Japon ou pas Japon? Nous
nous posions encore et toujours cette question, enfin moi surtout car
A, lui, avait tranché (Japon! Enfin… dès que possible!), essayant
de ne pas trop nous faire parasiter, enfin moi surtout (Mimi, de
toute façon, personne ne sera 100% d'accord avec nous!), les
sempiternelles répliques du séisme n'étant pas spécialement du
genre à nous rassurer (enfin moi surtout).
-
Le Japon?! Mais vous
avez envie de mourir ou quoi?! -
Le Japon?! Vous avez
pensé à vos enfants?! -
Le Japon?! Vous
savez que les enfants sont PARTICULIÈREMENT sensibles à la
radioactivité? -
Le Japon?! Vous
hésitez? Pourquoi? Il y a un problème?! -
Le Japon?! Vous
hésitez encore?! Mais tout est rentré dans l'ordre non?!
Etc, etc.
Pendant que je me
triturais mon make up of mind depuis des semaines, il y avait
en ce lundi 11 avril, une autre question que
devaient se poser certaines femmes, ainsi le fantôme du parc
Montreau toute de noir vêtue… voile ou pas voile, telle était la question du jour à laquelle Jeff le Zélé avait répondu de façon tranchée comme A avec le Japon.
Pour en revenir au fantôme du parc Montreau, je la rencontrais à chaque détour
d'allée, qui poussait son bébé dodu, dans sa poussette trois roues
dernier cri que même les bobos du bas Montreuil n'avaient pas encore
réussi à dégoter lors de leur week-end de trois jours à New-York.
Elle marchait toujours d'un pas alerte, l'oreille collée à son
i-phone lui aussi dernier cri, tandis que la Zouflette donnait du
talon contre mon ventre de femme semi-ringarde (vieux portable mais
écharpe branchée) et semi-nue (jupe longue mais débardeur).
-
Demain, tu mettras
des petites chaussures, hein, parce qu'avec ça, tu pourras pas
travailler…
Faut croire qu'il n'y
avait pas que les femmes bâchées qu'on serrait de près
aujourd'hui, il y avait aussi les serveuses de café, du moins celui dans lequel je m'étais réfugiée, transie (à l'ouest, il fera très
chaud en ce lundi quasi estival..) après que ma coach de bilan de compétences ait annulé
une fois encore notre RV d'une voix d'outre-tombe. Café à 2 euros
10, grands boulevards oblige, ambiance nulle, courants d'air,
politesse de brasseurs parisiens, le paradis quoi.
Bref. C'était lundi et
il allait falloir tomber les voiles mesdames, ne cachez plus ce
visage que l'on saurait absolument voir. Tante Babe m'avait
d'ailleurs cueillie au saut du lit avec ce haut fait d'actualité.
-
Mimi, tu vas pouvoir
appréhender ton fantôme du parc Montreau, c'est aujourd'hui que la
loi rentre en application! Allez hop, en selle, écharpe moi la môme
et à l'attaque! -
Mais Tata, ça n'est
pas mon boulot et puis… -
Taratata, bien sûr,
toi, tu trouves ça TRES BIEN! Liberté d'expression, respect des
diversités culturelles, principe de tolérance, etc… tout ça
c'est de la foutaise! De la lâcheté déguisée en fausse
tolérance! Ces femmes sont des victimes et il faut les forcer à
ôter ce voile au besoin en les mettant à l'amende! -
Mais tata, si ce
sont des victimes, pourquoi faut-il les punir elles?! -
Taratata ma nièce,
je te sens déjà faire de l'angélisme! Du sophisme! Du procès
d'intentions! -
Madame, vous en avez
pour longtemps?
Le garçon de café,
planté devant moi, une nappe à la main et le sourire étincelant du
garçon de café parisien à la bouche (smiley vers le très bas).
-
Euh…
-
Non parce que là,
je bâche toutes les tables! -
Euh… je ne peux
pas rester pour… -
Non! A midi, j'ai la
salle pleine de femmes voilées! -
Pardon?!
-
Toute la salle est
prise par des gens qui viennent déjeuner! -
Mais je vais où moi
alors?
