Youchien Matsumura, II

Bon, je ne quitte plus
l'école, au sens propre comme au sens figuré puisque je vais encore
vous en parler aujourd'hui vu que…

  • Ah tiens? Après
    avoir mis deux mois pour nous en parler, tu ne t'en lasses plus? Ou
    tu n'as rien d'autre à nous dire…?

Une collègue de bureau
qui accomplit sa 6587ème journée au Syndicat du crime ès livres et
qui est donc, c'est fatal, bouffie de jalousie laide.

Eh bien en fait ce
youchien prend beaucoup de temps. Et donc du temps, entre lui
et les maladies des enfants qui signifient une claustration
hystérique à la maison, j'en ai de moins en moins… le stock étant
par ailleurs encore réduit par une Zouflette qui a décidé de se
lever peu après le soleil levant soit pour dévorer son biberon soit
pour vider la boîte de boules quiès soit pour cogner sur les portes
et râler dans nos bras vers les 7h00 qu'elle est fatiguée et
voudrait bien re-pioncer un peu (mais dans nos bars si possible).

Et puis il y a les
activités extra-youchien, qui en prennent du temps, justement.

Ainsi, un vendredi de
septembre, alors que je commençais à trouver un semi rythme
d'écriture, nous avons dû toutes (les mères) accompagner nos
enfants bleus ciel (uniforme réglementaire) pour une sortie
extra-centre de Tokyo (vu que Tokyo s'étend sur des dizaines de km,
autant dire qu'on met du temps à le quitter…), sortie que
j'imaginais pleine d'exotisme, genre sentier serpentant parmi les
rizières ou jardin magnifique rempli d'essences locales et d'arbres
majestueux.

En fait, on s'est
retrouvé à avaler une bento sous les arches taguées d'un
pont d'autoroute (ne surtout pas penser à un tremblement de terre de
force 7) après avoir poireauté une heure d'une arche à l'autre
sans savoir ni quoi ni qu'est-ce. Quel bazar… Mais comme s'en est
réjoui Ana Freud, on n'était pas les deux seules dindonnes à ne
rien comprendre à ce qui se passait, il y avait aussi du flottement
dans les rangs des Japonaises qui se demandaient où les sensei
voulaient en venir. A la fin, Sumiko sensei, la sensei du Zébu
et la plus âgée, a tapé dans ses mains pour rassembler les troupes
et a prononcé un discours en japonais ponctué de petits rires dans
l'assemblée.

Le problème venait de ce
qu'un nuage d'insectes indéfinis avait foncé sur notre groupe et
nous collait menu, et puis il y avait le soleil, trop fort à leur
goût, et puis sans doute le Danger derrière ses herbes semi folles
qui bordaient un vague sentier que j'aurais bien emprunté pour faire
une bonne et longue marche de 2,8 km le long des berges de cette
Kanagawa (une rivière) qui roulait ses flots gris à notre gauche.

  • Et les arbres en
    rouge doré orangé caramélisé?

  • Et les temples de
    bois sombre aux toris rouges vifs?

  • Tu les as vus
    enfin?!

Non, non, je n'ai rien
vu, je ne suis pas là pour VOIR mais pour ACCOMPAGNER mon fils,
mince.

Les sensei ont
ensuite rangé les enfants par classes, au nombre de 4, et clic clac,
une photo souvenir avec mères, pères, grand-mères, petits
chienciens, sensei et directrice sur fond de béton ciel gris,
souriez, et puis avec tout ça, c'était déjà l'heure (11h30) de la
bento, à déguster sur des galets et sous les arches donc (le
soleil très très fort tu parles), de par et d'autre d'un filet
d'eau où ensuite les enfants ont eu droit de s'amuser en faisant
voguer des petits bateaux préparés à partir de ce papier plastiqué
qui recouvre les bouteilles en carton de lait ou de jus de fruits.

Bien sûr, malgré la
longue page d'explications avec schéma et traduction en anglais par Fumiyo
angel, moi j'avais réussi à me planter en gardant le carton de la
bouteille et non le papier plastifié la recouvrant, le Zébu a donc
eu droit à un Titanic pour embarcation, 1 mauvais point, mais de
toute façon, il s'en fichait, il voulait juste sauter dans l'eau des
pieds à la tête, avec son uniforme, 2 mauvais points, que les
autres mères, prévoyantes, avaient fait enlever à leur enfant pour
qu'il puisse reprendre le métro en tenue réglementaire.

