La France des enculés

Ah mes amis quelle semaine! quand je
vous disais que le foot était chose infiniment plus sérieuse qu'un
vague blocus d'arabes et d'une flottille de barbus pacifistes volant
à leur secours, bombardée par la seule nation éclairée du coin… Oui, mille fois oui, le foot est chose infiniment plus sérieuse, comme l'information d'ailleurs ainsi qu'on l'a appris
cette même semaine, au point qu'elle s'accommode mal
avec le nez du clown qui voudrait en toute irresponsabilité nous en
faire rire.

Peut-on en effet se gondoler après que l'on vient d'apprendre que Domenech s'est fait traité de fils de pute invité à se faire sodomiser par un de ses protégés? Non, bien sûr que non.


Résumons-nous. Que s'est-il passé
cette semaine? Adelka encule Domenech, Porte, par la voie virtuelle
de Villepin encule Sarkozy. Qui par ailleurs se fait enculer par un
jeune banlieusard excité alors qu'il venait gentiment visiter son
lieu de vie. En matière de solidarité, Guillon sodomise à son
tour, Sarkozy-yeux-de-merlan-frits, escomptant bien recevoir comme
son collègue et concurrent la même lettre d'avertissement par voie
postale (on ne dit pas enculé sur une radio publique) puisque c'est
ainsi que l'on communique chez cet entrepreneur.

Bon, tout ça n'a pas forcément eu
lieu la même semaine, mais les conséquences, si.

En premier lieu, et en réponse à
toutes ces enculades, Sarkozy, malgré son état, reçoit en grande
pompe, le roi des enculés, Thierry Henri, venu s'expliquer sur cette
pratique, comme celle, moins convaincante la balle au pied, de son
équipe de foot.

  • Où est passé la merveilleuse
    équipe des bleus qui a remporté le mondial il y a 12 ans sous mon
    prédécesseur et néanmoins gâteux, Jacques Chirac? S'excite
    Sarkozy en faisant rouler un ballon de foot en direction de Claude
    Guéant (qui rate la passe).

  • Personne n'encule personne,
    monsieur le Président, lui répond le chef des bleus. Je vous le
    promets!

  • Mais je ne vous parle pas de ça!
    Je vous parle de foot, de sport! Il y va de la dignité nationale,
    de l'honneur de la France, de l'avenir de notre pays… tout en
    dépend, le marché, les retraites, les trous et le budget… Et
    vous, Claude, faites donc un effort! Réplique Sarkozy en renvoyant
    la balle au Claude (qui la rate encore une fois)

  • Je vous assure que ce n'est
    rien… s'immisce Raymond Domenech, surgi entre temps, d'ailleurs,
    je ne sens déjà (presque) plus rien et ma mère est très ouverte
    d'esprit… le plus important, c'est de rester solidaire ensemble!
    Seule une équipe unie a une chance de remporter cette coupe du
    monde! Nous sommes unis à nouveau, et nous avons toutes nos
    chances!

  • Euh, Raymond… toussote le chef
    des bleus, on est déjà virés…

  • Je ne comprends pas! S'enrage
    Sarkozy. Vous avez Tout! Le fric, les primes, les poules de luxe, la
    chambre avec jacuzzi et vue sur le ghetto! Vous vous conduisez comme
    de… comme de vulgaires parachutes dorés qui partent avec leur
    bonus une fois la boîte coulée! Claude… dernier essai, arrêtez
    moi cette balle!

Claude Guéant, sentant sa fin proche,
réunit ses forces un peu amollies par le manque d'exercice et les
cocktails, se jette sur la balle, la bloque et sent le muscle de son
tibia droit claquer. Il étouffe un cri de douleur et se relève
dignement.

  • Si je puis me permettre, émet le
    chef des bleus, le foot, ça se joue avec le pied… pas avec la
    main…

  • 2012, je suis ré-élu, glapit
    Sarkozy de son côté, 2017 aussi, je pensais décrocher mais bon,
    vous m'obliger à rester…

  • Si je puis me permettre, vous ne
    pouvez pas monsieur le Président, vous n'avez droit qu'à deux
    mandats, c'est écrit dans la constitution… glisse d'un ton gêné
    Raymond Domenech, il faut savoir partir…

  • Tais toi donc enculé! S'insurge
    Claude Guéant en massant son tibia droit. Une constitution, ça se
    change!

  • … et 2018, vous me remportez
    cette putain de coupe du monde!!!!Poursuit
    Sarkozy sourd à ce débat constitutionnel.

  • Et moi, je
    reste entraîneur? Demande Domenech d'une voix anxieuse. Je vous le
    redis, je ne sens déjà plus rien, ce n'est plus qu'un vague
    souvenir et…

  • Oui, vous
    restez! Confirme Sarjkozy. Et vous prenez Guéant dans les buts!

