Marseille, ville de rêve

Le panier à marseilleUne année dans ma vie, j'ai pas étudié la philosophie comme maître Fanny (cf Qu'est-ce que la philosophie, niouse du jeudi) mais la science politique, et contrairement à elle, j'y ai pas trouvé ma chapelle, loin de là. En revanche, j'ai trouvé Marseille, que j'ai surtout retrouvée des années plus tard comme on retombe sur une amitié ou un amour sous-aimé.

Depuis, j'en rêve parfois la nuit, de Marseille, surtout quand il fait gris et moche à Paris (c'est à dire tout le temps, on est aujourd'hui le 15 août et on se croirait un Ier novembre). J'ai même rêvé une nuit que les Israéliens (qu'ils me pardonnent, je parle des pacifistes) la bombardaient au motif qu'il y avait trop d'Arabes. On m'a tout dit sur cette ville, sa saleté, sa misère, son extrème-droitisme, et il n'a qu'à lire Jean-Claude Izzo (pour l'ambiance) ou voir les films de Robert Guédigian (pour l'esprit), pour savoir que Marseille, c'est pas franchement le paradis sur terre.

Mais pour une fille du nord et du béton, une ville au bord de la mer et du soleil, avec des rues en pente, étroites comme des medinas, colorées et odorantes (autre chose que le caca du chien parisien), c'est comme un p'tit goût de paradis.

Le Panier et le petit magasin chic Le marché aux huiles où on peut y passer une heure à tout renifler et goûter, la belle de mai qu'on n'a pas pu visiter parce que le vent était trop fort, l'immeuble du Corbusier, qu'on a pas su si c'est juste très moche ou très fascinant, son théâtre national, la Criée, beau comme un musée (on a goûté abusivement de ses merveilleux fauteuils pendant que dehors, le vent souffait comme un furieux à l'haleine givré et il fallait tuer une demie heure), Luminy, la fac au bord de l'eau, juste la pinède à traverser, la pizzeria chez Trucmuche, dans le quartier arabe où y avait un serveur ultra (anti-parigot) et un autre, sympa comme tout, qui nous a offert plus qu'un pousse-café, toute la bouteille, les Goudes, affreuses l'été mais divines l'hiver, l'Estaque, avec ses drôles de beignets et son histoire et ses combats bien à lui, le Roucas blanc et ses torturettes de rues, monter, descender, à peine la place de tourner avec un sac sur le dos, on y mettra jamais les pieds en voiture, et à la Madrague, le petit bar dissimulé par une barrette d'immeubles hideux, qui apparaît soudain et vous propulse tout à coup sur la mer…

Alors pour mettre un peu de soleil dans cette journée gris Paris, je téléporte tout Tintamarre à Marseille la belle et la moins belle, avec ses quartiers de béton et de lèpre, pleins de trafic et de malheurs, on les évitera parce qu'on a envie de rêver un p'tit peu à un endroit où aller, un jour.

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