L’armée du gag, les barbus et le dangereux pain de savon

L'armée israélienne a attaqué lundi
matin aux aurores une flottille de dangereux barbus pacifistes
accompagnés d'Eurodéputés à tendance nettement terroriste parmi
lesquels était également embusquée une prix Nobel de la paix,
louve déguisée en agneau sans nul doute antisémite.

Une dizaine de morts, des blessés par
dizaines, des arrestations, tout ça parmi les militants, la
soldatesque, elle, ne se porte pas trop mal, un ongle cassé et un
genou déboîté.

Et c'est reparti pour un tour.
D'indignation, de moulinets de bras, de panpan cucul, de résolutions
de l'ONU et de rapport machin chose qui permettra d'enterrer
l'affaire tout en affectant de s'en préoccuper au plus haut point.
Celui d'envoyer commissions d'enquête sur commissions d'enquête
afin que soit jugé enfin sur le fond les responsabilités, ce qui en
général consiste, au final, par renvoyer dos à dos Israël et les
Palestiniens (actuellement, dénommés le Hamas) avec la délicieuse
quand bien même navrante constatation que, question horreurs, c'est
bonnet blanc et blanc bonnet.


Et tant pis si , par exemple lors de
l'opération plomb durci (quel nom) de janvier 2009, l'une des partie
s'est compté des milliers de tués et l'autre une demie-douzaine, et
que l'on a pu dénombrer parmi les combattants côté palestinien, 3
bébés, 2 vieilles et un paraplégique manchot, tout en constatant
que l'armée israélienne devait avoir des problèmes de vue puisque
bon nombre d'infrastructures civiles, hôpitaux, écoles, chantiers,
unique zone de développement économique, avaient été pilonnés.

Mais qu'on se le dise haut et fort :
dans le cas de l'attaque de cette flottille, une fois encore, Israël
n'a fait que se défendre.

Un des pacifistes aura giflé un des
soldats de la grande armée Tsahal. Ou on aura vu luire dans l'aube
naissante, un éclat de lumière reflété indubitablement par une
pince à épiler (or que ferait une pacifiste barbue d'une pince à
épiler, si ce n''est vouloir massacrer un Israélien?). Ou bien
c'est un autre barbu qui aura planté sa fourchette dans le gras du
bras de ce soldat qui, à peine armé d'un lance-missile, s'efforçait
de monter à l'assaut d'un de ces bateaux qui, chargés d'aspirine,
de savons et de ciment, venait menacer gravement la sécurité de son
pays. A moins que ce ne soit la prix Nobel de la paix embarquée dans
cette galère qui ait été aperçue en train de tirer les cheveux
d'une jeune soldate, laquelle, injustement handicapée par le port de
sa kalakchnikov, n'aura pu ainsi se défendre contre cette agression
parfaitement déloyale qu'en appuyant au jugé sur la gâchette (3
morts).

Car, tout de même, comme le remarque
finement l'état-major israélien toujours aussi plein d'humour,
c'est quand même fou que des gens que l'on attaque sur un bateau, se
défendent et se défendent avec des couteaux et des armes de poing
contre des soldats armés comme des soldats au lieu que de chanter
des slogans comme Peace! Peace and Love brothers en agitant des
colliers de fleurs! Et après, ça se dit pacifiste! On croit rêver!

Eh oui, le dira-t-on jamais assez, une
fois encore Israël n'a fait que se défendre contre ses ennemis,
même quand ils ne font qu'apporter des vivres, du savon et des
petites culottes, et tant pis si l'on trouve ça disproportionné,
éternelle litanie, des fusils contre des couteaux et des coups de
poings, mais que voulez-vous, quand on doit sauver sa peau, tout est
permis, et tant pis s'il y a des morts civils sur le pont, il y aura
toujours quelque part un intellectuel français (BHL par exemple)
pour louer la grande retenue de l'armée israélienne dans sa
réplique à ceux qui l'attaquaient.

Quel Etat n'aurait fait de même?
Envoyer ses soldats et ses hommes grenouilles formés à répondre
aux attaques thermonucléaires arraisonner des bateaux remplis de
barbus armés jusqu'aux poils de couteaux, si d'aventure ce genre
d'équipage s'était aventuré non loin de ses côtes? Il est vrai
que pour cela, il faut maintenir un blocus sur un bon million et demi
de personnes quelque part dans le coin, et ça, ça n'est pas donné
à tout le monde. Comme il n'est pas donné à tout le monde d'être
le peuple le plus sempiternellement menacé par la haine parfaitement
incompréhensible que les autochtones nourrissent à votre endroit.

Non, non Israël na fait que se
défendre, vous dis-je! Un des bateaux portait le nom de Rachel
Corrie, la jeune pacifiste américaine écrasée il y a 7 ans par un
char de la même noble armée qui venait aider généreusement des
paysans palestiniens à débroussailler leur lopin de terre. Une
provocation sans nul doute que ce nom, souvenir d'un incident bien
regrettable que seule une main animée de haine contre l'unique
démocratie du coin, a pu peindre sur la coque de ce navire charriant
la paix comme la nuée, l'orage.