Ça, c'était pour
le foot. Côté humour, les clowns s'en sont moins bien sortis.

Lundi, Stéphane Guillon fait
sa chronique en gloussant que sans doute, celle de demain sera la
dernière. Il a appris en effet en lisant Télé loisirs qui
interviewait son chef, Val sans rire, que décidément, après mûre
réflexion, il fallait changer la grille à la rentrée car
l'humour faisait mauvais ménage avec l'info dans une matinale
radiophonique. Un peu comme si à l'enterrement de mémé Jeannine, Oncle
Albert se mettait à raconter celle du mec qui en avait trois devant
la fosse même pas encore garnie du cercueil de sa pauvre mère.

Mardi,
effectivement, Stéphane Guillon confirme que c'est bien là sa dernière
chronique, il fait un papier à la fois ironique et rageur (France
Inter, écoutez l'indifférence… France Inter, la radio de gauche
qui licencie comme la pire boîte de droite) et il quitte le studio
sur un « du fond du coeur, vous allez me manquer », les
yeux baissés, sans regarder la caméra, visiblement ému. Le clown
a-t-il troqué le nez rouge pour la blanche face de l'Auguste?

Ensuite, Didier
Porte annoncera au cours du Fou du roi qu'il n'est pas reconduit, ni
à sa chronique du jeudi, ni à son rôle de fou du roi, pourtant
assez salutaire eu égard à la complaisance dégoulinante d'un
Stéphane Bern, ce dernier, apparemment sous le choc, prenant
connaissance de cette décision pour le moins inattendue puisque que Val sans rire lui
aurait assuré que Didier Porte resterait en place dans son émission.

Voici donc un homme
jadis de gauche, ex directeur d'un canard spécialiste en zizis
poilus et décryptage parfois salé de l'actualité, qui devient chef
d'une radio publique, en perd sans doute tout humour et même
humanité, puisqu'il ne sait s'adresser à ses ouailles que par voie
postale (notamment en cas de licenciement), qui bouleverse les
grilles de sa radio, sucre les émissions qui marchent, en balayant
ainsi les journalistes responsables comme le roi Louis écartant de
sa cravache, les bouseux encombrant son chemin.

Mais est-ce finalement
aussi surprenant que ça de la part d'un Val sans rire… car est-ce parce qu'il a
la gueule de l'emploi? Est-ce parce que bien avant de quitter Charlie
hebdo, il avait cessé d'être drôle, désormais obsédé par la
burka et la barbe plutôt que par le zizi poilu et le patron de
droite? Est-ce parce qu'il fricote désormais avec les Finkelcrotte
et les BHL jadis abondamment moqués part son canard? Mais on ne peut
pas dire que sa réaction, à tous les niveaux, soit une énorme surprise.

Quant à son
sur-chef, Jean-Luc Hees, c'est plus décevant… lui qui avait juré
de ne jamais faire subir à l'un de ses subordonnés ce qu'on lui
avait fait subir à lui, en 2004, quand il fut éjecté de la
direction de France inter par Jean-Claude Cluzel, l'homme aux cuissardes de cuir, lui qui n'est pas un Val sans
rire, loin s'en faut, on reste confondus et par la décision, et par la méthode. Surtout la méthode. Parce que, lisez ce qu'il y a au-dessus, et parce que l'homme parle de « petits tyrans » au sujet
de ses feu humoristes, et de manque du sens de l'honneur de ces
derniers parce qu'ils s'attaquent à la main qui les nourrit…
miroir, mon beau miroir, dis moi de qui je te parle très exactement?

Les temps sont
vraiment moches. D'ailleurs, la chronique du vendredi de François
Morel suintait de cette colère triste, douce-amère, de voir sa
radio de toujours confisquée, de faire partie désormais d'une
fréquence qui est en train de perdre sa différence, et qui, comme
tant d'autres boîtes en France, se met à traiter ses employés
comme des parasites ou des pestiférés dont il faut à tout prix se
débarrasser, n'hésitant pas, bien au contraire, à sacrifier ce qui
marche et ce qui faisait l'originalité de sa marque de fabrique, au
nom de principes étonnants, qui cachent bien évidemment des oukases
politiques (peut-on sérieusement dire non au mari de carlita avec qui on est si ami)… quitte à faire
couler toute l'entreprise.

Comme on travaille à faire à peu près tout couler
du domaine public en ce moment, pour pouvoir dire, sans doute,
regardez, le public, ça ne marche pas, ça ne marche plus, il faut
privatiser! Mais qu'importe,
pour ces gens là, balle au pied ou micro dans le nez, il y aura
toujours une autre place au chaud ailleurs. Et nous, les auditeurs, on pourra toujours se tourner vers la télé pour se changer les idées. Ou bien le foot. 

Leave a Reply