L’effet Parti socialiste

Ça vous fait pas ça vous dès fois l’effet Parti socialiste ? La sensation de piétinement, voire d’enlisement, toujours les mêmes questions qui se posent et se reposent (du type, au hasard, que faire dans la vie ?) suivi par un plan de bataille, avec résolutions d’auto-rénovation, réformes et tout le titoum. On étale, on met bien à plat sur une feuille ou en soi, toutes ces choses que l’on va changer, toutes ces résolutions que l’on va tenir, on remue, on fait plein de poussière, on sort de réunion plein d’espoir…  et puis la poussière retombe. Quelques mois après, façon promesse d’alcoolique, les choses n’ont pas bougé, on git toujours dans le vieux canapé défoncé de sa vie ordinaire.

On est toujours dans le même boulot, à se dire que la vie vaut bien mieux que ça, adieu bilan de compétences, candidatures spontanées, création d’entreprise. On était célibataire ?On est toujours seule, sans jules, on s’était pourtant bien juré de s’inscrire sur un site ou d’aller tester une psychomachintrucchouette qui vous débloque le blocage en un tour de manivelle à 75 € la séance.On se rêvait écrivain ? On écrit toujours pour son disque dur, on n’a mêmepas envoyé un manuscrit à un des éditeurs de la liste rangée dans le tiroir (sous les manuscrits). On était grosse et grasse ? On a laissé choir la gym et puis le régime, on n’a peut-être pas grossi mais certainement pas maigri non plus, on regarde les kilos qu’on s’était juré de perdre, étalés sur la feuille comme des échéances de remboursement mensuelles…

La vérité c’est que comme au PS, on a neutralisé la réforme en en parlant au lieu que de la mener à bien, on a fait de l’esbroufe, on s’est dit que de dire qu’on allait changer, c’était déjà un peu changer. On a encore gagné un peu de temps sur… sur on ne sait quoi mais sur quelque chose qui ne sera peut-être pas très agréable à la toute fin dernière.

Tout ça jusqu’au prochain coup de semonce, tiens pan, nouveau nouvel an, seule avec son chat, ou en famille, annonce de licenciement, rupture, et on se refait le coup de la grande réforme, du grand changement, du véritable bouleversement… sauf qu’au contraire du parti socialiste, on ne va pas jusqu’à dire qu’on va changer de nom (quoique) pour y arriver.

Parfois on se sent dans la peau d’une Martine Aubry, qui, paraît-il, s’emmerde à la capitale quand elle s’épanouit dans sa ville à faire visiter les salles du musée municipal dévolues aux conditions de vie des foyers de l’ex Europe de l’Est. Comme Martine, on se sent responsable de ce grand parti en déliquescence, on est l’aînée, on doit assurer, sauver les apparences à défaut de pouvoir mettre les meubles à l’abri. On ne se sent pas aimé pour autant, on est moqué, pour soi, de son physique, de sa provincialité, de son côté scolaire, on ne fait pas des étincelles. On ne sera jamais véritablement première de la classe, on a été élue faut de mieux mais il faut continuer, on a une mission nom de nom.

Parfois on se sent l’âme d’un réformateur, côté extrême gauche, façon Jean-Luc Mélanchon, on se dit que tant qu’à faire de piétiner sur cette terre, on va prendre le large, on se voit soudain radical, quitter le job qui tue d’ennui ou au contraire vous dévore tête et coeur, partir loin, très loin, à pied, en vélo, à la voile, à moins qu’on se réoriente vers le social, qu’on sauve la Planète, qu’on déménage au moins au vert nom de nom.

Parfois, on redevient raisonnable. Et même opportuniste. Façon Manuel Vals. On lorgne sur sa droite. On se dit qu’on ne peut pas lutter encore à son âge contre la réalité, il faut tenir son rang, abandonner les chimères (théâtre, littérature, agriculture bio, route de la soie à pied…) pour rentrer dans la carrière, on va postuler à un autre poste, plus responsable, se hisser du B3 au A- pour finir en A+, commencer à peut être passer des concours, pourquoi pas l’ENA tiens, on y vient, on y vient… On s’investit comme on dit. On finira bien par prendre la place de Martine (qui s’ennuie).

Bon et puis dès fois, on change de parti. On se met à voter vert alors qu’on était rose depuis sa naissance. On passe à l’UMP comme Besson le pantalon. Et là je sèche, je ne sais plus bien qui on est à ce stade… 

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