Vacances, j’oublie rien

Ne l'espérez pas, ne la
cherchez plus, elle n'est pas là, elle est partie.

En vacances, chez sa
belle-mère, maternante, marrante et mauvaise langue, faire des pâtés
sur la plage, se goinfrer trois fois par jour et changer des couches
ailleurs qu'à l'air du nord. Elle n'approchera pas un ordi, j'y
veillerai, même pour vérifier les doses en millisiverts de son ex
futur lieu d'habitation ou relever sa messagerie généralement vide
(sauf attaque de spams).

Elle m'a déjà fait le
coup, à moi, la non muse, d'écrire et de remporter, derrière
mon dos
, le concours de nouvelles, collection automne, des
éditions du Bord du Lot sur le thème du temps qui passe (« Le
jour où je suis devenu épicier », www.bordulot.fr),
un jour, une poignée
d'heures, sans doute, où j'avais relâché ma vigilance  naïvement persuadée que la Marie m'était désormais
acquise, créature docile et stérile… eh bien non, puisqu'elle a
visiblement réussi à pondre un texte, retenu, avec 13 autres, parmi
240 et quelques gribouillis, et  réunis dans un recueil (Du temps qui passe…) publié par, je tiens à le souligner, une
maison perdue au fin fond du Lot, qui possède ses propres presses et
tire donc ses ouvrages à la demande. Bref, autant dire de la quasi
auto-édition (mais je ne le dirai pas, je vous en laisse seul juge).

Mais elle ne me le fera
plus le coup! Non, non! Fini les textes écrits et les concours
remportés! Déjà, je cours lui apprendre la nouvelle : elle n'a pas
été sélectionnée pour faire partie du jury 2011 du Livre inter,
présidé par cet écrivain a priori sympathique, Amin Maalouf. Eh
non! Dans les noms égrainés, il y avait bien quelques femmes, de
son âge, aux métier tout aussi rébarbatifs que le sien, mais elle,
la Marie, même si elle a un boulot inepte, elle n'a pas été
retenue! Elle n'a sans doute pas su charmer Eva et les autres de sa
plume, elle a dû, telle que je la connais, composer une lettre au
ton faussement irrévérencieux, scolaire, voire coincé, et à peu près aussi
hilarante et légère qu'un one man show de Frédéric Lefebvre…
sans doute aussi n'est-elle pas si bibliophile que cela, notre Mimi,
sans doute s'égare-t-elle dans sa croyance en son goût et pour la
lecture et pour l'écriture…

En tout cas, je ne
manquerai pas de lui rapporter la joie de cette jeune femme de 33
ans, Bordelaise et travailleuse sociale (en voilà une au moins qui
ne prétend pas être Ecrivaine, elle!), qui a appris EN DIRECT, au
téléphone, sa sélection au jury du Livre inter de la voix même de
Pascal Clark, puis d'Eva Bétan… Comme elle aurait été fière et
heureuse, notre Mimi, si, alors qu'elle secouait sa nourrissone dans
ses bras pour la calmer afin de pouvoir écouter, tendue comme une
corde d'arc tendu, la liste des jurés suprêmement élus, son
téléphone avait sonné pour lui apprendre que mais oui, cette
année, ENFIN, elle avait été CHOISIE! Et qu'elle était EN DIRECT
sur France inter, à parler avec Pascale, cette journaliste qu'elle
admire TANT!

Ce n'est pas grave, Mimi,
je la réconforterai avec mes mots si justes, même s'il y a une
étudiante de 22 ans qui a été sélectionnée (tu te rends compte?!
En plus, elle ne fait même pas des Lettres mais du paysagisme!), il
y a aussi des vieilles, notamment une jeune retraitée de la SCNF de
55 ans qui a été choisie, je sais bien que tu ne travailles pas à
la SNCF, ma Mimi, mais le Syndic, quelque part, ça a un côté wagon
de queue, te concernant du moins, et l'esprit qui y règne n'est pas
sans rappeler celui qui anime le mental des cheminots sud rail,
surtout ceux derrière les guichets… alors accroche toi, ma Mimi,
courage, encore 13 ans, et tu seras peut-être une heureuse élue de
ce jury… si tant est qu'il existe encore. Quel dommage, c'est vrai, ma Mimi (reprends une pilule rose), surtout que l'ambiance a
l'air d'y être extrêmement sympathique, on rencontre des tas de
gens chouettes, un écrivain également,  en la personne du Président du jury, célèbre et bien introduit, ce qui est toujours un bon moyen de placer que
mais oui, sois même, il se trouve que l'on écrit…