Pendant ce temps là, les
mères, elles, sautaient à la corde avec les sensei, mortes
de rire, qui poussaient des Damé! Damé! quand elles rataient leur
saut et s'exclamaient des Sugoi! Sugoi! quand elles le réussissaient.
Cela m'a permis de voir des petites dames bien sauter en tenant leur
chapeau sur la tête, ou en serrant leur sac sous le bras,
accompagnées par le seul mâle du coin, Alex, le papa suisse de
Heidon, un suisso-taiwanais dans la classe du Zébu. Je me suis
lancée, avec Ana Freud, et on s'est pris les pattes dans la corde, 3
mauvais points, pendant que mon fils se baladait en slip et tee-shirt
dans l'herbe, au loin, tout en serrant farouchement une des cordes à
sauter des sensei qu'il
refusait absolument de restituer.

A 13h30, c'était plié,
tous les enfants rangés dans leur uniforme et direction le métro,
Shibuya station, on n'a pas que ça à faire. Bluffant.

Enfin soyons juste,
l'endroit était peut-être à mes yeux d'adulte aigri et blasé,
laid et sans intérêt, le Zébu m'a néanmoins depuis, demandé
plusieurs fois avec ferveur à y retourner… comme quoi les sensei
avaient vu juste, ce qui intéressait les petits ça n'était pas de
belles allées bien peignées avec de jolis tooris rouges, mais une
petite rivière où patauger (vite mon geiger!!!).

Avec Ana Freud, on a
prolongé par un Shoto parc, le square du quartier de l'école,
jusqu'à ce que la cloche de 17h00 qui ressemble à une cloche
d'église mâtinée de Big ben, sonne comme chaque jour dans tous les
quartiers de Tokyo signifiant ainsi, paraît il, aux enfants à la
clef autour du cou qu'il est temps de rentrer chez eux (mais que
foutent donc leurs mères à ceux là hein?!).

Et hop, une journée de
passée.

  • Ah Mimi, j'espère
    que loin du Syndic, tu trouves le temps ENFIN d'écrire…

Euh non.

  • Mimi, ma pauvre
    nièce, dis leur, à ces « sensei » que tu ne peux pas
    te permettre de passer autant de temps dehors à jouer avec elles!
    Tu dois travailler toi!

Ok tante Babe, mais tu
dis ça comment en japonais?

Ensuite, il y a eu la
préparation de la kermesse. Et encore, j'ai eu du bol, je me suis
retrouvée grâce à Ana Freud dans son groupe, dirigée par Fumiyo
angel, nos oreilles et notre langue dans cette école puisque non
seulement elle parle très bien anglais (elle est mariée à un grand
Américain) mais en plus elle est serviable, et s'occupe avec
empressement des foreigners toujours larguées que nous
sommes, Ana Freud et moi, et aussi Rami, une Indonésienne qu'elle a
également prise sous son aile de petite femme menue et efficace qui
devait sans doute diriger une entreprise de 543 personnes dans sa vie
antérieure (celle d'avant qu'elle ne ponde ses 3 enfants).

Comme Fumiyo n'est plus
100% japonaise entre son mariage et son expatriation longtemps aux
USA, elle nous a donc épargnés les interminables réunions
destinées à préparer cet événement qui au fil du temps semblait
revêtir une importante au moins égale à celle du sacre de
l'Empereur. Elle avait un classeur super bien organisé, avec des
photos et des schémas, elle distribuait promptement les rôles et
tâches à accomplir, le tout généralement en 15 min quand les
autres groupes semblaient tenir des sessions de plusieurs heures sur
la semaine.

A ce propos, l'année
dernière, il y avait une Française, depuis partie, qui avait choisi
l'atelier gâteaux en pensant que ça serait plampette la planque…
Causes toujours Gaëlle-san, elle s'est retrouvé à devoir assister
à des réunions régulières et interminables, qui plus est chez les
unes et les autres, et pour couronner le tout, chaque cuisinière a
reçu par mail un tableur excel reprenant étape par étape avec
indication du temps, la recette DU gâteau à faire car pas question
d'avoir l'inouïe fantaisie de concocter dans son coin un tiramisu ou
une bûche au chocolat. Et là, paraît il, elle a pété un câble
et leur a jeté son tablier à la figure, damé!

