Bavures

Le ministre de l'intérieur a annoncé, jeudi, qu'il voulait faire voter un texte pour que les agresseurs de "policiers, gendarmes et pompiers soient renvoyés devant les assises".
 
Un des titres du monde de ce jeudi…
 
Et pour les baveurs policiers, il préconise quoi le monsieur ? Non parce que loin de moi de donner dans la pulsion anti-flic mais il se trouve qu'au même type que l'agression du policer en milieu cité-banlieusard, la bavure policière commence à faire de plus en plus partie de notre paysage contemporain. Je viens à ce propos de lire la niouse letter de Jean-Jacques Rebout, éditeur (éditions Après la lune), qui publie prochainement un petit bouquin, Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, ministre des libertés policières, qui fait suite à une bavure policière dont il a fait l'objet.

Au départ de l'affaire, un grand classique de la sécurité routière… Jean-Jacques Rebout se fait arrêter pour un banal contrôle technique par des agents de police à peine polis, et qui commencent à l'asticoter après avoir malheureusement constaté que la guimbarde de l'éditeur était en règle oh shit. Tutoiement (naturellement), provocation (de la part de la force publique), voilà le Rebout qui sort de ses gongs, les traite de cons (ouille) et commence à sa faire tabasser avant que d'être emmené au poste de Police. Il sera relâché quelques heures plus tard par un commissaire poli et un peu honteux, les fonctionnaires de Police ayant littéralement provoqué la réaction de l'appréhendé innocent, ne seront pas emmerdés, forcément.
 
Jean-Jacques Rebout, furieux, et inquiet, a ensuite porté plainte, par le biais de la Fédération internationale de la Ligues des droits de l'Homme et s'est attaqué à sa lettre ouverte, recueillant au-delà de son cas, des autres témoignages de « bavés » de la police qui font froid dans le dos. Ainsi ce père de famille, en phase terminale d'un cancer, armé que de son seul cathéter, qui se fait tabasser par une escouade d'agents de police parce qu'il est venu porter assistance à son fils, lui-même molesté par les mêmes délicieux fonctionnaires parce qu'il a osé craché sur sa pelouse au moment où ces vénérables bleus venaient à passer… fait divers qui fait plutôt horreur à la Police qu'honneur à la démocratie.
 
Le glossaire de la Police en fin de cette lettre ouverte est tout également instructif. A Jean-Jacques Rebout qui leur demande, c'est Sarkozy qui vous donne des ailes ?, la réponse « t'as de la chance qu'il ne soit pas président », ne fait pas rire mains cognées sur les cuisses pendant très longtemps. A lire le témoignage de Jean-Jacques Rebout, on se sent plus citoyen d'un Etat policier que d'un Etat de droit. Et on a franchement mal à son sarkozy (enlevez moi ça tout de suite). Et on a alors un peu de mal à compatir aux malheurs des policiers… ça passe, forcément, un guet-apens et des hommes caillassés gratuitement, juste parce qu'ils sont flics, ça ne fait rêver aucun citoyen (enfin presque). Mais l'un ne va pas sans l'autre. Le respect de la marée-chaussée et son respect à elle de nous autres. L'emploi sans discrimination de toutes et tous, hors couleur et religion, et le droit de ne plus à avoir à se traîner la colonisation jusqu'à la fin du monde. Le droit au logement, et le devoir de payer son loyer. Etc.

Ca n'arrive pas qu'aux autres, dit Jean-Jacques Rebout… tout le monde (même ici sur mon île !) commence en effet à avoir en mémoire vive des images d'interpellations musclées de jeunes gens, le plus souvent, simple contrôle d'identité, de carte grise ou autre, qui de suite donne lieu à un véritable western : mains sur le capot, fouille au corps, quand ce n'est pas corps écrasé sur le trottoir, et… tutoiement, si cher à ces mêmes policiers (pas tous heureusement) pourtant si chatouilleux sur le langage châtié (à leur égard). J'admets que se faire traiter de connard doit être usant à la longue, mais encore ne faut-il pas tout faire pour se faire traiter ainsi et par ailleurs, se retrouver tabassé et emmené au poste pour le simple mot de « con » me paraît digne de ces armées qui bombardent un pays tout entier pour régler leur compte à trois barbus.
  
Enfin, une dernière question monsieur le ministre… pourquoi si on tue un policier on prend bien plus, à cause du symbole et de sa charge, que si on tue madame Simone, veuve, 65 ans, employée de bureau, alors que quand c'est lui qui tue par faute (bavure ou autre), voire par faute volontaire, il n'écope que d'une peine symbolique… ou alors il faudra m'expliquer pourquoi on n'entend pas plus parler des peines exemplaires données aux contrevenants côté force publique. Bizarre, bizarre…

Comme l'impression que le symbole ne marche pas dans les deux sens. Comme l'impression que c'est le beurre et l'argent du beurre, le droit sans le devoir… au point que l'adage bien connu de tous qui veut que pour ne pas avoir à répondre de corruption et autres fraudes lourdes, il vaut encore mieux être président de la république plutôt que plombier, semble de plus en plus valable pour la police. Si tu veux tabasser impunément ton prochain, fais toi policier !
 
Pardon enfin à ceux et celles qui, parmi les fonctionnaires de Police, s'indignent, au moins dans leur for intérieur, des dérapages de tous, ministres, flics et voyous…

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