Les billets auxquels vous avez échappés 1

–        Vous avez eu des nouvelles de la Marie ? ça fait un bail que son site est inactif…

 

–        Un peu comme elle d’ailleurs… trois années qu’elle a quitté la scène (du Syndic)…

 

–        Je crois qu’elle a sombre dans l’alcoolisme et le sakura suite au départ de sa chère Ana Freud, et de son cher Pierre Curie…

Non, non, rassurez vous, je n’ai pas sombré dans le sake ou même le pacifique mais avec les vacances du Zebu j’ai été et suis encore dépassée puisqu’avec Matsumura après les vacances c’est encore les vacances. Plus sa présence diurne entre mes murs se confirme, plus son énergie en déborde, plus je me sens vidée, épuisée, boule de nervée…

–        Oh ca va, ne nous fais pas le coup de la nana débordée ! T’as que ça à faire après tout !

Une amie célibataire sans enfants. Une amie célibataire avec enfant, mais employée de bureau et pensionnée. Une amie mariée avec enfants et cadre chez Prout de luxe (2 baby-sitters et une nounou).

–        T’as vu hein ? C’est pire que le bureau 2 gosses à la maison ! je crois même qu’il y a des maisons de repos spécialisées dans le traitement des dépressions et burn out des mères au foyer !

Une amie, mère au foyer.

Je confirme. Hormis nettoyeur à Fusk-hima, grand reporter en Syrie ou  porte-parole de Cahuzac, le boulot de mère au foyer est un des plus nerveusement laminant, bien plus que je ne l’aurais jamais cru.

–        Sans compter que ma pauvre Mimi, s’il y a bien un boulot qui n’est pas reconnu par l’inspection du travail et le chœur des actifs c’est bien celui de mère au foyer ! Question reconnaissance autant demander à une employée de la Mairie de Montreuil de te faire un sourire en te remettant ton passeport…

Enfonce le clou cette amie, mère au foyer, que je méprisais je dois bien le confesser dans ses plaintes et récriminations au sujet de ce que je considérais être glandeuse at home professionnelle (c’est-à-dire mère au foyer).

Car de fait, aux tâches domestiques elles-mêmes s’ajoute la frustration de celle qui ne touche même pas le salaire d’une femme de ménage-nounou et qui, en plus, a envie d’en être, du monde des actifs… c’est-à-dire de ceux et celles qui participent par leur cervelle a la grande marche des pingouins, costumes et attaché-case.

–        Ah bon ? Tu veux rebosser au Syndic ? Tu ne sauras donc jamais ce que tu veux ma pauvre mimi !

Non, pas le Syndic mais… un emploi qui me permettrait de me sentir tout à la fois humainement valable et de gagner aussi un peu de quoi me sentir autonome si jamais, par exemple, A se tire avec une Japonaise a chaussettes remontées sous le genou et jupe plissée invisible a l’œil nu.

–        Tu en as de ces soucis de riche, ma pauvre mimi…

Mon ex-amie voisine de sous-palier qui ne m’a plus adressé la parole quand elle a su le prix d’achat de mon appart, pourtant sans surprise aucune si on possède des yeux pour lire les annonces immobilières dans la rue ou sur les sites internet.

Si seulement j’arrivais à publier ne serait-ce qu’un de cette dizaine de textes que j’ai écrits depuis la naissance de ma Zouflette… je ne demanderais vraiment pas plus pour le moment (je sais être sage).

–        Tout auteur traverse au moins un désert dans sa vie…

Me rassure A avec l’air de qui s’essaye sans y croire lui-même a remonter le moral d’une incurable sur son lit d’incurabilité.

–        Bon eh bien au moins, consacre toi a ton blog, ma Mimi, il y a bien 2 personnes et demi qui te lisent dans ce pays !

–        Si ce n’est 2 ou 3 sur Terre si tu comptes les spameurs !

Eh bien que dire… chaque semaine ou presque, j’ai démarré un billet. Le premier s’intitulait, Sabishii ne (triste, solitaire hein !), il était consacré à mon grand néant social faisant suite au départ de mes Curie-Freud.

–        Mimi, désolée, je remets le RV, j’ai mes règles ! On se voit le mois prochain (mais pas dans 28 jours hein !!).

Mere Michu, avec qui je devais aller au pays des enfants.

–        Sumimasen, okaasan ncklqkwqwl  byoin lwlelwlelweql…

Apres réécoute du message, il s’agit de Yumi, une mère de Matsumura, qui est mariée a son père, je veux dire à un homme de l’âge de son père que j’ai même pris pour son grand-père tellement il est mal conservé, et qui vit avec sa mère, ou presque, car l’une va rarement sans l’autre… mère, donc, qu’elle a dû accompagner à 10h00 du matin pour un problème de genou chez le médecin, ce qui l’a ainsi empêchée d’être présente a mon gouter a 15h00, et même a 16 puis 17h00… mon dernier message de demande de nouvelles s’est vraisemblablement perdu dans les rues de Tokyo.