Telle une Amélie
Nothomb, je me suis aussitôt juré de toujours tout faire comme il
faut, jusqu'à l'absurde le plus absurde ou la folie pure s'il le
fallait tellement je voulais m'intégrer et me faire des copines des
vraies parmi mes consoeurs japonaises…

  • Cette Gaëlle-san a
    bien eu raison! Mimi, ça n'est pas en te carpétisant ainsi que tu
    vas devenir amie avec les tatamis!

Une copine de bon
conseil, 1600 amis sur face de bouc.

Bref. Mon équipe était
relax, mis à part la Mégère, une co-équipière de suite repérée
par mon flair très flaireux et qui allait me donner raison (le
flair), vous le verrez plus tard poussez pas.

  • Bon et ensuite? Ta
    pièce de théâtre mimi sur ton Jésus femme, ça avance?

Ma mère à qui j'ai eu
le malheur de dire que j'écrivais, jadis, dans ma vie antérieure,
cette pièce là.

Non mais la kermesse
était très sympa, maman, même toi, l'agrégée rabat joie tu
aurais aimais ça. Avant le jour J, le vendredi, on a dû venir à
12h30 u lieu de 14h00, et quand je suis arrivée, 5 minutes en
retard, une armée d'abeilles s'agitait déjà autour des piquets de
tente à montrer dresser les bâches à fixer les bancs à monter où
l'endroit de chaque pièce à apposer était indiqué au feutre, le
genre de choses dont feraient bien de s'inspirer les Ikéa et
consorts.

Ensuite on a mis pendant
des heures des gogoneries diverses dans les sachets destinés à la
pèche à la ligne, mon stand, tandis que la Mégère, profitant de
l'absence de Fumiyo angel, distribuait ses ordres en jappant. Enfin,
ça m'a semblé, essentiellement parce qu'elle a le japonais saccadé
et qu'elle ne sourit pas, parce que son grand-mère, geisha, lui a
toujours dit et répété que dans la vie tout se payait, y compris
le sourire.

Il a fallu aussi revenir
le samedi, pour continuer à remplir les sacs et préparer la salle
que tout soit parfait quand moi, mon adage, dixit A, c'est Vite fait
mal fait, d'abord parce que ce genre de choses me barbent et ensuite
parce que je pars du principe que la perfection est généralement
inutile. Par ailleurs, mieux vaut une salle à peu près correcte
mais vitement arrangée qu'une salle merveilleusement correcte mais
très longuement arrangée vu que les mioches de toute façon ne
seraient intéressés que par les lots.

  • Bravo! Quel
    professionnalisme!

Une collègue dont
l'adage est pourtant, Moins j'en fais, plus j'existe.

Après, on a eu droit à
aller acheter 3 biens au bazar, une salle où des armées de mamans
avaient trié des tonnes de vêtements pour enfants, jouets, livres,
vaisselle, déco, et gogoneries diverses. C'est là que la Mégère a
révélé la Rapiat puisqu'elle a aussitôt foncé sur un sac en
tissu, le sacro saint sac à carnet à dessin pour l'école, qu'elle
avait repéré, et dont elle s'est saisit, sans un sourire, toujours,
puisque sa grand-mère, geisha donc, lui disait toujours, saisis toi
de l'objet convoité sans un sourire, les autres penseront ainsi
qu'il n'était pas convoitable.

J'ai acheté un sac au
Zébu, une blouse aussi grâce à Hélène qui l'a prise pour moi car
on n'avait droit qu'à un seul bien fait main, des assiettes à
compartiments pour les enfants car nos assiettes en plastique sentent
la mort (lecture d'un article sur le bisphénol) et une combinaison
d'hiver en polaire pour la Zouflette.

  • Passionnant… il
    n'y avait pas des objets disons… plus japonais?

Une amie nipponophile,
déçue.

Euh si mais ça serait
pour demain. Le lendemain, j'ai passé ma matinée à la pèche à la
ligne à dire des Tsurimasu ka? (tu veux pécher?) et des Onna no ko,
Otoko no ko (fille, garçon) puisque les sachets de lots étaient
sexués.

  • Ah ça, le contraire
    m'aurait étonné!

Oui tante Babe, tu as
raison mais bon, Zébulon refuse de jouer à la poupée et n'en a que
pour les véhicules divers et variés, train, voiture, et une petite
fille qui avait reçu par erreur un lot mâle, nous l'a rapporté
d'un air indigné. Alors…

Ma collègue de pèche
était sympa, enfin, comme peut l'être quelqu'un avec qui vous
n'échangez qu'un mot d'anglais pour deux bafouillés en japonais.
Elle avait avec elle sa fille, un bouddha de 9 mois, qui dort sur
elle, mange sur elle et se colle à elle, chose typiquement
japonaise.