A moins qu'il ne s'agisse d'une
malédiction, ce nom de Rachel Corrie. Une sorte de porte-malheur
pour qui se pavane en l'arborant dans cette région du monde et là,
franchement, avouez qu'Israël n'y est pour rien si ce nom porte la
poisse ou si par pure coïncidence, il a valu à ceux qui le
portaient de s'attirer un pruneau de son armée.

La provocation a des limites, le
mauvais esprit aussi.

Certains se demandent déjà avec
angoisse quelles seront les conséquences sur le processus de paix en
cours de processus… c'est vrai ça. Un processus si bien parti. A
peine tout juste menacé par les implantations israéliennes en
Cisjordanie, le grignotage de Jérusalem, l'expropriation à tout va
des paysans palestiniens qui ne s'étaient pas encore transformés en
squatteurs de taudis, sans compter l'arsenal nucléaire qu'Israël
refuse de dévoiler aux experts de l'ONU qui se sont déjà cassé le
nez sur les portes en plomb des usines iraniennes (sauf que l'Iran,
ça craint vraiment).

Tiens, d'ailleurs, avec tout ça, vous
allez voir qu'on ne va s'en prendre qu'à Israël et oublier l'Iran
et son arsenal nucléaire, quand le danger, le vrai est là. S'il y
en a bien un qui menace la paix dans cette région du monde, c'est
l'Iran et ses mollahs fous, son nucléaire et son bouton rouge quand
Israël, lui, une fois encore, s'il est agressif, s'il possède des
ogives qu'il refuse d'exhiber à ses crânes d'oeufs de l'ONU, s'il
occupe les terres de ses voisins, il ne le fait jamais que contraint
et forcé qu'il est de se défendre.

Il aimerait tant jouir de la vie en
cueillant des pâquerettes dans les collines de Judée et Samarie
tout en visitant ses lieux saints sans se trimballer une mitraillette
sous l'aisselle.

Bon, trêve de. Laissons le mot de la
fin à des Israéliens, les rares qui ne soient atteints ni d'autisme
hystérique ni de paranoïa aiguë dès que le mot « autre »
est prononcé. Je veux parler des journalistes de Haaretz dont
un article, publié et traduit lundi par La paix maintenant,
disait entre autre chose ceci :

Une guerre dit à un peuple de
terribles vérités sur lui-même. Voilà pourquoi
il est si
difficile de les entendre.

Nous étions déterminés à éviter
un regard honnête sur la 1re guerre de Gaza.
Maintenant, dans des
eaux internationales, après avoir ouvert le feu sur un
groupe
d¹humanitaires, de travailleurs et de militants, nous sommes en
train
de perdre la deuxième. Et, pour Israël, au bout du compte,
cette 2e guerre
pourrait bien se révéler encore plus coûteuse
et cruelle que la 1e.

En entrant en guerre à Gaza, fin 2008,
les dirigeants politiques et
militaires israéliens pensaient
donner une leçon au Hamas. Ils ont réussi.
Le Hamas a appris que
la meilleure manière de combattre Israël était de le
laisser
faire ce qu¹il avait commencé naturellement : bourdes, bévues
et
exaspération.

Le Hamas, comme l¹Iran et le Hezbollah,
ont appris très tôt que l¹embargo
qu¹Israël avait imposé à
Gaza était l¹arme la plus sophistiquée, la plus
puissante,
qu¹ils auraient pu déployer contre l¹Etat juif.

Ici, en
Israël, la leçon n¹a pas encore été apprise. Ce n¹est plus
Israël
que nous défendons mais le siège, devenu en lui-même le
Vietnam d¹Israël.

(…)

Nous expliquons, encore et
toujours, que nous ne sommes pas en guerre contre
le peuple de
Gaza. Nous le répétons parce que nous-mêmes avons besoin
d¹y
croire, et parce que, au fond, nous n¹y croyons
pas.

(…)

Il faut dire que pour beaucoup de monde, à
droite, il y aura une sorte de
joie silencieuse, On croassera :
"Nous vous l¹avions bien dit, le monde nous
hait, quoi que
nous fassions. Alors autant continuer de construire (en clair
:
dans les colonies et à Jérusalem Est) et de défendre nos
frontières (en
clair : renforçons le Hamas  et finalement,
faisons-nous  du mal en refusant
de lever l¹embargo sur
Gaza)."

Le Hamas, l¹Iran et la droite dure, en Israël
comme en diaspora, savent bien
qu¹il s¹agit d¹un test d¹une
extrême importance pour Benjamin Netanyahou.
Désireux de voir le
monde se concentrer sur l¹Iran et sur la menace qu¹il
pose aux
habitants d¹Israël, Netanyahou doit reconnaître qu¹aujourd¹hui,
le
monde a les yeux fixés sur Israël et sur la menace qu¹il
pose aux habitants
de Gaza.

Sur ce, attendons la prochaine
résolution de l'ONU et la commission d'enquête qui permettra
d'enterrer tout ça, et retournons aux choses vraiment sérieuses.
L'Eurofoot 2012 par exemple.

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