Verte vallée

inde-ladakh07-2006_145.jpgC'est qu'on en avait bavé pour arriver là. On était parti d'un col à 5400 mètres d'altitude, on avait du troquer les casseroles (passées sur le dos du guide) pour une Baba à dos de jument. Une Baba qui se permettait de nous houspiller dans la descente, come on, quick, comme on… Notre point de chute, un morceau de tapis vert tout en bas de l'énorme tas de cailloux secs sur lesquel nous étions juchés, apparaissant comme un impossible rêve…

C'était le premier jour où il faisait beau. Quel bonheur d'avancer le nez au ciel et non plus, enfoncé comme un pingouin dans son giron de gortex. Le petit prince marchait gaiement, il avait réussi à caresser la pouliche ultra peureuse de la jument sur laquelle était grimpée Baba, son bonheur était digne d'un nirvana. J'avais mal aux pieds, à la tête (altitude), mais je rêvais de sortir enfin mon short de mon sac, avec un débardeur mignon, qui me permettrait de virer mes damart qui ne quittaient plus ma peau depuis 6 jours. On a bien mis deux heures à atteindre la plaine, dans laquelle des ânes complètement frappés, hurlaient leur téstostérone à la terre entière, tout en se poursuivant avec des ardeurs de tueurs en rut. Très rigolo au début, moins après.

J'ai voulu bronzer, mais il faisait encore trop froid. J'ai fini dans mon sac de couchage au soleil. Baba buvait son 20ème tchaï de la journée, en devisant avec Horseman, le papa des chevaux, qui ne parlait pourtant que le ladhaki, sacrée babachka. Rek, le guide-cuisinier, mais surtout cuisinier, était occupé à mitonner un plat secret, le bonheur malicieux de nous surprendre (oh Rek! it's marvellous! you're a great great cooker!) se lisait de façon probante dans ses petites prunelles brunes… Deux garçons habillés de faux cuir me regardant d'un air avenant et intéressé, juchés sur un âne à peu près calme, j'ai renoncé à me laver pour la sixième fois depuis le début du treck…

On a bouffé comme des veaux et on a foncé dans le sommeil.

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