Gouter ou furent cependant présentes deux des quatre mères invitées, quel succès, et dont je suis ressortie épuisée après avoir tenté de faire la conversation en japonais pendant 3 heures a deux tombes, certes souriantes, mais tout de même tombales, et dans le mutisme, et dans l’inertie puisque ce n’est que vers 18h30 qu’elles ont enfin repris le chemin de leur maison, me laissant dans un tel état de soulagement que j’ai fini la bouteille de cidre au goulot.

–        Tu seras là à 14H00 ? J’arrive de suite !

Ma bonne amie Ryoko qui avait très envie que l’on se voit.

–        A 15h00 en fait ? T’inquiète, prends ton temps ! J’attendrai !

Ma bonne amie Ryoko prête à m’attendre dans le froid.

–        Pourquoi à 17h00 je ne suis toujours pas là ? Mais je viens à 17h30 ! je ne te l’avais pas dit ? Ah bon ?

Ma bonne amie Ryokyo toujours pas la à 17h00.

–        En fait je t’avais dit que je ne voulais pas trop qu’on se retrouver à ce parc, c’est trop près de la maison de l’ex-femme de Bonite, mon ex amant… Oui ok je t’avais juste demande si c’était bien ce parc-ci, je n’ai pas précisé ensuite que cela me gênait et que je ne viendrai donc que tardivement…

Ma bonne amie Ryoko, quand enfin a 17.45 elle a surgi.

–        Ah mais tu t’en vas déjà ? Ça fait 3 heures que tu es la ? Bon eh bien on discutera sur le chemin du retour (22 minutes au lieu de 3 heures)

Avec un vélo de 30 kilos à pousser, une gamine de 2 ans qui refuse de monter dessus et galope sur les trottoirs étroits de Tokyo qui n’en sont même pas, sans oublier un Zebu sur trottinette qui file sans s’arrêter, un pur bonheur.

–        Je dois remettre notre grand projet fixe il y a 2 semaines de visiter l’aquarium car Lucio kun est gravement malade… il tousse…

–        La semaine prochaine ? je ne sais pas… je suis si occupée… je veux dire… mes deux enfants sont gardés à l’extérieur mais je suis épuisée… je préfère remettre ce grand et pharamineux projet (aller voir des poissons) a… une autre fois… le mois prochain peut être…

Ma copine Erica, plutôt bonne fille mais à qui j’en veux parfois, sans doute par vilaine envie profonde, car son fils va à l’école et quand il n’y est pas, elle réussit a le caser avec sa fille de 3 ans qui fréquente tous les jours de 9 à 17h00 une garderie pour mères (indignes) qui travaillent, juste parce qu’Erica est « under medication », pour soigner une maladie nerveuse que la présence de petits enfants semble aggraver fortement… maladie que mon mauvais esprit soupçonne donc fort être du genre de celle que l’on doit trouver au ministère de l’Education nationale ou à la mutuelle de la MGEN.

Heureusement il y a mes copines de France qui elles ne m’ont pas oubliée… enfin… si je leur écris, elles répondent toujours a mes mails… enfin il y en a bien une sur les dix mails envoyés qui m’a répondu, au besoin un mois après…

–        Eh mimi, on bosse nous, on n’a pas que ça à faire !

C’est vrai, n’oublions pas qu’il est internationalement reconnu que s’occuper de deux petits enfants à plein temps ça n’est pas du boulot.

–        Eh Mimi moi ET je bosse ET je m’occupe de mes enfants !

La, c’est sûr que je n’ai plus qu’à fermer ma grande messagerie, respect des mères qui travaillent (mais ont-elles seulement déjà teste le plein temps à la maison avec leurs enfants ? je connais d’ailleurs certaines mères pour qui les périodes de l’année les plus atroces sont les vacances scolaires donc je suppose que TOUT LE TEMPS a la maison avec deux petits elles préféraient le bureau et sa machine a café non ?!)