A 2 euros 10 le café,
j'espérais tout de même avoir droit à deux heures pleines.
-
Je peux vous
installer debout au comptoir avec un foulard… -
Comment?!
-
Je peux vous
installer là bas, debout devant le miroir… -
Debout?!
-
Bon… à la
rigueur, je peux vous mettre à la table en hauteur… celle où les
emburkabés mangent leurs sandwichs bon marché à 8 euros! -
Les quoi?!
-
Les ouvriers! Vous
êtes sourde ou quoi? -
Euh non… c'est
tout ce bruit dehors… -
Bon ben vous faites
quoi alors?! -
Ok, ok, va pour la
table en hauteur…
Et que je me déplace, le
garçon de café portant d'un air dégoûté mon sac franprix d'où
dépassent le paquet de couches de la zouflette et le PQ des trois
autres, propres sur eux.
Quant au voile intégral,
n'en déplaise à tata Babe, bon courage pour l'application de la
loi.
Prenez une femme
intégralement voilée, appelée Josyane (il n'est pas rare que ce
soient des Françaises de souche qui s'en drapent, j'ai remarqué,
enfin du moins là où je vis), prenez un flic, pardon, un
représentant des forces de l'ordre, appelé Mahmoud (la Police
commence à s'ouvrir), Mahmoud croise le chemin de Josyane qui
promène Ylies-Maxence dans sa poussette dernier cri au parc
Montreau. Disons plus exactement qu'une usagère du parc, Marie C.,
éprise de laïcité et de liberté de la femme, vient de faire à
ses services (monsieur l'Agent, il y a une femme intégralement
voilée qui vient de passer devant le marchand de glaces!), à moins
que ce ne soit le gardien du parc qui ait demandé en amont à
Josyane de dévoiler à tout le moins son visage et que n'ayant
obtenu aucune réaction positive, il n'ait été obligé de recourir
à la force publique (monsieur l'agent, vite! Une récalcitrante en
voile dans mes allées!).
Quoiqu'il en soit, dans
un premier temps, Mahmoud, conformément à la demande de Jeff le
Zélé, procède à une interpellation inopinée de la dame.
-
Bonjour Madame…
fait chaud hein aujourd'hui? -
…
-
Vous ne trouvez pas?
En tout cas, moi, tout de bleu… enfin presque de noir vêtu,
je transpire, je transpire… si je pouvais, je me mettrai bien en
short et en tee-shirt… en toute décence hein… -
…
La femme ne répond pas.
Pire, elle poursuit son chemin avec sa poussette dernier cri, et ce,
à toute vitesse. Voilà notre Mahmoud obligé de lui courir après
s'il veut poursuivre son interpellation inopinée. Une fois la dame
rattrapée, lui, courant presque pour se maintenir à sa hauteur, il
passe à la deuxième étape, la pédagogie.
-
Madame… il me faut
vous avertir qu'aujourd'hui, conformément à la loi 567 du code
pénal, article 34 B, alinéa 4, il va vous falloir dégager votre
visage si vous vous trouvez sur un lieu publique quelconque… en
effet, dans un souci de sécurité et de convivialité, les forces
gouvernantes ont jugé plus facile en cela que chaque citoyen, homme
ou femme, ait le visage dégagé… pour le reste, vous faites ce
que vous voulez hein… jean, robe, pyjama… -
…
-
Il est en effet
impossible d'avoir une conversation d'égal à égal, libre,
conviviale avec quelqu'un dont on ne voit pas le visage! -
…
-
C'est justement en
ce but que cette loi a été votée! La convivialité! La
sociabilité! Le contact! Il faut aller au contact dans notre
société si cloisonnée! -
…
-
Madame, si une
personne quelconque de votre entourage vous oblige à porter ce
voile intégral, nous pouvons en parler… au poste! -
…
-
Nous avons sur place
une conseillère conjugale, une assistante sociale, une psychologue
spécialisée dans les cultures différentes (l'islam intégriste),
une interprète qui parle dix-huit langues de pays arriérés
(l'arabe, l'arabe et aussi l'arabe), une gynécologue
obstétricienne, une juge des familles, une… -
…
La femme ne répondant
toujours pas, pire, s'étant même mise à courir avec son landau,
que doit faire Mahmoud? Que peut-il faire? Il doit passer à la
troisième étape, la menace. Il court donc après Josyane et une
fois à sa hauteur, il vocifère.
