Que faisiez-vous dans la fin de journée du mardi 11 septembre 2001 ?

Il me semble que c'était un mardi. Que le lundi soir, j'avais hébergé des amis débarqués à pas d'heure d'un voyage à Madagascar et que le matin (je ne travaillais pas le mardi matin à cette époque), on avait pris tranquillement notre petit-déjeuner avant que je ne les reconduise au métro, sans savoir que le ciel allait s'écrouler de l'autre côté du monde quelques heures plus tard.

C'était aussi le jour de la sortie du dernier Noir désir, Des visages, des figures, avec ce titre prémonitoire, Le grand incendie  (une histoire de buildings en feu à New York), dernier album donc avant que leur leader ne s'en aille taper des têtes de femmes sur des radiateurs en Lituanie (encore un monde d'écroulé tiens). 

En tout cas, je me souviens que ce jour là, enfin de journée, j'ai reçu un mail d'un ami (depuis, de même que Ben Laden, complètement perdu de vue), que cela faisait comme une sorte de poisson d'avril en septembre, que j'ai regardé ensuite un site sur internet avec un collègue, que ça ressemblait plus à une promo pour film à grande sensation. Ce qui fait que lorsqu'ensuite, j'ai eu une amie au téléphone, clouée chez elle pour cause d'arrêt maladie, je lui ai dit d'un ton très assuré, ne t'inquiète pas ma vieille, c'est juste une énorme promo pour un block buster… Sauf qu'elle m'a répondu, la voix blanche, ah non, je peux te dire que ça n'est pas de la promo, j'ai les images en direct, là, à la télé, et c'est du vrai de vrai… une pure folie…

Ensuite vous imaginez bien que je n’ai pascontinué à faire mes stats (eh bien oui, je faisais déjà des stats) et que tout le monde courait en tout sens pour en savoir plus en se demandant presque pour certains si par hasard un avion n’allait pas traverser la porte vitrée de l’entrée. A l’époque, à ce moment là précisément, on ne parlait pas encore d’al Qaeda et de Ben Laden. Je suis d’ailleurs incapable de me souvenir quand exactement on a commencé à en parler, comme je suis incapable de me souvenir comment au juste on s’est retrouvé à bombarder l’Irak quand Ben Laden était supposé se cacher avec sa longue barbe dans une grotte afghane.

Je me rappelle juste que le soir même, j’ai été au vernissage d’une expo d’une amie sous deux chocs, le choc de ces attentats non seulement atroces mais sacrément inimaginables, et le choc que ça tombe le jour de son vernissage préparé de longue date. En face de son atelier, il y avait quelqu’un qui avait suspendu un énorme drapeau américain, même qu’avec une amie plutôt gauchisante, cela ne nous avait pas plu du tout.

D’ailleurs, dans les jours qui allaient suivre, beaucoup de choses n’allaient pas nous plaire du tout.

Qu’il s’agisse du Nous sommes tous américains, de la minute de silence fortement recommandée sur le lieu de travail, quand 7ans auparavant, nous avions tous continué à taper nos courriers et faire nos photocopies alors que les Tutsis disparaissaient les uns après les autres sous les machettes de leurs voisins de palier hutus (un exemple parmi tant d’autres d’évènements sanglants ne semblant ne devoir concerner qu’une infime partie del’Humanité), de cette question parfaitement naïve (voire stupide), mais pourquoi nous ? Pourquoi cela tombe sur nous les Américains… ? Et je vous en passe et des meilleures, la pire chose ayant suivi étant bien entendu la guerre en Irak sur la base de fausses déclarations (Saddam a la bombe atomique planquée sous son lit) et qu’à chaque fois qu’un individu ne faisant pas partie d’une armée régulière et surtout amie, se piquerait lui aussi dejouer du fusil, le mot terroriste aussitôt lui serait appliqué.

Et ce matin, aujourd’hui donc, 8 ans après, avant qu’on ne nous fasse tout un sketch dans deux ans, pour les 10 ans de cesattentats, j’ai ouvert le poste et je suis tombée sur mon grand ami Finkelcrotte, qui, Dieu merci, ne parlait que de sa bibliothèque et pas du 11 septembre. C’était sur France inter (encore lui, je me suis dit, 3 fois que je tombe sur lui depuis la rentrée, y aurait-il du Val là-dessous ?), il était interviewé sur ses étagères de livres, vu que si j’ai bien suivi, son dernier chef d’œuvre qui s’appelle le Cœur intelligent, porte sur les 10 livres qui l’ont transporté sinon construit.

Bon, je serai honnête, en raison de l’exquise délicatesse du journaliste interviewer qui le caressait avec application dans le sens du poil, rien de véritablement urticairisant (d’habitude, dès que je l’entends, j’ai ma crème anti-eczéma sous la main).  Juste toujours et encore ce côté vieille chouette à lunettes, pour ne pas dire indéniablement réactionnaire dans le sens plein du terme (car jusque dans le moindre de ses centres d’intérêt) au point qu’ils en ont gloussé lui et le journaliste pendant une plombe quand il a osé lâcher lemot « pitch » (d’ailleurs moi je ne sais même pas ce que c’est, suis-je encore plus ringarde que filnkelcrotte ?).