Car voilà sur quoi je comptais aussi faire un billet, qui se serait appels, La housewifitude au bout du rouleau, avec zoom sur l’abomination de ce yoochien et de ce système japonais qui condamne les mères à passer le maximum de temps avec leurs enfants avec vacances à rallonge, établissement ouvert ensuite que le matin, puis fermé deux jours pour la rentrée des plus jeunes qui ont en gros passé les 3 premières années de leur vie collés aux nibards de leur mère, nuit et jour, mères pour qui je commence même a nourrir un mépris voire une haine décuplée tant elles me paraissent en redemander et heureuses de leur état de bonniche esclave consentante et décérébrée…

–        Calme toi Mimi, calme toi…  Tu ne rêvais que de ça… quitter ton boulot pour t’occuper de tes enfants… Je n’ai même jamais bien compris pourquoi tu avais fait ce choix…

Ma mère, qui aurait préfère étouffer sa fille plutôt que de passer plus d’une journée à ne rien faire à la maison (rien faire : passer l’aspirateur car à 9h00 déjà tout est sale, ranger le linge, séparer les enfants, sortir au parc, séparer les enfants, préparer le déjeuner, séparer les enfants, faire manger la plus jeune qui a décidé d’avoir un an ce jour-là, débarrasser, séparer les enfants, faire la vaisselle, re-passer l’aspirateur, séparer les enfants, coucher la plus jeune, sortir l’ordinateur pour travailler, occuper l’ainé qui soudain en a assez de jouer au train ou de faire du vélo dehors, refermer l’ordinateur en refrenant une bordée de jurons qui traumatisera le petit enfant et surtout le déformera, sortir un puzzle, ou des crayons ou… ou alors craquer et mettre un DVD en essayant d’ignorer la voix de cette amie « regarder la télévision, même un simple dessin anime, plus de 3 minutes par jour, condamne le cerveau de l’enfant d’âge préscolaire a une dégénérescence précoce, a de graves troubles cognitifs et du comportement… »).

Et puis, mon objectif idéal était de m’arrêter de bosser au Syndic, pas de cesser d’avoir un cerveau et d’être un être humain autonome, je comptais écrire tout en préparant mon diplôme de FLE mais après 3 semaines et demi de mauvais traitements par ascendance, je n’ai plus ouvert ou si peu un livre de FLE et si j’ai écrit, mes destinataires -organisateurs de concours de nouvelles, revues,  éditeurs, asiles de folles et associations des mères de famille plumitives- n’ont même pas daigner me répondre (nous sommes au regret de devoir refuser votre texte qui n’entre pas dans le cadre de nos collections etc etc).

Heureusement les périls du coin qui ne relâchent jamais leur pression sont venus me distraire de ma frustration minable de ménagère bientôt pre-menauposee et j’ai songé à écrire un billet intitule Le Péril jaune…

L’alerte au nuage chinois d’abord. Bourré de particules diesel et autres merdes qui nous est arrivé dessus depuis Beijin, en passant par Kyushu, l’ile du Levant la plus au sud, dont on achetait jusqu’à présent les yeux fermés  les fruits et légumes car a plus de 2000 km de Fuck-Shima… exit donc carottes, daikon, fraises et salades de Miyasaki, exit les patates de Nagasaki, les patates douces de Kagoshima, exit les bonnes oranges de Kumamoto…

–        Mimi, tu paranoïes la ! En France ce n’est pas mieux !

Nan le diesel chinois c’est le pire. Et puis en France je n’ai jamais reçu un message d’une autorité quelconque, ici l’Ambassade de France,  m’enjoignant de ne pas sortir sauf à porter un masque chirurgical, de ne plus aérer, de ne pas faire sécher mon linge dehors, d’éviter tout effort physique et de tenir sous clé mes vieux et mes mineurs !

–        Ah ca c’est l’effet expat ! On flippe de ce que l’on a pourtant aussi chez soi !

Ensuite il y a eu Fuck-Shima, ca faisait longtemps. Pas de courant, arrêt des machines à refroidir les barres radioactives, peu après on trouve un rat et tout le monde semble soulages (sauf le rat), puis re-panne, re-reparation, ouf, mais aussitôt suivie d’une fuite d’une cuve dans le sous-sol mais tout va bien, même si de hautes niveaux de radioactivité sont relevés alentour, mais Tepco, le cerveau, ne voit vraiment pas pourquoi il faudrait s’inquiéter quant aux nappes phréatiques et la mer possiblement  atteintes, vraiment, qui dit fuite sur le sol ne dit pas automatiquement absorption par ce dernier non ?!

(Si.)

Survient ensuite étude à prendre avec des pincettes sur la tyroïde des enfants japonais qui serait anormalement atteinte de kystes voire de cancers à travers tout le pays, ce qui ajoute un peu de frisson a ce qui déjà n’en manquait pas…

–        Mimi, je t’ai déjà expliqué maintes fois que la tyroïde des enfants est sensible a l’iode notamment radioactif c’est vrai… or l’iode a une demie vie d’une semaine donc quand vous êtes arrivés, il n’y en avait plus!! et seul le césium, éventuellement le plutonium et le radium sinon le barrium et le trombium, pose problème ! Alors de grâce, reste calme !

Mon père, éminemment rassurant.

