Détente champêtre, j’oublie tout…

A
était depuis 3 semaines maintenant à Sushiland et nonobstant ses virées
nocturnes (voire diurnes) avec ses collègues pré-pubères portées sur la boisson
(et les femmes), il se sentait plutôt reposé, et relativement zen, nonobstant
l'ennemi invisible (la radioactivité) qui était installé pour plusieurs années
dans le pays. A Tokyo, rien ne permettait cependant de dire qu'à 250 km de là,
les enfants se promenaient avec des masques sur le nez, étaient interdits de
cours de récré et…

                   
Je vais aller faire démarrer les pommes de
terre… si on mange vers 13 h 00, t'en penses quoi?

La
grande Simone, prenant le relai des mouflets et de la non muse, pour m'empêcher
d'écrire. J'en pense rien (les pommes de terre). Ou plutôt si, très bien,
parfait, 13h00, parfait… 16 h 00 aussi si tu veux. Je veux juste avoir ma demie
heure d’écriture car je viens de me farcir une heure de courses pour retrouver
une zouflette endormie, mais sitôt réveillée à peine les courses rangées et mes
fesses posées devant l’écran, de mauvais poil et fiévreuse, qui plus est, 39,5,
haut les cœurs, et donc…

                   
Oui c'est très lourd… c'est de fabrication alsacienne…
en espérant que ce n'est pas une région de Chine qui s'appellerait Alsace
hein… ahahah…


Le
professeur Colza, maintenant, manageant deux barbus dont un chevelu apportant
une table à mes vieux, pour meubler leur nouvelle retraite champêtre. Je décide
de les ignorer ostensiblement même si les deux en ahanant heurtent ma table de
travail et auraient bien besoin d’un coup de mains, même faible.

                   
Attention au lustre mon Romain, t'es grand…

                   
Et puis y a une petite marche aussi, gare!

                   
Mais c'est quoi toute cette eau là par terre?!

                   
Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin!

                   
Zébulon, laisse dormir ta soeur bon sang!!

                   
Mais elle est dans MA poussette, moi je VEUX MA
POUSSETTE!

                   
Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin…

                   
tiens prends ça! Pan! Ça t'apprendra à embêter
encore ta soeur!

                   
Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin!

Je
disais donc. A Tokyo, les enfants pouvaient encore se promener le nez à l'air
libre, avoir droit à deux récrés par jour et à condition de ne pas lécher le
sol, ni leur kway trempé de pluie, ils avaient encore une chance d'échapper aux
millisieverts à doses problématiques. Ce qui fait que A tout à sa solitaire
petite chambre de salary man sans famille, avait hâte de nous retrouver et
trouvait (presque) le temps long sans nous.

Et
nous? Le temps filait toujours à toute vitesse. Le Zébu ne semblait pas
souffrir trop de l'absence de son père, à moins que son asticotage permanent de
sa petite soeur ne soit une façon de l'exprimer?

                   
Il est encore petit, il faut comprendre, tous
les aînés embêtent leur petit frère ou soeur…

La
grande Simone, pédo-psychiatre formée sur le tas. Même en permanence? Même
après qu'on les ait engueulés fessés secoués enfermés dans leur chambre quand
le niveau d'alerte ait été plus que dépassé, explosé?! Car moi en tout cas, je
ne voyais pas le temps passer, j'avais avalé un tic tac, et commencé même à
avoir des tics de fatigue et d'impatience et de…

                   
Maman, tu peux jouer au ballon?

Non,
maman ne peut pas, maman bosse BORDEL. Maman ne bosse même pas sérieusement
puisqu’elle ne fait écrire QUE son blog!! Tic tac tic tac, jusqu’à ce que la
zouflette sorte de sa sieste du matin heureusement recommencée…Tic tac à peine
interrompu la nuit puisque la nuit les enfants se transforment en vampires, ils
sortent de leurs lits et viennent danser une ronde hurlante ou ricanante autour
de ce lit où vous gisez après une journée quasi non-stop 7 h 00- 22 h 30.

Aussi,
pour me détendre, la Grande Simone et le professeur Colza m'avaient proposé une
courte retraite champêtre (sous la pluie)…

                   
Comme ça les enfants seront au vert, et le Zébu
dispersera son entropie superfétatoire dans le jardin (son grand-père)

                   
La Zouflette prendra le bon air de la campagne
(avant que de s'intoxiquer à celui du Japon)

                   
Et puis toi, tu souffleras un peu…

Nonobstant
les nuits, les repas, les bains, les conflits et les maladies (puisque peu
malades ce printemps, les petits s'étaient mis à faire de la fièvre courant
juin, en ces époques où normalement les virus éternent).

