Passé 40 ans, sa jeunesse est derrière soi… la vie aussi ? 1

Quand ceux nés à la fin des années 70 commencent à faire de jeunes trentenaires
Quand vous commencez à avoir plus de 15 ans d'écart avec les stagiaires
Quand on ne vous dit plus jamais mademoiselle
(JAMAIS)
Quand le coiffeur vous tarabuste jusqu'à la caisse pour que vous teigniez vos cheveux blancs (ah la teigne)
Quand certains morts, âgés à vos yeux quand ils sont morts, ont maintenant votre âge ou presque
Quand les dates sur les pierres tombales vous font dire après un laborieux calcul mental, ah quand même, il ou elle a pas mal vécu, et que vous réalisez que vous avez le même âge
Quand vous parlez en termes de génération concernant la tranche d'âge du dessous
Quand vous trouvez que les jeunes font trop de bruit
Quand vous réalisez qu'ils pourraient être vos enfants
Quand dans le cabinet de votre ministre de tutelle, il y a des grosses têtes nées la même année que vous
Quand dans le cabinet de votre ministre de tutelle, il y a même des grosses têtes (bien) plus jeunes que vous
Quand la cinquantaine est plus proche que la trentaine
Quand l'âge de la retraite est plus proche de vous que vos 20 ans (mais grâce aux réformes, cet âge là s'éloigne… et les 20 ans se rapprochent donc !)
Quand vous vous retrouvez à expliquer votre itinéraire personnel à la stagiaire et que ça prend plein de minutes… et que vous sentez qu'elle décroche…
Quand…

Quand tout cela est constaté, on se dit avec une sorte de sagesse (fatalité), ma jeunesse est derrière moi. Mais sa vie ? Est-elle aussi derrière soi ? Non bien sûr, les quadra, quinqua, sexa, octa et autres sont là pour vous dire le contraire au besoin à coups de gifles (ou de canne). Il n'empêche. Surnage cet affreux sentiment que quelque chose est bien fini.
 
On ne sera plus jamais jeune.

Passe encore si on a été vraiment jeune. L'antidote encore la plus sûre pour ne pas déprimer de ne plus être ça, jeune, doit être de se dire qu'on a été un vrai jeune, qu'on a bien vécu, qu'on s'est adonné à la pratique des 400 coups tant prêtés à la vingtaine, et qu'en conséquence de quoi, jeunesse étant bien bue, vieillesse sera bien cuvée.
 
A 20 ans, il faut ainsi avoir agit, régulièrement, naturellement, sans se soucier des conséquences, dans la quête la plus pure de son bon plaisir (ne pas forcément penser à des choses sexuelles) pour considérer qu'effectivement, on a été un vrai jeune de 20 ans. Bon, cela peut être aussi, de façon plus noble, avoir pris des risques que seule une jeunesse osera prendre, genre avoir combattu les nazis sous l'occupation alors qu'on savait à peine la différence entre une grenade et un bazooka ou bien être parti sauver les enfants bosniaques des Tchetniks qui menaçaient leur existence, limite persuadé que la Bosnie se trouvait en Afrique.
 
Qui donc a fait les 400 coups à 20 ans ? Levez la main… Un certain nombre de mains levées… jeunes gens foufous, femmes libérés, cascadeurs, porteuses de valise, aventurières, étudiants à la fibre humanitaire… peuvent-elles me dire ces mains levées comment elles se sentent à 40 ans et demi ? 41, 42, 43 ans… ? Et les propriétaires de ces mains… se sentent-ils mûrs, toujours partants pour la petite folie, voire la grosse prise de risque ? Ou se sentent-ils rattrapés pat l'âge, la limite, temporelle et physique aussi (bientôt les maladies fondront sur nous).  
 
Et si on n'a pas fait les 400 coups. Si on a raté le coche. Qu'on a été un vieux jeune, qui derrière chaque grande personne, voyait comme à 6 ans un flic ou une maîtresse d'école embusqués. Si le seul frisson dont on se rappelle c'est celui qu'on ressentait en passant ses UV de fin d'année ou d'avoir écrit sur la table, merde à celui qui lira ça. Si la seule insouciance aura été de boire de la bière mélangée avec de la tequila, de tirer sur un vieux joint ou de ne pas tenir la porte à un fonctionnaire des impôts. Bref, si on a toujours tout fait tout bien, et donc qu'on a été un vieux jeune, comment peut-on aborder cet âge où l'on devient un vrai vieux ? Que faire ????
 