-
Madame, conformément
à la loi 567 du code pénal, article 34 B, alinéa 4, si vous ne
découvrez pas immédiatement votre visage et votre chef, c'est 150
€ d'amende, et/ou un stage de pédagogie citoyenne coefficient 4,
voire, une comparution devant le juge si vous résistez! -
…
-
Madame! Ne m'obligez
pas à recourir à la force!
Quelle force? Le pauvre
Mahmoud ne peut rien faire! Si Josyane s'obstine, il faudra qu'il
aille dans une cabine téléphonique appeler le Procureur de la
République qui, lui, avisera. On ne sait pas au juste ce que pourra
faire, concrètement, monsieur le Procureur de la République,
surtout que le temps qu'il arrive, même en taxi, Josyane sera
rentrée chez elle mitonner son petit dîner à celui qui l'oblige
peut-être à se voiler ainsi, mais au moins, Mahmoud aura fait son
boulot et pourra passer à quelque chose qui relève un peu plus de
son corps de métier (interpellation d'un mari violent, d'un vendeur
de hashish ou d'un voleur de sac à mains de vieilles dames voilées
ou non).
Seulement voilà, Mahmoud
est échauffé. Il s'est montré gentil, poli, pédagogue, patient et
cette grosse pute en burka (enfin en niqab) n'a même pas daigné lui
répondre ne serait-ce qu'un seul mot, pire, elle ne lui a même pas
adressé un regard, par la fente de son accoutrement.
Alors Mahdmou, il craque!
Il se saisit à pleines mains du voile de Josyane et il tire dessus,
pour l'arrêter, dans un premier temps, et pour lui faire respecter
la loi, dans un second.
-
Madame, c'est midi,
c'est l'heure de la prière! -
Quoi?!
-
C'est l'heure où
l'on sert! Il va vous falloir payer et laisser votre place… sauf
si vous voulez consommer encore… -
Bon, ben, va pour un
café à 2 euros 10!
Je veux absolument
terminer l'histoire de Josyane.
-
Du solide madame! A
cette heure, on consomme du solide! Burka, niqab ou voilé! -
Euh… vous pouvez
répéter? -
Je répète, boeuf,
crabe ou poulet! -
Je crois que je vais
y aller… -
Au violeur! Au
secours! A moiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!
C'est Josyane qui crie.
Mahmoud se tient à côté d'elle, la bouche ouverte, le voile
intégral intégralement dans ses mains, un rideau de badauds
goguenards ou choqués les entourant. Il n'en croit pas ses yeux car
en effet, sous son voile, Josyane était… nue! Intégralement nue!
Josyane hurle, elle essaye de se protéger de ses mains, mais ses
gros seins ballottent et son buisson ardent, quand bien même épilé
de près, déborde de la coque de ses mains.
-
Au nom de la loi, se
reprend Mahmoud tout content, je vous arrête… pour attentat à la
pudeur!
Et Mahmoud passe les
menottes à Josyane, qui vocifère, sous les sifflets de la foule
qu'on ne sait choquée par Josyane ou Mahmoud qui lui, est soulagé.
Concernant les attentats à la pudeur sur la voie publique, la loi
est claire, on interpelle immédiatement, sans pédagogie et on
emmène au poste.
Quant à moi, je préfère
renoncer à un sandwich à la burka ou à la voilée à 15 €, je
règle mon café et je quitte ce lieu pour le moins peu hospitalier
qui ne risque pas de recevoir ces femmes qui, non loin, voilées de
noir, du pied à la racine de leur cheveu oxygéné, vont se parer de
foulards Hermès ou de tailleurs Dior dans les quartiers réellement
chics de la Capitale (où par ailleurs on ne trouve pas foultitude de
flics, dénommés Mahmoud ou autres).
Bon courage Mahmoud et
les autres (eh oui, même Josyane)!