L’Appel du 18 juin, version gouvernement Fillon

La France allait droit dans le mur.

Avec tous ces vieux, ces Jeanne Calment
et autres centenaires, avec son espérance de vie inouïe (100 ans,
selon le spécialiste démographe de renom, Dominique Niqueman, par
ailleurs grand patron du FMI), et ses dépenses de santé tout aussi
inouïes occasionnées par le coût exorbitant pour la société de
ces Alzheimeiriens et autres parkinsoniens s'accrochant de leurs toutes
serres à la vie, la France était au bord du gouffre ou de la
faillite donc des deux.

Si nous ne nous étions pas attaqué
avec courage à la réforme de notre régime de retraites, nul
n'aurait pu regarder dans son miroir, son visage laid ridé et dans
les yeux, ses enfants octogénaires.

Cette réforme, nous l'avons donc
faite.


En tout concertation avec les organes
représentatifs du peuple que sont par exemple le Medef ou l'amicale
des pétanquistes tropéziens, en n'omettant d'associer aucun
partenaire social légitimement représentatif de nos administrés,
qu'il s'agisse de Bernadette Chirac, de Raymond Domenech ou de
Bernard Tapie, nous y avons travaillé avec autant d'ardeur que de
rigueur, au sens le plus noble du terme, à savoir le souci de
l'équité et de la probité intellectuelle.

Et ce que nous allons vous proposer est
une réforme à la fois juste et équilibrée qui sauvera sans nul
doute la France de la catastrophe éminente à laquelle elle courait
tout jupon relevé si on n'y avait pas courageusement remédié
(c'est à dire nous, le gouvernement Fillon).

Nous allons maintenant nous attaquer au
problème du trou de la Sécurité sociale et de la fraude à l'aide
sociale par les barbus à burkas, mais laissez-nous tout d'abord vous
énoncer les grandes lignes de cette réforme des retraites que nous
avons décidé de vous présenter de façon attractive par le recours
au célèbre jeu de l'oie.

Case 1. L'âge légal de la retraite
est repoussée à 62 ans. Il sera possible de partir à cette date
avec une retraite à taux plein si vous avez cotisé 50 trimestres.
Les femmes ayant accouché de plus de 4 enfants, auront droit à un
demi-trimestre supplémentaire, et celles qui pourront faire la
preuve irréfutable qu'elles ont véritablement astiqué leur foyer
durant leur congé parental, bénéficieront d'un quart de trimestre
en plus. Les femmes sans enfants perdront quatre trimestres de
cotisation par année de ménopause.

Si vous n'atteignez pas les 50
trimestres, rendez-vous à la case 2.

Case 2 Vous n'atteignez pas les 50
trimestres à 62 ans. Ou vous partez avec une retraite à taux
incomplet (case 3), ce qui vous est vivement conseillé, ou vous
poursuivez jusqu'à ce que vous atteignez les 50 trimestres requis
(case 5).

Case 3. Vous partez avec une retraite à
taux limité car vous n'avez pas le nombre de trimestres requis. Elle
sera alors égale au quart du taux plein si vous avez 62 ans, au
quart + 1 du taux plein si vous avez 62 ans et un mois, et ainsi de
suite jusqu'à ce que mort s'en suive, et ce, dans la limite d'un RSA
fois 0,8. Vous pouvez aussi décider de renoncer à votre pension de
retraite (case 4).

Si vous avez commencé à travailler
tôt (entre 10 et 12 ans), vous pouvez prétendre à l'exception des
carrières longues. Rendez-vous à la case 6.

Si vous jugez que vous avez un emploi
pénible, rendez-vous à la case 7.

Case 4. Vous renoncez noblement à
votre pension de retraite. Pour vous en remercier, l'Etat vous offre
un dîner au Fouquet's et deux entrées à Eurodysney.

Case 5. Vous avez décidé de
travailler jusqu'à ce que vous ayez atteint les 50 trimestres
obligatoires pour une retraite à taux plein. Sachez que passé 62
ans, il vous faudra travailler deux années pour cotiser une année,
et qu'à 75 ans, vous serez de toute façon mis d'office à la
retraite, à taux plein si vous pouvez faire la preuve d'une maladie
incurable, à taux semi plein, si vous affichez pour votre malheur
une santé florissante.

Case 6. Vous avez commencé de
travailler entre 10 et 12 ans. Il vous fait en faire la preuve,
fiches de salaire et points Ircantec à l'appui, les emplois relevant
de l'entreprise familiale sont exclus de même que ceux relevant de
l'activité du textile ou du software chinois. Si votre dossier est
jugé recevable, vous partez d'office à la retraite à 65 ans, mais
devrez renoncer à votre pension à taux plein si à 70 ans, vous
êtes toujours en forme (moins de trois cancers et une espérance de
vie évaluée à plus de deux ans).

Case 7. Sont retenus comme emplois
pénibles : député, président de la république, général des
armées, sénateur, évêque et cafetier affilé à l'UMP. Si vous
persistez à prétendre que votre emploi est un emploi pénible, à
savoir usant pour la santé, rendez-vous à la case 8, celle des
exceptions exceptionnelles.

Case 8. Vous jugez occuper un emploi
pénible et mettant en danger votre santé. Vous avez la possibilité
à l'âge de 60 ans de passer une visite médicale si vous possédez
les 50 trimestres requis. Si vous atteignez 20% d'invalidité prouvée
par trois contrôles médicaux dans trois hôpitaux différents
(contrôles laissés à votre charge), votre dossier sera examiné en
priorité (dans les 3 ans). Si vous pouvez faire la preuve que votre
vie ne va plus durer très longtemps, rendez-vous à la case 9.

Case 9. Tout salarié pouvant faire la
preuve qu'il possède au moins 3 cancers en activité sur sa
personne, qu'il est en assistance respiratoire et nutritionnelle
continue ou en attente d'une greffe organique ayant moins de 5% de
chances de réussir, sera mis d'office à la retraite à taux plein
s'il a atteint les 62 ans d'âge légal et sinon, il lui faudra juste
appuyer un peu plus fort sur la poire à morphine.

Case 10. Tout retraité ayant atteint
l'âge de 80 ans, verra sa pension diminuer chaque année de 10%, et
ce jusqu'à l'âge de 90 ans, où il sera alors abattu sans sommation
s'il persiste à vouloir continuer à vivre ET à toucher sa
retraite. Si vous renoncez à votre pension-retraite, rendez-vous
case 11.

Case 11. Vous renoncez à votre
pension-retraite. C'est bien mais sachez que tout chapardage dans les
supermarchés sera automatiquement puni d'une peine d'hospice de 10
années, dont 9 incompressibles et que les soupes populaires vont
voir leurs crédits diminuer d'autant l'augmentation du nombre
d'indigents affamés.

Case 12. Les retraités d'emplois jugés
pénibles (case 7) ne sont concernés ni par la case 10 ni par la
case 11.

Chères con-citoyennes, chers
con-citoyens, vive la justice! Vive la solidarité
inter-générationnelle! Et vive la France!

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