Peut-on jeter sa gourme à 42 ans et demi ? Peut-on faire à 45 ans ce que l'on n'a pas fait à 20 ans ? Peut-on faire preuve à 43 ans de cette insouciance (voire irresponsabilité) qui nous a tant fait défaut à la vingtaine ? Difficile. On tombe vite dans cette pathétique image d'un Balladur montant sur les tables pour faire rebelle. Mieux vaut encore rester un ex vieux jeune qui s'assume. Et puis, si on s'est reproduit, difficile de faire preuve d'insouciance et même d'irresponsabilité passé la quarantaine, même si sans doute, on se charge souvent la barque de ce côté ci, ou qu'on argue (lâchement) de ses responsabilités parentales pour ne jamais prendre de risques.
 
Bon, là aussi, passe encore si à 40 ans, on a accomplit un certain nombre de choses dans sa vie dont on est fier. Si on est arrivé à accomplir des choses qui vous mettent en relation avec d'autres choses situées vers l'avant et qui, aux yeux des plus ou moins jeunes, vous leste d'une légitimité en termes de savoir et de compétences.
 
Mais pour qui se sent insidieusement déprimé de ne pas avoir été à la hauteur de sa jeunesse et qui ne considère pas s'être accompli, se pose alors la question. A quoi bon continuer. A quoi bon vivre si le meilleur de sa vie, et donc sa vie, est derrière soi. Terrible sensation que seul l'âge de la jeunesse est l'âge d'or, seul cet âge là est la vie, la vraie, seul cet âge là mérite d'être vécu.
 
Jeunisme de notre société ?
 
Il est vrai que toutes ces publicités remplis de jeunes gens et de jeunes femmes éblouissant de jeunesse, ces couvertures de magazine comme celle qui m'avait poignardée à la sortie du Monoprix de Montreuil, passé 40 ans, plus de rôle pour les femmes… ne sont pas des aides ni des encouragements à s'auto-valoriser quand on a basculé du côté des vieux. Pour me dérisionner le moral, je me répète et répète régulièrement, tel un mantra, cette phrase de Pierre Desproges, Femmes, pour rester jeunes et belles, suicidez-vous à 39 ans et demi (Pierre Desproges dont j'aurais bientôt l'âge mortuaire mamiya…).
 
Cependant, l'honnêteté nous oblige à noter qu'à l'époque de Balzac et consorts, à 30 ans passés, nous les femmes, on était déjà bonnes pour l'hospice alors… non, ce n'est pas dû qu'à la société contemporaine.
 
N'accusons donc personne, ou bien alors tout le monde. Depuis que le monde est monde, il est inévitable qu'à 40 ans, on passe du côté des vieux, des vieilles plus précisément car les hommes restent encore de jeunes coquelets à 40 ans et des scories, quand nous, les femmes, sombrons vite dans la vieille poule. Il faut en prendre acte. Ne pas s'affoler. D'ailleurs, certaines portes restent ouvertes. La politique par exemple. Plus on est vieux, mieux c'est ! Regardez Michel Rocard qui s'est cassé la binette tout jeunot (64 ans) et qui s'en revient dans une conférence d'experts sur la Contribution climat énergie à 78 ans passés après avoir failli y passer deux ans auparavant. En voilà un qui ne doit pas pleurer sur ses 400 coups et ses 20 ans enfuis, pour lui, l'avenir sera toujours plus vaste que le passé…
 
Il faut donc continuer. Se dire qu'on est toujours le jeune de quelqu'un. Résister. Ne pas se teindre les cheveux. Ne pas s'interdire les sweats à capuche et les babies (quoique). Tabler sur la richesse de notre expérience. Si on n'en a pas, se dire que c'est merveilleux, tout est encore devant soi pour devenir une sagesse pétri d'expériences de vie à 60 ans. Et si ce n'est pas le cas à 60 ans, alors à 80 ans. Refuser le verdict de l'âge. Penser à cette femme qui a eu un enfant à 46 ans alors qu'elle en avait abandonné l'idée (dixit nounou mais il est vrai que nounou a tendance à outrer les infos).
 
Bref,  ne baissons pas les bras, ne montons pas sur les tables, restons dignes et surtout en vie. Plein de vie. Ce qui demeure l'essentiel après tout.

One comment on “Passé 40 ans, sa jeunesse est derrière soi… la vie aussi ?

  1. Reply ln22 Sep 3,2009 19:59

    ah nostalgie quand tu nous tiens
    mais en même temps, la nature est bien faite. Plus on perd de la jeunesse et de l\’insouciance et plus on gagne en confiance en soi; Sisisisisisi c\’est possible. Plus on s\’approche des âges canoniques et plus on se dit, oh là là ça file, ça file, PROFITONS du temps présent !
    Pourvu qu\’on me prenne pas pour la mamie de mes enfants et tout ira bien !

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