coups sourds et inquiétants retentissant en bas de chez eux. Il s'est alors retrouvé nez à nez avec un gigantesque Rom « d'au moins 2 mètres » qui brandissait une hache… vu qu'il était en train de couper du bois pour leur feu de joie.
 
La princesse Chotek ne peut s'empêcher de pouffer avec sa voisine -64 ans de quartier et pourtant très remontée-, car le Rom, et de façon générale le ressortissant de l'Europe de l'Est, ne brille pas précisément par sa haute stature. Le mari de la dame leur jette un regard pas content, lui aussi est très en colère, il n'a pas sué toute une vie pour se retrouver avec un pavillon cerné par la pisse de Rom. En plus, précise-t-il, cette racaille chaparde dans le cimetière, ils font le mur et visitent les tombes. Des fleurs pour agrémenter leurs boxes de garage ? Et le retraité d'expliquer d'un ton rogue que c'est pour le laiton, le bronze, dont ils font traditionnellement commerce…
 
Un homme, plutôt jeune, proteste, non mais qu'est-ce que c'est que cette assemblée, j'entends de ces choses, je suis atterré, et qu'on leur paye l'eau, le bois, tout ça avec nos impôts… et que c'est trop, non mais vous avez vu dans quelles conditions ils vivent et dans quelles conditions nous vivons nous ? Une femme, façon vierge folle, se lèvera plusieurs fois en émettant  le même lamento : mais vous, vous, qu'est-ce que vous en savez de notre misère à nous hein qu'est-ce que vous en savez….? Et une autre d'arguer qu'elle a élevé seule ses deux enfants sans rien demander à personne. L'ex-princesse Chotek se demande avec angoisse ce qu'elle pourra avancer quand son tour viendra de justifier d'un niveau correct d'effort (ou de misère) de vie. Mol auteur en congé parental, ça risque de pas passer comme sur un air d'accordéon… Parmi le chœur déchaîné des ménagères du quartier, une vieille dame pose d'une petite voix une question au sujet de la scolarité des enfants roms en finissant par « et puis aussi je voudrais ajouter, ce sont quand même des êtres humains… ».  Elle se rassoit toute douce, avec son chignon sage, comme l'est aussi celui de ces autres vieilles dames de l'assemblée et qui elles éructent contre tous ces Roms…
 
Bref, rien n'est beau, rien n'est romantique dans ce camp de nomades modernes, on est bien loin de Gadjo Dilo, Lacho Drom et autres gitaneries du même genre qui feraient grincer plus d'un violon parmi ces dames.
 
Non, le Rom n'est pas cette âme folle qui joue sur son violon un petit air de liberté et de sagesse qui fait peur au bourgeois (qui est propre) comme à l'ouvrier installé (et qui sue lui) mais il semble que le Rom sale et méchant ne soit pas non plus l'image unique et juste à avoir du Rom en nos villes. Entre les deux, quelques réalités, un peuple chassé de partout, nomade et pouilleux, vivant de mendicité et de chants douteux dans les métros sans oublier les fonds poche et sacs visités, sans doute assez habile à tirer les ficelles de l'aide sociale mais également un peuple de mal logés, mal traités, un peuple qui s'il voulait s'en sortir, collectivement, aurait toutes les peines du monde si on en croit par exemple une directive adoptée par la France (citée par un des 2 élus présents mais qui paraît si folle qu'elle demande à être vérifiée) et qui imposerait à tout patron désireux d'embaucher un citoyen roumain ou bulgare à verser 900 € à l'Etat et attendre plusieurs mois avant de pouvoir embaucher ce qui semble bien être une pure perle ouvrière.
 
En tout cas, en matière de conclusion, la Chotek elle vous dit, écoutez pas ce qu'on vous dit, Montreuil c'est pas si bobo que ça.

2 thoughts on “Montreuil et ses Roms

  1. Reply jitan de montreuil Mar 4,2009 01:03

    il faudres que toulmonde puise vivre ensanble an paix je suit un rom franses nez a montreuil depui 40 ans jaimeres dones mon avit sur la question des rom roumin toulemonde se pose bocou de question il iya bocou de reponse la tache ne va pa etre fasil croiyer moi je voudres osi vou dire que nou rom sitoiyen de montreuil depui der jeneration nous some osi des scoiteure poure une partie dentre nous es rien a se joure a ete prevut aucune reponse de la merie depuit longtan abiento ps jaisper quil ya une solution

  2. Reply générosité... Avr 2,2009 19:47

    Ce serait une bonne chose que les gens qui ont mal au cœur en voyant la condition des roms s\’investissent personnellement dans cette cause, et non en paroles et exigences. La communauté n\’a pas les moyens ni l\’envie de pourvoir à l\’entretien et au confort de groupes qui ont choisi de venir en France sans demander l\’avis de qui que ce soit et qui désormais, encouragés par des âmes sensibles, réclamant des \ »droits\ ». Donc, amis des Roms, ouvrez vos maisons et vos jardins, vos réfrigérateurs et vos comptes en banque, et cessez d\’attendre des Français dans leur ensemble qu\’ils partagent vos idées. C\’est irréaliste et prétentieux. Et cela n\’arrange en rien le sort des Roms, à qui ces comportements donnent de faux espoirs. La crise va sans doute éclaircir la situation: la misère plus visible des français les plus modestes, moins folkloriques, certes, devrait en faire réfléchir certains.

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