De la mère dévouée à la feignasse anti-sociale

Il y a eu la mère dévouée, de la sainte vierge qui avait arrêté
ses apparitions pour mieux s’occuper de son p’tit Jésus, en passant par
la mère moyenâgeuse qui s’occupait de ses enfants en filant la laine dans son
château assiégé par les barbares ou les gueux, jusqu’à la mère aux seins à l’air
qui délivrait la capitale de ses rois et reines mangeurs de brioche sur le dos
du bon peuple et de ses enfantelets.



Il y a eu aussi les mères qui faisaient allaiter leurs
enfants par des nourrices champêtres qui, la plus bonne nourrice ne pouvant
donner que ce qu’elle a, laissaient ainsi leurs propres enfants dépérir le gosier à
sec. Il y a eu les mères à nurses, qui se faisaient apporter par ces dernières,
à heures fixes, leurs petits bien nourris bien propres et bien régulés entre
deux tapisseries, deux thés ou deux jeux de l’esprit. Il y a eu les mères clouées
au foyer, sacrificielles en toute chose, à commencer par elles-mêmes, au
service de leur enfant mais aussi de leur mari, interdites de divorce quand ça
tournait (souvent) vinaigre, parce que la loi et aussi et surtout la dépendance
financière. Des générations de femmes martyres, enchaînées à vie à un mari
volage, violent, vineux…

ll y a eu aussi et enfin le vent de libération
féminine, qui a dû souffler sur toutes les Annie Ernaux qui crevaient à petits
feux dans leur foyer (lire et relire La
femme gelée
), faisant tourner la maison avec les repas entrée-plat-dessert,
le combat perdu d’avance contre la poussière et les listes de courses
interminables, essayant de trouver La petite heure de la journée qui leur
permettra de se retrouver elles-mêmes.

Il  y a eu dans toutes
ces années là, la Grande Simone qui a secoué les branches du pommier et poussé
les femmes à vivre pour elles-mêmes, à l’égal des bonshommes, et qui du coup, a
fait des femmes au foyer des victimes passives ou actives de cette non-vie imposée
par le mâle. La Grande Simone qui, d’une pierre deux coups, a fait des mères,
non plus des déesses, mais des ventres sur pattes, des esclaves de leur triste condition
de reproductrice de l’espèce…  

Mais à ces époques également, il y a eu dame Dolto, mère et
médecin psychanalyste, mère et honnête travailleuse, faisant le lien entre l’enfant
et l’adulte, l’enfance et la maternité… et le travail puisqu’elle était mère
et travaillait, et travaillait qui plus est avec l’enfance !

Dans le même mouvement, années 50, 60,70… il y a eu donc la
montée en grade des femmes sur le marché du travail, leur entrée dans les
écoles d’ingénieurs, Normal Sup et toute autre institution prestigieuse, il  y a eu l’éclosion des femmes  chefs, des femmes ingénieurs, médecins, commissaires,
députées (mais peu), ministres (mais encore moins)…

Et maintenant ? Après la mère dévouée  et sacrée, après la mère vache à lait, la mère
femme-ratée puis la mère libérée, voici venue la mère anti-sociale, parce qu’anti-productive,
la mère feignasse qui préfère prendre un congé parental pour s’occuper de son
marmot les trois premières années de sa vie (ou les une ou les deux années…) plutôt
que de se retrousser les manches et suer à enrichir la Nation.

Mais le nain de la
crèche l’a finement observé : si beaucoup de femmes prennent un congé parental,
c’est faute de trouver un mode de garde satisfaisant, c’est pourquoi il propose
de réduire la durée du congé parental et ce, afin que ces malheureuses ne
soient pas trop gênées dans l’évolution de leur carrière. Logique de fou,
logique de sous… Sûr qu’avec une Dati qui repart au turbin 5 jours après avoir
pondu, comme une que son mac siffle (même si c’est elle qui se siffle toute
seule), ça ne fait pas de la pub pour passer plus de temps avec son enfant. Et
c’est certainement pas le Sarko ni même sa femme Carcilia qui s’est levé la
nuit pour donner le sein à ses fistons, passer des heures à jouer à
éteindre-allumer-éteindre tous les interrupteurs de l’appartement, profiter du
soleil au square d’en face pour faire ses premiers pas, chanter des comptines, prendre le temps des
papouilles loin de l’ogre Travail et de la pieuvre bouffeuse de temps qui met
toujours sa patte sur la vôtre sur la barre du métro en vous demandant, c’est à
la prochaine que vous décédez ?

Mais de toute façon, ce n’est pas la carrière de ces
pétasses qui turlupine le Sarko. Non, ce qui titille le nain de la crèche (où y
a pas de place), c’est avant tout cette économie de bouts de chandelles qu’il
se réjouit de faire parce que le congé parental donne lieu au versement d’une
allocation de 550 € durant six mois si c’est pour un premier enfant,
durant les 3 ans s’il y a plus d’un enfant à charge. Je le vois comme si j’y
étais, ce nabot plein de tics, tapant fébrilement sur sa calculette dans l’avion
le ramenant de Bagdad, tout réjoui de voir l’argent retourner dans ses caisses
et ces feignasses, ces connes qui veulent passer du temps avec leur enfant,
retourner suer au turbin. Et pour faire encore sonner un peu plus son tiroir
caisse, hop, je te supprime la première année de maternelle… Et tant pis pour
toute cette France de la cave qui galérait déjà à trouver où faire garder ses
enfants avant la maternelle, ils n’ont qu’à pas se reproduire et hop une pierre
deux coups, des pauvres en moins !

La France était enviée pour sa politique d’aide familiale,
qui se traduisait par un fort taux de natalité, mais avec un Sarko en petit
père du peuple (qui peut-être pensait que ce fort taux de natalité était dû à
la folle sexualité de ses ouailles ?), nous voilà assurés de redevenir
comme tout le monde.  Et puis la société va déjà tellement bien avec ses
enfants à clé autour du cou, ses enfants placés de 7 h 00 du matin à
19 h 00 le soir en institution (crèche, garderie, école), gardons le cap !

Moi c’est simple, la culpabilité que j’éprouve parfois à ne
pas bosser (en ce moment du moins), s’envole définitivement quand j'entends de telles salades qui ne visent jamais qu'à rogner un peu plus le fromage commun dans cette vaste fromagerie dirigée par un berger sans scrupules.

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