Pas d’envolée sur sa grande sortie apparemment lisible dans son livre, que j’ai découverte dans Politis (pas franchement sa tasse de thé au vieux), relevée par le chroniqueur Sébastien Fontanelle l’antiracisme sera le communisme du XXIème siècle, qui bien sûr aurait porté plus à réfléchir que l’aimable badinage de ce matin sur la bibliothèque du sire et son désir de voir les petits écoliers apprendre par cœur des poésies car, comme l’aurait dit également Mona Ozouf , ne vaut que ce qui a été retenu par cœur et que l’on peut citer à propos, a ajouté Finkelcrotte (ah cette image du vieux con déclamant des vers en fin de repas le dimanche, devant la baie d’Honfleur ou à la sortie du mariage de sa cadette).

Je reviens sur cet antiracisme car tout ceci découle de ce mardi 11 septembre, du moins dans les cervelles du type Finkelcrotte. Par antiracisme, il faut comprendre, au vu de ce que je sais du bonhomme, tous ceux qui n’en ont que pour le racisme anti-noir et anti-arabe. Et qui en conséquence de quoi, tous ceux qui, non seulement n’ont cure de cet autre racisme qu’est l’antisémitisme (qui je suppose pour Finkelcrotte, s’il est absolument honnête et sincère, est pourl ui le racisme des racismes), mais qui plus est, sont prêts à commettre des massacres au nom de cet antiracisme.

Un cœur intelligent, dites-vous ? Si  on connait en plus sa position et ses tristes dires sur le conflit israélo-palestinien… au sujet duquel, quoiqu’il prétende être sincèrement pour la paix, il défendra toujours coûte que coûte les Israéliens contre les Palestiniens, et ce, quoique qu’ils fassent, dussent-ils assassiner 1400 personnes en 3 semaines au nom de leur droit à se défendre. J’ai trop bien gardé en mémoire ce cœur intelligent au visage déformé de haine, qui, confronté à un Rony Brauman, impassible, qui accusait les Israéliens de ce qu’ils faisaient subir une fois encore aux Palestiniens en se considérant qui plus est les seules véritables victimes de ce conflit, n’avait pu que lui rétorquer, en tant que juif, vous devriez a voir honte de ce que vous êtes en train de dire…

Je suppose d’ailleurs que c’est encore ce maudit antiracisme qui va chercher des poux à ce pauvre Brice Hortefeux dont la belle boutade (un Arabe ça va, il en faut bien un, plusieurs, ça ne va plus) fait le tour de la toile. Soit dit en passant, découvrir qu’Hortefeux est raciste c’est pour moi comme découvrir que Nicolas Sarkozy est un ultra libéral ou que BHL est narcissique. Franchement, quand on a mené et mène encore la politique qu’il mène, si on a du respect voire de l’attirance pour les cultures étrangères, c’est un coup à finir à Saint Anne, schizophrénie galopante passez moi vite cette blouse fermée dans le dos que je ne puisse plus signer les décrets d’expulsion. Le plus affligeant dans cette video qui circule sur Internet, c’est ce jeune beur, au demeurant charmant, exhibé comme un bon nègre, regardez, il mange du porc, regardez, il boit même de la bière, s’extasie-t-on autour de lui afin de le « vendre » au Brissou… c’est pour ma part ce qui m’a le plus mis mal à l’aise, ce chœur de fausses bonnes gens, désespérément et dangereusement franchouillard de la haute.

Mais revenons au cœur intelligent. Ce cœur intelligent, enfin, n’apprécie pas les humoristes contemporains, avec juste un Edouard Baer trouvant grâce à ses yeux car demeuré dans la tradition de« cocasserie » (ses propres mots) des artistiques humoristiques d’antan. Ce que n’aime pas Finkelcrotte c’est qu’on se moque du physique des gens pour faire rire. Moi non plus, mais quand on apprend que Nicolas Ier aurait interdit à toute personne mesurant plus d’1m70 d’approcher de lui quand il défile, excusez moi mais ça porte à rire et n’en déplaise à Finkelcrotte, à réfléchir aussi sur l’état de notre démocratie.

Toujours est-il qu’en ce 11 septembre 2009, Finklecrotte demeure toujours ce  type désespérément suranné, avec une vision de l’humour qui me poussera bien plus à inviter à ma table un Pierre Desproges (ressuscité) que sa (fausse) belle personne, certes cultivée, certes fine observatrice à ses heures, du moins tant qu’on ne lui cause pas de Noirs, d’Arabes ou d’enburkabées, mais qui me bassinera avec ces petits crétins et leurs SMS en classe (thème qui prête à rire selon lui, d’un rire intelligent ça va de soi mais hélas inexploité par nos comiques actuels), tout en me déclamant des poèmes entre la poire et le fromage. 

 

 

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