Cela
dit, je soufflais car il n'y avait pas de cartons à faire, pas de RV à prendre,
pas de coups de fil ni de rencontres diverses et variées, aucune tentation
d'aucune sorte de gagner du temps en m'avançant tout le temps sur le quotidien
(courses, bagages que sais-je).

Il
avait juste fallu réussir à partir, scène en six actes, rien moins que ça.

Premier
acte. Les bagages. Je suis chez la grande Simone, mes bagages faits à la diable
à Montreuil sont maintenant dispersés aux quatre coins de l'appartement suite à
une nuit et une matinée passés en ces lieux. Première épreuve digne de fort
Boyard : rassembler tous les effets, ne pas oublier la tétine tombée sous le
lit, le doudou coincé entre le mur et le lit, les biberons sous les canapés,
les couches dans le placard, etc etc sur fond de bébé hurlant (la fatigue) et
de Zébulon criant (bon on Y VA MAMAN?!), de bébé hurlant encore plus fort
(pincements du frère) et de Zébulon braillant (la fessée légalement interdite
mais parfaitement autorisée dans le cadre de la famille Chotek s'en va en
week-end prolongé).

Deuxième
acte. Descente des bagages, de la poussette, des enfants, sans rien oublier.
Installation des enfants dans les sièges (bataille avec les ceintures de
sécurité), caser tous les bagages dans une voiture faite pour deux adultes pas
trop gros et surtout SANS PETITS ENFANTS. Tout ça bien sûr sur fond de cris (la
Zouflette au bord du gouffre) et le Zébu (bon ON PART MAINTENANT?!)

                   
As-tu vu ma sacoche de travail?

La
grande Simone, paniquée, sur le trottoir.

                   
Non…

                   
Mais je t'avais dit d'y faire attention!

                   
Mais Maman, j'ai déjà deux enfants et six
bagages à gérer!

                   
Ah mais on ne peut jamais compter sur toi! C'est
toujours la MEME chose avec toi! Tu ne penses qu'à toi et aux enfants! Ça
toujours était comme ça, aucun sens des responsabilités, blablabla…

Etc,
etc.

Troisième
acte, la grande Simone a retrouvé sa sacoche (dans son bureau) mais moi, j'ai
oublié le lait en poudre, et le doudou et l'eau pour la route et…

                   
Je remonte… (moi)

                   
La cafetière est restée allumée… éteins la!
(la grande Simone qui a pris un café pour se détendre)

                   
Ok!

Quatrième
acte. On est tous installés dans la voiture.

                   
Au fait, la cafetière était éteinte (moi)

                   
ça m'étonnerait, je suis sûre de ne pas l'avoir
fait!

                   
C'est bien sur o qu'il faut la mettre (moi,
prise de doute)

                   
Ah mais ça n'est pas la machine à expresso,
c'est l'autre, la cafetière du matin!

                   
Ah mince, j'avais pas compris!

                   
Ma pauvre Mimi, on ne peut décidément jamais
rien te demander!

Cinquième
acte, la grande Simone est remontée, éteindre la cafetière-du-matin, et passer
quelques coups de fil à son éditeur, du coup. Dans la voiture, la Zouflette a
renoncé à brailler et le Zébu a décidé de faire pipi dans son jean, en matière
de protestation. En m'efforçant de toutes mes forces de ne pas hurler sur lui
(presque aussi dur que d'essayer, par exemple, de ne pas vomir quand on a la
gastro), j'entreprends de le changer sur le trottoir.

Sixième
acte. Nous sommes tous installés dans la voiture et le compte est bon. J'ai
oublié mon appareil photo mais je décide que l'on en a bien assez des photos
comme ça… ah et puis le shampoing, on en achètera sur place, c'est pas le
Sahara où on va. Quant au doliprane, ils en ont pris il y a deux heures, ils
tiendront bien jusqu'à dix sept heures…

                   
Tous ces salopards de bourgeois qui exploitaient
ces courageux mineurs… ce gouvernement de bourgeois qui a fait tirer sur
eux… honte, honte à eux…

Nous démarrons donc, enfin, sur fond de Daniel
Mermet. Est-ce la fatigue? Un fataliste retour de conscience  d'appartenance de classe? Ses histoires de mineurs
au Mermet me sortent par les trous d'oreille et les messages conscientisés
moralisateurs de ses auditeurs me font soudain SUPER MEGA CHIER. Il est temps
que je me repose, au vert. Sinon je vais voter Sarko en 2012, à l'ambassade de
France si…

 – Du thé vert en provenance du Japon à forte teneur radioactive a été intercepté à Roissy par les douaniers français, alors qu'un VRP de Nippon Tea Express tentait de le faire passer en douce, dissimulé dans son kimono…

Si tout va bien, quoi…

 

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