  • Mon Dieu Mimi… ce
    pays à la pointe de la technologie dont les femmes vivent comme pas
    même ma trisaïeule vivait! Libérez les femmes, toutes les femmes!

Tante Babe, forcément.

Un défilé sans cesse
d'enfants venait pêcher, et repartir, puis revenait, j'avais
l'impression d'être dans une association de bienfaisance distribuant
des colis alimentaires, beaucoup d'enfants, surtout les filles, je
dois même préciser essentiellement que les filles, nous
saluaient à la japonaise. Et ça fait toujours drôle de voir une
petite bonne femme de 4 ans s'incliner devant vous pour vous
remercier de lui tendre une canne à pêche, et de rechef, quand elle
vous la rend, serrant son lot bien en main tout en marmonnant une
arigato gozaimasu.

A 11h30 tapantes, on nous
a annoncé que c'était l'heure de la pause déjeuner, une demie
heure pas plus, et après avoir engouffré mes nouilles grasses et
bonnes, j'ai filé au bazar faire chauffer mes pièces de 100 yens.
Vêtements pour enfants, vaisselle, gogoneries qui feront merveille
dans les chaussures à Noël, je me suis régalée…

On a remis ça, après la
dernière heure de jeux, et c'est là, alors que tout devenait
gratuit (tout doit disparaître) à 14h00, que la Rapiat s'est
totalement révélé.

Ana Freud tenait en
mains, mollement certes, un service de thé dont je lui faisait
l'article après que Meg, une Japonaise de Hawai qui parle un anglais
distinct et raffiné, me l'ait fait une heure auparavant. Céramique
venant d'un lieu très réputé au Japon (dont pas made in china),
tasses dont les flancs teintées de gris vert pâle, décorés
d'une petite fleur laissée transparente laissant apercevoir le
thé, qui brille si tu éteints la lumière dans ta tea-room et…

Et c'est alors qu'Ana
Freud, hésitante, a relâché une demie seconde la tension de sa
main sur la boîte, genre j'hésite à la prendre ou à la reposer,
ce qui a suffit à la Rapiat, surgie de nulle part, pour s'en saisir,
sans un sourire, une expression indéfinissable sur le visage, car
ainsi que le lui répétait sa grand-mère geisha, si quelqu'un
mollement en ses mains tient un objet par toi convoité, n'hésites
pas à le lui enlever, tu l'aideras ainsi à se décider… Et en 2,5
secondes, elle avait déjà disparu avec, plus rapide que le chat qui
se saisit d'une tranche de jambon sur la table.

Avec Ana Freud on
s'est regardé, estomaquées.

  • Ah ces Japs, ça me
    rappelle Pearl Harbor, ni vu ni connu je te balance une bombe!

Charlie Tango,
obsessionnel.

Selon Ana Freud, ça
serait assez typique. Disons qu'une fois encore, selon elle, elle
mesurait le fossé entre l'étiquette stricte et la gentillesse, et
le comportement parfois rustre, et même sagouinesque de bien des
Japonais.

Bon, pour ma part, et
elle en a convenu, je pense que la rapiat est la Rapiat, c'est à
dire une fille mal élevée et parfaitement déplaisante. Je ne vois
pas Fumiyo angel, ou Airi la charmante, par exemple, perpétrer ce
genre de forfait.

En tout cas, Ana Freud et
moi, nous tenions notre bouc émissaire local, ce qui est toujours
bon à avoir. On n'a pas arrêté ensuite de lui taper dessus, oiishi (délicieux)… 

  • Ah bravo! Jolie
    mentalité les filles!

Une amie, bonne soeur à
ses heures.

Certes. Avec tout ça, on
a poursuivi par un goûter chez Ana Freud et Pierre Curie, son jules,
et on s'est rentrés, heureux (moi surtout), avec tous nos lots. Ça
faisait toujours une journée d'écoulée, positivement.

  • Et en rentrant, t'en
    as profité pour bosser un peu? Relire ta nouvelle Stabat mater
    par exemple? Vu que ça fait à peu près 4 semaines que tu en es
    toujours à la première page…

Ma mère, qui suit de
près mes écritures.