Ensuite, afin que je ne mollisse décidément pas, le Fou du roi nord-coréen a décidé de sortir ses joujoux nucléaires pour fêter l’éclosion des sakuras, euh non pour fêter son anniversaire, ce qui fait qu’on s’attend à recevoir éventuellement une rocket nucléaire soit le 11, jour de son anniversaire, soit le 15, jour anniversaire de son accession au trône, soit le 16, jour des 90 ans de sa belle-mère, soit le 18, jour de retour de mon amie Ximena, soit… On a installé des attrape-missiles dans le centre de Tokyo, bidules qui ressemblent à des engins agricoles, on ne parle plus que de ça ici mais ailleurs, c’est-à-dire une fois sorti de la zone Corée, Japon, iles du Pacifique, tout le monde s’en fout !

–        Chacun son tour, mississe !

Un ex-Irakien en mort.

C’est vrai que je ne vois pas pourquoi on demanderait a un Irakien, a un Afghan ou à un Syrien de pleurer sur notre sort mais les Français, les Français de France inter, ils ne pourraient pas pleurer un peu ?

–        Madame, nous avons quelque chose de beaucoup plus grave qui se passe actuellement en France… Le ministre de l’évasion fiscale s’est fait prendre la main dans son coffre-fort suisse !

–        … et le PSG a perdu face à ces encules de mes couilles du Barca !!!

Certes.

Mais avant, avant ma plate frustration et mes reminiscentes terreurs apocalyptiques,  j’ai tout de meme songe a sacrifier au rituel hanami (regarder-fleur) avec le billet Sake sakura! (sacres sakuras!!) car après un second hanami, et malgre le temps grincheux, je demeure toujours sous le charme de ces cerisiers en fleurs qui ne donneront jamais de fruits, eblouie chaque printemps comme le sont les 130 millions nippons de l’Archipel. Nuages de petales, rose ou blanc c’est selon, sur fond de ciel bleu ou ardoise de nuages aux strates polychromes, notez ces effets, on est tout de meme saisi par tant de beaute surtout ephemere (cela dure au maximum 15 jours) alors on se laisse tomber a terre, sous l’arbre et on ouvre sa cannette de biere, ou sa vinasse, ou son sake… ou sa bento comme ses employes de bureau a qui Tanaka san, le responsable des DRH de leur entreprise, a reserve un dessous d’arbre quelques mois auparavant. Hanami de bureau qu’une des salarywoman a, dans un parc, egaye en fin de repas par une petite danse traditionnelle (mais plutot hawaienne la tradition) après avoir passé un foulard sur ses hanches. Sous les applaudissements nourris, elle s’est rassise a peine rosie, lissant sa jupe du plat de la main et rangeant son foulard d’un air aussi serieux que modeste dans son sac (pour le prochain hanami?).

Le soir, d’autres employes de bureau auront vu reserver cet arbre par leur propre DRH, dans ce temple ou ce jardin, salarypeople (mais plutot men) qui boiront par caisses de biere entieres a la beaute ephemere de dame nature nippone et de ses printemps delicats, de ses nuages d’arbres qui font penser a des forets enneigees pour peu que le temps soit au gris et au froid, et que l’on retrouvera pour quelques uns d’entre eux, par certains matins, couches ivre morts dans les petales que le vent a deja entrepris d’arracher jalousement aux branches de ces sakura que personne ne remarque jamais hors hanami…

La je comptais glisser un jeu de photos mais je ne peux pas, je n’ai pas le cable, ou le logiciel, mon lit m’attend et je ne peux certainement pas me permettre de perdre une partie de ma nuit pour votre simple plaisir, celui d’admirer des vues de sakuras (sans compter que A m’a envoyee bouler donc je dois me debrouiller seule), il vous suffira de taper sakura japon sur google ou yahoo ou ce que vous voudrez et des vues, vous en aurez quand moi, si je ne dors pas mes 8 heures, avec le harcelement nerveux et moral dont je suis victime de la part de mes deux chefaillons d’enfants, eh bien autant dire que je peux aller me faire hara-kiri sous un sakura (ou du moins ce qu’il en reste) avant meme que Kim Entonnoir sur la tete II n’aie le temps de m’envoyer un de ses missiles dans la fiole.

C’est donc pour toutes ces raisons et les autres que je n’ai plus écrit depuis longtemps de billets, ce qui est aujourd’hui corrigé, dans le désordre et avec des fleurs, ce qui fait que je me sens en paix avec ma conscience si jamais je dois souffler avec ma famille cette semaine la grosse bougie du dingue nord-coreen.

One comment on “Les billets auxquels vous avez échappés

  1. Reply ln22 Avr 16,2013 15:09

    et une lectrice, une !

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