  • Ah bon?

Que l'on a même été
publiée…

  • Ah bon?!

Mais oui, monsieur
Maalouf, madame Bétan, Pascale… les éditions Arcadia, en 2007, La
femme blanche est fatiguée

  • Comme c'est
    intéressant! Voilà ce qui explique sans doute cela…

  • Quoi?

  • Que votre lettre
    soit si bellement écrite, si drôlement tournée et si
    touchante, en un mot, si exceptionnelle… la meilleure d'entre toutes… n'est-ce pas Jérôme
    (Garcin, de passage dans le coin).

  • Tout à fait! Marie,
    il faut ABSOLUMENT que vous m'envoyiez votre livre… une
    critique quatre ans plus tard au Masque et la Plume n'est pas à
    exclure…

  • Sans compter une
    édition poche, chez l'éditeur d'Amin, par exemple! (Eva, toute excitée)

  • Un moyen de mettre
    un pied dans la boîte, pour un futur manuscrit, Marie! (Pascale, enthousiaste)

– Je les appelle dès ce soir pour leur parler de vous (Amin, très emballé)

En attendant, ma Mimi,
profite bien des premières dents de ta fille qui poussent, surtout
la nuit, et repose toi le jour, dors, ne lis pas et n'écris pas non
plus, car tu ressembles presque à la jeune retraitée de la SNCF
avec tes cernes et tes rides qui jaillissent littéralement par
manque de repos… et essaye de faire le bon choix.

Je ne parle pas de celui
qui consiste à savoir s'il te faut continuer à écrire ou commencer
à 42 ans à faire carrière dans l'Administration, non, mais bien
plutôt celui qui consiste à savoir si vous allez finalement partir,
vous, la petite famille or dorée au pays du soleil empoisonné, ou
non. Je sais bien que pour A c'est la chance de sa vie, ce pauvre
garçon, un poste en or dans un domaine où il a toujours rêvé de
travailler mais enfin, il y a fuck-shima à quelques pas de là,
est-ce bien raisonnable?

Bonne fille, je veux bien
te laisser approcher l'ordi pour que tu vérifies heure par heure
l'état d'avancement du colmatage, avec du carambar mâtiné de
malabar, de l'enceinte du réacteur 3 comme pour te renseigner sur
le coût moyen d'un compteur geiger que tu garderas, là bas, en
permanence au fond de ton sac à main, afin de mesurer le nombre de
millisiverts des feuilles d'épinard du déjeuner du Zébu, des
molécules de lait de la Zouflette ou de la pluie tombant en trombes
(la mousson, eh oui!) sur vos petites personnes jusque là si
précieusement préservées…

Et si avec ça, tu
arrives encore à écrire ET à remporter des concours, même celui
des éditions du fond du trou, basées à Nogent le Rotrou, eh bien,
je te le jure, je te le promets, j'irai polluer la tête d'une autre
que toi, une jurée du Livre Inter par exemple…

Pour l'heure, je te
salue, Marie pleine de disgrâces, néanmoins bénie entre toutes les
employées de bureau… et je vous salue tous, également, amis
lecteurs de la Mimi, elle vous sera rendue dans les meilleurs délais
(sous six mois) lorsque sa retraite catalane, mal méritée, se sera
achevée.

God bless you!

Ps : la Mimi est de
retour mais son pc est hors d'atteinte sans compter le bébé avec
ses fesses sales et sa mâchoire enflammée héhé…

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