Lessive, rangement,
bains, dîner… impossible de me poser le cul plus de 5 minutes pour
bosser. Pas grave, je le ferai lundi. Ah non, lundi, cours de
japonais et pas de youchien, vu que n'est-ce pas, il fallait
que tout le monde puisse s'en remettre. Eh bien ça serait pour mardi
matin. Sauf que mardi matin, j'ai testé la chorale.

  • Ah c'est pas vrai
    Mimi! Mais tu ne peux pas arrêter de divaguer ainsi? Tu as bientôt
    50 ans et tu vis comme si tu avais toute ta vie devant toi pour la
    réussir, justement!

La grande Simone, encore.
Forcément.

Oui mais voilà. Je suis
partagée moi, pourquoi aller si loin si c'est pour m'enfermer chez
moi et écrire exactement de la même façon sur les mêmes trucs
qu'en France? Qu'est-ce que ça m'apportera d'avoir vécu au Japon si
je suis restée en fermée chez moi pour faire la même chose qu'à
Montreuil hein? Et puis il faut que je m'intègre, maman, il faut que
je tâte du local! Ana Freud multiple rencontres, activités,
conférences et ateliers avec les mamans japonaises qui l'aiment
tellement qu'elles lui demandent toutes à genoux de leur apprendre
le français!

Moi, quand Ana Freud
n'est pas là, je reste plantée comme un piquet dans la cour de
récré avec Adelou-chan, la fille d'Ana Freud, qui n'a pas peur,
elle, de me faire la conversation vu que personne d'autre, il me
parle.

  • Oui mais Ana Freud
    n'est pas écrivain elle! Elle est psy! C'est son métier que de
    psychanalyser les mères forcément névrosées de ces futurs petits
    psychotiques!

Sauf que non, elle ne
psychanalyse rien du tout ou alors si elle le fait, c'est en toute
discrétion.

Bref, j'ai donc accepté
de la suivre à la chorale, pour mon intégration sociale et puis
aussi parce que j'aime beaucoup chanter, sans compter qu'on chante
des choses faciles, 3 comptines française, dont une (mon ami
Pierrot) pour partie en japonais, un chant en japonais et un gospel
en anglais aux paroles télévangélistes à dégueuler.

Et j'ai bien fait car non
seulement ma Zouflette a été exemplaire ce jou là, escaladant les
marches de l'autel (on était dans la petite église de l'école),
souriant à toutes, fouillant mon sac puis grognant de fatigue et
piquant du nez en moins de 5 minutes dans son écharpe contre mon
ventre, ronflant avec ferveur pendant que je braillais mon gospel,
mais en plus, c'était super de chanter toutes ensemble.

Et très drôle de voir
nos consoeurs japonaises répéter consciencieusement les paroles de
Mon ami Pierrot en français, achoppant à produire le « vous »
car le v n'existe pas en japonais, et le faisant à la mode Bacri
dans Le goût des autres.

  • Zou, zou…

  • Non… Vou Vou…

  • Dou, dou…

  • Non… Vou,
    Vou…

  • Vou, vou…

  • Sugoi! Very well!

Etc, etc.

  • Ma pauvre Mimi, je
    t'envoie de ce pas une adresse, celle de Femmes expatriées mais
    actives au Japon
    , une association qui s'occupe d'aider les mères
    de famille séquestrées dans leur cuisine-salle de
    bain-chorale-ikebana…

Ma mère, toujours
serviable.

Et avec tout ça, c'était
l'heure de récupérer le Zébu, et de rester plantée comme un
piquet solitaire dans la cour car Môssieur ne voudrait pas partir,
bien sûr.

En tout cas, cela faisait
toujours une journée de passée, plaisamment avec ça, et puis
j'écrirai mercredi. Ah non, le youchien finissait à 11h30 ce
jour là… eh bien, jeudi… ah non j'avais cours de japonais le
matin et après, j'avais juste le temps de récupérer le Zébu et de
filer chercher Zouflette-chan à sa garderie où je resterai plantée
comme un piquet sourd muet dans la cour car bien sûr, Zébu-ku ne
voudrait pas partir…

Sur ce d'ailleurs, c'est
l'heure que le Zébu m'attend avec Sumiko sensei remettant chaque
enfant à sa môman et je dois me grouiller car je suis souvent en
retard et j'ai droit à un « j'étais pas très content que tu
étais pas là » de mon fils qui voit tous ses petits camarades
japonais s'en aller sauf lui.

Mata ne!

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