La brute, le truand… et le mufle


C'est facile de s'indigner
vous me direz quand on regarde nos western modernes et quotidiens qui mettent
en scène des brutes, des truands et des mufles (je cherche encore les bons).
C'est facile mais parfaitement irrépressible à la lecture de certains faits. 

Lundi, lu dans Libé que
Schwartzy les gros bras, et le pois chiche à la place du palpitant, confronté à
ses gros trous dans son budget a finalement décidé d'enlever un paquet de
millions (50) aux enfants les plus pauvres (adieu couverture santé de plus d'un
million de petits californiens indigents), quelque 50 autres millions aux
enfants handicapés, 52 autres encore à la lutte et à la prévention contre le
sida, sans oublier 6,3 millions fauchés aux personnes âgées et 16 aux femmes
battues. Tout ceci en épargnant les plus fortunés de son Etat qui ne se verront
donc pas ainsi soumis à une augmentation de leurs impôts (c'est là paraît-il
selon the charming governator la part du « good » dans ce mauvais
western). Schwartzy tu es une brute. 

Mardi, lu toujours dans Libé
une enquête sur l'usage fait par les députés français de leur IRFM (indemnité
représentative de frais de mandat) suite à la publication volontaire sur
internet des notes de frais de 3 députés socialistes. Cela dit en passant, si
c'est sans doute un effort louable de transparence de ces derniers, c'est par
certains côtés si approximatif et si invérifiable surtout, que l'on demeure
toujours immanquablement persuadé que son député fait royalement ce qu'il veut
avec son enveloppe de défraiement (en définitive, et pour le moment du moins,
pas franchement contrôlée). 



Lu également dans ce même
article, cette réplique inénarrable de François Grosdidier, député UMP de
Moselle, indigné qu'on vienne lui demander si médiocrement des comptes :
« on a parfaitement le droit d'aller bouffer au resto dans le cadre de notre
fonction sans que cela regarde le concitoyen »  (c'est pas ce que tu as bouffé mon gros qui
nous intéresse mais pour combien) et ce cri du cœur de la députée UMP Arlette
Grosskost « et vous les journalistes vous rendez des
comptes ? ». Personnellement je ne rémunère pas les journalistes avec
mes impôts donc de ce point de vue
là, contrairement à mes députés payés
avec mon argent, je n'ai pas de
compte à leur demander. Mufles.
 
Enfin, vous apprécierez sans
doute tout comme moi cette sortie d'un député (dont le nom est tu et ça vaut
sans doute mieux) « on ne gagne déjà pas assez, vous n'allez pas venir
nous emmerder avec ça… ». C'est vrai qu'avec plus de 5200 € mensuels, par
les temps qui courent et pour se traîner parfois une fois par mois à
l'Assemblée (c'est la députée maire d'Aix en Provence qui s'en serait vantée…),
c'est presque de l'argent de poche. Mufles encore.
 
Je ne sais si, les
concernant, on peut également parler de brutes ou de truands (on peut espérer
qu'au moins avec leur IRFM les députés ne payent pas des tueurs à gages), mais
de mufles très certainement. Ces blancs innocents, ces honnêtes travailleurs
qui jouent les vertus indignées et qui ont vite fait de s'abriter derrière
l'accusation de poujadisme pour qualifier nos critiques de minables petits
salariés cotisants (ah ce Poujade, est-ce quand dans 125 ans on nous le sortira
encore dès qu'on vient chatouiller les élus sur l'usage de nos fonds ?). On
va finir par se dire que poujadisme rime avec sens critique et moralité, on
marche sur la tête…
 
Enfin, pour terminer en beauté
ce mauvais western, ayons une pensée émue pour ces banquiers américains qui,
après avoir touché des milliards de l'Etat accouru à leur secours, n'ont pas
réussi à s'empêcher de se verser un épais bonus (alors qu'ils avaient promis
juré de s'en abstenir au moins pour cette année). Que voulez-vous, ce n'est
même plus la faute du Système, le bonus, chez ces financiers des banques, c'est
aussi irrépressible que la pulsion de vol chez un kleptomane laissé en liberté
dans un supermarché non surveillé, ça devrait même presque être pris en charge
par l'Assurance maladie des indigents (ah bon, il n'y en a plus dommage). Et ne
venez pas, surtout, encore une fois, après nous avoir fait ci-dessus le coup du
poujadisme primaire, pratiquer maintenant un anti-banquisme tout aussi ras les
pâquerettes…

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